Voici comment Sinwar a réussi à endormir Israël
Les manœuvres secrètes du Hamas
Un an et demi après les attaques meurtrières du 7 octobre, des documents récupérés à Gaza offrent un éclairage inédit sur la stratégie de tromperie du Hamas. Ces pièces, dévoilées récemment dans un reportage, révèlent comment Yahya Sinwar, chef du mouvement dans la bande de Gaza, a méthodiquement dupé Israël en prônant une trêve tout en préparant en secret l’offensive.
Les correspondances internes dévoilent une manœuvre complexe : Sinwar proposait ostensiblement un cessez-le-feu durable, présenté comme un geste de bonne volonté, alors que l’objectif réel était de déstabiliser Israël de l’intérieur. Selon lui, une acceptation israélienne aurait accentué son isolement international et accru les divisions internes, tandis qu’un refus aurait renforcé l’image du Hamas dans l’opinion mondiale.
Dans un échange adressé à Ismaïl Haniyeh, chef du bureau politique du Hamas basé au Qatar, Sinwar souligne son intention : « Cette décision accentuera l’isolement de l’occupation et alimentera les fractures internes, pouvant aller jusqu’à provoquer une guerre civile. » Ce calcul cynique mise sur l’exploitation des tensions au sein de la société israélienne pour en accélérer l’effondrement.
Les documents montrent également que l’opération « Gardien des murs », menée en mai 2021 par Israël, a constitué un tournant psychologique majeur pour le Hamas. Alors que les responsables israéliens, dont le Premier ministre Benjamin Netanyahu, le ministre de la Défense Benny Gantz et l’ex-chef d’état-major Aviv Kochavi, la présentaient comme un succès éclatant, le Hamas, lui, en tirait des enseignements très différents. Au sein de l’organisation, cette opération renforça la confiance dans la capacité à vaincre Israël.
Depuis le Qatar, Haniyeh se félicitait dans ses messages de la portée mondiale des actions du Hamas : « Le drapeau de notre résistance flotte désormais à travers le monde, et Muhammad Daif, chef militaire, est célébré comme un héros. » Sinwar, de son côté, affichait son assurance : « Nous sommes sur le point de détruire leur pays. »
Parmi les révélations les plus marquantes figure l’échec relatif de l’opération israélienne dite du « Métro », visant à détruire les tunnels du Hamas. Présentée comme un coup dur porté à l’infrastructure souterraine ennemie, cette opération s’est avérée bien moins efficace que prétendu. Dans des réunions confidentielles avec Hassan Nasrallah, chef du Hezbollah, et Esmail Qaani, commandant de la force iranienne Al-Qods, des cadres du Hamas ont affirmé que le réseau principal de tunnels était resté intact. Seules quelques structures destinées aux attaques avaient été légèrement endommagées, et leur réparation était déjà en cours.
Cette divergence entre la perception israélienne et la réalité sur le terrain a permis au Hamas de poursuivre, à l’abri des regards, le renforcement de ses capacités militaires. Israël, convaincu d’avoir infligé de lourdes pertes, a alors sous-estimé la menace réelle qui continuait de se développer de l’autre côté de la frontière.
La divulgation de ces documents vient confirmer l’ampleur de la désinformation orchestrée par le Hamas, mais aussi les failles dans l’évaluation stratégique israélienne. Tandis qu’une version rassurante était racontée au public, une menace bien plus profonde et insidieuse s’organisait, préparant l’attaque brutale de l’automne 2023.
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