Zamir face à la fronde des réservistes
En visite dans le quartier de Sajaiya, au cœur de la bande de Gaza, le chef d’état-major de l’armée israélienne, Eyal Zamir, a livré mardi une prise de position ferme face à la multiplication des lettres de protestation émanant de soldats réservistes. Répondant pour la première fois publiquement à ces initiatives, il a affirmé que l’armée ne saurait tolérer que des divisions internes ou des revendications collectives remettent en cause sa cohésion ou son fonctionnement.
Depuis plusieurs jours, des dizaines de lettres ouvertes, signées notamment par des réservistes et d’anciens officiers, demandent la libération des otages retenus à Gaza et une issue politique au conflit. L’une des plus marquantes émane de quelque 500 anciens et actuels diplômés du cours de capitaines de la Marine, dont plusieurs anciens hauts responsables militaires, comme Ami Ayalon et Yididia Ya’ari. Plus récemment encore, un collectif de médecins mobilisés dans les unités médicales de Tsahal a également publié un appel à mettre fin aux combats et à libérer les otages « sans délai ».
Devant les soldats de la brigade de réserve 16 opérant à Sajaiya, Zamir a tenu à clarifier la position de l’état-major : « L’armée israélienne continuera d’agir en tant qu’institution d’État, au service de l’ensemble du pays, et ne permettra pas que les différends civils s’immiscent dans ses rangs. » Il a rappelé que les citoyens, y compris les réservistes, sont libres d’exprimer leurs opinions lorsqu’ils ne sont pas en service, mais que toute action collective menée au nom d’unités militaires constituait un précédent inacceptable.
S’il a reconnu le droit à la parole des citoyens-soldats, le chef d’état-major a également affirmé que ces expressions de mécontentement ne devaient pas prendre la forme de pressions sur l’institution militaire. « Il existe suffisamment de moyens pour une expression démocratique en dehors du cadre de l’armée. Toute tentative de manipuler l’opinion ou de s’exprimer au nom d’unités constitue une atteinte à la discipline et à l’unité, que nous ne saurions tolérer. »
La visite de Zamir s’est déroulée aux côtés de plusieurs hauts gradés, dont le général Yaniv Asor, commandant du front sud, et Yehuda Wach, commandant de la 252e division. L’occasion également d’évaluer les conditions de terrain et de valider les plans opérationnels à venir, tant sur les plans défensifs qu’offensifs. Le chef d’état-major a réitéré la détermination de l’armée à poursuivre ses objectifs : assurer la sécurité d’Israël, obtenir la libération des otages et vaincre le Hamas.
« Nous sommes dans une guerre déterminante pour l’avenir du pays », a-t-il insisté devant les troupes, « et c’est ensemble que nous accomplirons cette mission. » Il a souligné que Tsahal est composée d’hommes et de femmes de toutes origines, unis autour de leur engagement envers la sécurité nationale. La diversité des opinions, dit-il, ne doit jamais compromettre la cohésion opérationnelle.
Ces déclarations interviennent dans un climat tendu, où le poids des combats prolongés à Gaza, combiné à la pression publique pour le retour des otages, engendre de nouvelles formes de mobilisation, y compris au sein même des forces armées. Pourtant, malgré le caractère inédit de ces appels collectifs venus de l’intérieur, Zamir réaffirme une ligne claire : l’armée doit rester au-dessus des clivages et ne saurait devenir un instrument de contestation.
Au-delà du débat, une constante demeure : la volonté d’éviter que la critique ne mine l’esprit de corps, alors que Tsahal continue ses opérations sur plusieurs fronts. Le message est sans équivoque : les réservistes sont essentiels, mais leur loyauté envers la chaîne de commandement prime sur toute prise de position publique à connotation politique.
Jforum.fr
![]() |
![]() |