Voyage d’un médecin d’un bout à l’autre de la réalité cosmique.

Les expériences de mort imminente sont un phénomène bien établi depuis une cinquantaine d’années.

Avec les progrès de la réanimation, les médecins ont réussi à redonner vie à des patients qui étaient arrivés morts à l’hôpital. Dans l’intervalle de temps (en général 5-6 minutes) où leur cerveau et leur cœur ne fonctionnait plus, beaucoup d’entre eux ont connu cette expérience unique: ils se voient sortir de leur corps, traversent un long tunnel, rencontrent des membres de leur famille décédés, et se trouvent face à une aveuglante lumière qui va les juger positivement pour qu’ils reviennent sur terre et continuent la fonction qu’ils devaient mener à bien.

Le 18 Février 2018- 4 Adar 5778, fut un tournant majeur dans ma vie. Alors que je m’exerçais dans la forêt de Jérusalem à courir de façon soutenue pendant près de deux heures, mon cœur lâcha.

Je ne suis effectivement pas habitué à fournir de gros efforts, mais j’avais décidé qu’en ce début de mois de Adar, il était temps que je prenne un nouveau départ et que je sois capable de déployer toutes mes forces physiques et psychiques pour un renouveau que je voyais comme absolument indispensable.

En effet, à 58 ans, après 30 ans d’exercice de la médecine, je me voyais continuer un chemin déjà tout tracé où je ne pouvais pas me perdre. Je décidai donc de faire fonctionner à vive allure toutes les cellules de mon corps, en espérant que ce serait une forme d’eau de jouvence qui me permettrait d’apercevoir de nouveaux horizons.

Mal m’en prit. Après deux heures d’intense activité physique, je m’évanouis. Le diagnostic le plus probable est certainement un trouble du rythme cardiaque, comme une fibrillation ou une tachycardie ventriculaire.

Je passai 24 heures dans le coma et le froid de la forêt de Jérusalem, jusqu’à ce que les secours- mobilisés par ma femme- me retrouvent. 8000 personnes, dont des amis très proches, se mobilisèrent toute la nuit pour me trouver. Inutile de dire à quel point je leur suis reconnaissant et à quel point ce sont eux, grâce à leurs prières incessantes, qui m’ont sauvé d’une mort que les médecins voyaient comme quasiment inéluctable.

J’arrivai donc dans le service de soins intensifs de l’hôpital Hadassah Ein Kerem avec une pneumonie massive et surtout un coma extrêmement profond. La gravité d’un coma se juge à l’aune de la réaction à différents stimuli. 0 signifie la mort, alors que 15 est la réactivité d’un sujet normal. Mon score s’élevait à…3. En d’autres termes, j’étais beaucoup plus proche de l’au-delà que du monde matériel. Et cette proximité avec le monde des âmes m’a emmené faire un voyage des plus troublants.

Je me vis tout à coup sortir de mon corps. Je le voyais là, inanimé, gisant sur un lit et soutenu artificiellement par des machines à respirer. Je le plaignais, quelque part, moi qui avais réussi à m’échapper de cette enveloppe dénuée de vie et qui ne semblait (je dis bien semblait) n’avoir été créée que pour souffrir.

Moi, la néchama, je pouvais m’échapper, aller où bon me semble. Et c’est ainsi que je me retrouvai dans un long tunnel, où il faisait bon errer. Dans ce tunnel, il n’ y avait rien d’autre que la sérénité, le calme et la tranquillité que l’on cherche souvent en vain toute sa vie. Dans ce tunnel, je rencontrai mes deux grands-pères. Ceci non plus n’est pas un hasard. Je porte le nom de mon grand-père paternel. Celui-ci fut très malade les dix dernières années de sa vie –il fut amputé des deux jambes suite à une maladie diabétique- et mourut à l’âge de …58 ans (mon âge au moment de mon accident).

Quant à mon grand-père maternel, j’étais aussi très attaché à lui, car il fut une des personnes qui contribua le plus à l’élaboration de ma personnalité. Mes deux grands-pères me souriaient, m’indiquant par là que je pouvais être serein quant à la suite des événements. Quelle que soit la direction que l’on me donnerait à suivre, tout ne pouvait être que pour le bien.

Et effectivement, il n’ y avait en moi aucune crainte. Je me trouvai dans un espace démultiplié, où l’on pouvait naviguer tout à son aise. Que j’aille vers le monde des âmes (le monde futur, le monde qui vient) ou que je retourne parmi les vivants participait d’une décision qui n’était pas mienne, mais je savais de façon claire que la décision serait prise avec toute l’empathie et l’amour qu’un être peut porter à un autre.

Et effectivement: au bout du tunnel, je fus aveuglé par une lumière blanche. Et dans cette lumière trois êtres me parlaient et me regardaient. Après un certain temps, où je m’étais habitué à la lumière, je pus discerner les trois êtres qui se trouvaient dans cette lumière et me parlaient.

Il s’agissait de trois grandes figures du monde juif: Eliahou le prophète, homme imposant de par sa taille et sa stature. Il portait une barbe bien taillée et siégeait au centre des trois êtres de lumière. A sa droite se trouvait le Rav Mordekhai Eliahou, ancien grand rabbin d’Israel et connu pour ses jugements cléments.

A gauche était assis le Rav Daniel Frich, auteur d’un important commentaire sur le Zohar “Matok midvach”. Après quelques instants, je compris qu’il s’agissait d’un tribunal rabbinique qui devait statuer sur mon devenir: ou revenir dans le monde des vivants, ou continuer dans la lumière de la sérénité du monde à venir.

Je compris aussi pourquoi le tribunal était constitué de ces rabbins-là: le Rav Eliahou et le Rav Frich avaient été mes patients! Lorsque je travaillais à Shaare Zedek, j’eus l’honneur de m’occuper de ces deux grands rabbins. Ce qui m’avait frappé à l’époque, c’est, alors qu’ils étaient gravement atteints par une maladie mortelle qui devait les emporter peu de temps après, l’un et l’autre gardaient leur sérénité, leur paix intérieure. Je me souvenais de m’être dit qu’ils seraient toujours un modèle pour moi face à l’adversité.

Et si Dieu avait décidé de nommer ces rabbins-patients pour former mon tribunal, c’était certainement pour orienter le jugement vers plus de clémence.

Et c’est effectivement ce qui se produisit. Ils déclarèrent d’un commun accord que mon heure n’était pas encore arrivée, car j’avais encore plusieurs fonctions à remplir dans le monde des vivants. Ils nommèrent trois fonctions centrales: que je m’occupe de ma famille, tant spirituellement que matériellement; que je m’occupe de mes patients, certains considérant que j’étais le seul médecin à pouvoir les aider (personne évidemment n’est irremplaçable, mais l’empathie que je développe durant la consultation, associée à une longue expérience qui me permet de prendre des risques là où d’autres n’oseront pas faire le pas, fait que de nombreux patients préfèrent me voir plutôt qu’un médecin “standard”); et enfin diffuser la Torah ésotérique.

A ce titre il est troublant de voir qu’un mois à peine avant mon accident, nous avons décidé , le Rav Mordekhai Chriqui (spécialiste du Ramhal et auteur d’une vingtaine d’ouvrages sur la Kabbale) et moi –même, de lancer un grand projet pour la diffusion du Zohar. Visiblement, ce projet semble suffisamment important pour que nos êtres de lumière, formant le tribunal céleste, décident de me renvoyer sur terre.

Et effectivement, mon âme réintégra mon corps, et contre toute attente, je me réveillai. Mon réveil étonna tout le corps médical. Après avoir atteint un degré aussi bas de réactivité (3 sur 15) et surtout après être resté dix jours dans le coma, les probabilités de réveil, et ce dans un état cognitif normal, étaient inférieures à 10 pour cent.

Et chez moi, non seulement il n’y avait aucune trace d’atteinte cognitive, mais qui plus est je me réveillai avec une compréhension du monde encore plus profonde et plus lumineuse d’avant mon coma! Médicalement, c’est très difficilement compréhensible.

Les médecins, associés aux statisticiens, vous diront qu’il y a deux extrémités à la courbe de Gauss qui sortent de la moyenne et qui expliquent pourquoi il y a toujours des exceptions aux cas “moyens” qui forment le gros des patients. Mais ceci n’est pas une explication. C’est un moyen pour déguiser notre incompréhension en phénomène mathématique.

Mon explication de ce miracle médical est tout autre. Il faut tout d’abord reconnaître qu’il s’agit d’un miracle, c’est-à-dire d’un événement qui dépasse l’ordre logique et naturel de ce que nous avons l’habitude d’observer. Le miracle, tel que le définit le Maharal de Prague, correspond à une réalité structurée, mais qui appartient à un monde supérieur au nôtre, pouvant provoquer ainsi des changements radicaux qui nous paraissent en opposition avec la nature, mais qui en fait la complètent.

Et après mon intrusion dans le monde à venir, dans le monde de la vérité, je peux tenter une ébauche d’explication quant aux mécanismes du miracle. Le miracle se déploie grâce et par l’âme.

L’âme est le vecteur qui permet d’atteindre des mondes supérieurs, où là-bas presque tout est possible. L’âme va manifester le désir de guérir, ou de sauver des personnes en danger, et c’est la prière de l’âme qui souffre, associée à la prière de toutes les autres âmes d’Israël, qui va rendre possible le miracle.

Le Rav Kook parle abondamment dans ses écrits de l’âme collective d’Israel. Il s’agit de toutes les âmes d’Israel qui se rejoignent pour prier ensemble, et cet ensemble constitue une force qui peut fissurer et éliminer toutes les oppositions contre Israel.

Dans mon cas, je ressentis de façon très intense cette force démultipliée d’Israel. On m’a dit que chaque jour, près de 10000 personnes priaient pour moi. Lorsque je me suis réveillé, j’ai tout de suite ressenti que la force de la prière de tout Israel avait été le vecteur direct de ma guérison miraculeuse. La prière est un instrument thérapeutique de premier ordre. Et il existe des études scientifiques qui ont montré que la prière aidait dans la guérison. Ainsi une étude de 1000 cas a montré que si on priait pour des sujets malades, ceux pour qui on priait faisaient moins de complications que les patients qui ne recevaient qu’un traitement standard.

Cet amour d’Israel pour Israel est, à mon avis, le fondement même de la Torah. Le Talmud demande pourquoi la Torah fut donnée à un peuple, et non à des individus beaucoup plus méritants, tels Abraham, Isaac et Jacob. Et le Talmud de répondre: c’est parce que Israel est responsable d’Israel (Israel arevim ze leze).

Pour faire fonctionner cette responsabilité collective, il faut forcément être un groupe qui s’aime l’un l’autre et qui est prêt à tout pour aider l’autre qui souffre.Le Rav Ashlag affirmera que la mitzva d’aimer l’autre est la plaque tournante de toutes les autres mitzvot.

Et lorsque je me suis réveillé, je voyais, d’une vision claire et limpide, que c’était cet amour d’Israel pour moi qui m’avait ramené au monde des vivants. 10 000 orants qui murmurent votre nom tous les jours, ça fait beaucoup de bruit dans tous les mondes.

Et la force de la prière, des pleurs aussi (un ami de longue date m’a avoué que pour la première fois de sa vie, il avait pour la première fois de sa vie pleuré pour moi lors de sa prière) m’ont ramené du monde de l’au-delà au monde de la réalité et de la grandeur physique. Grandeur car c’est le seul monde dans lequel on peut réaliser des mitzvot.

Après une telle expérience, la compréhension des mondes de la nature et des âmes devient lumineuse. Vous voyez (au sens premier de voir) comment le physique et le spirituel s’entrelacent, comment ils s’harmonisent l’un l’autre pour nous permettre d’être actifs ici-bas, mais en même temps comment notre âme nous pousse à faire des choix justes envers nous-mêmes et les autres.Certes il peut exister au cours de notre des périodes où nous étouffons la voix de notre âme pour partir à la dérive de chimères, mais tôt ou tard, après quelques errements (et aussi quelques souffrances) Dieu mettra sur notre chemin la personne qui nous permettra de reprendre le bon chemin.

Quand, comment? Tout dépendra de la force de nos prières et de celles de personnes qui nous aiment.

En ces jours de Pessah, où nous fêtons la naissance du peuple d’Israel, il est bon de se rappeler que c’est grâce à l’amour infini de Dieu pour son peuple, que nous sommes apparus sur la scène de l’histoire et que nous sommes devenus le seul peuple qui défie les lois de l’histoire, qui affirment qu’un peuple atteint son apogée, puis disparaît.

Nous, nous sommes devenus la fiancée de Dieu qui a décidé que nous resterons à jamais présents près de Lui. J’ai fait directement l’expérience de cet amour infini, absolu, transcendant, qui remplit chacune de vos cellules d’une sérénité et d’une quiétude que rien ne peut venir troubler. Et pour un médecin rompu au rationalisme cartésien, c’est une révolution encore plus grande que la copernicienne!

Dr Gilles Morali

Là, Dieu. Par Dr Gilles Morali

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Danielle

Je m’attendais à un témoignage plus médical pour un médecin, dommage certaines précisions manquent à ce phénomène cosmique.
Médecin vous devriez savoir que les lumières en nombre qui aveuglent un comateux sont tout simplement l’éclairage intense qui se trouve dans un service de soins intensifs, quant aux Rabbanim que vous avez vus sont des Rabbanim que vous avez étudiez ou que vous avez connus peu de temps avant votre incident.
Vous savez sans doute que la morphine provoquent des hallucinations.
Par contre pourquoi ces hallucinations et pas d’autres ? cela est intéressant
Et le médecin que vous êtes peut nous dire si les hallucinations sont identiques dans tous les degrés de stimuli de 0 à 15 ? cela aussi est intéressant.
Vous êtes un ressuscité, certainement, cela est le grand miracle !
De même toutes les personnes qui ont prié de plein gré pour vous, ont certainement provoqué une manifestation céleste qui vous a ramené à la vie. Cela je n’en doute pas.
Merci pour vos réponses.