Vaethanan: ce qui nous semble juste (vidéo)

La tristesse des 9 premiers jours de ce mois de Av est passée, nous nous acheminons vers le 15 Av qui est une date faste, une période où se concluent des alliances, des mariages.

Au terme du jeûne, on procède à la bénédiction de la lune un peu comme nous le faisons au terme du jeûne de Kippour. Et, effectivement, dans deux mois, nous serons à Kippour, le 10 Tishri…..

Le titre de cette parasha « vaethanan » qui signifie « j’ai supplié » traduit l’angoisse d’un homme d’une stature particulière puisqu’aucun être ne s’est élevé au-dessus de Moshé Rabbénou… Aucun. Pas même certains tsadikim (grands sages) vers lesquels sont dirigées nos prières à certaines dates ou à certaines occasions.

Quelques exégètes tirent une leçon de ce mot « vaethanan » pour penser que la valeur numérique du mot indique que Moïse a prié 515 suppliques1 pour qu’HaShem lui pardonne cette faute d’avoir frappé le rocher au lieu de lui avoir enjoint de donner de l’eau selon les indications du Saint béni soit-IL.

D’autres commentateurs tirent leur enseignement d’un autre fait très particulier : le cinquième livre du Pentateuque « Devarim » porte une autre appellation : « sefer HaYashar » (livre du Juste).

Pourquoi ce titre dirions-nous ? Certains avancent le fait que c’est en souvenir des trois patriarches: Abraham Isaac et Jacob surnommés les « Yesharim » ou les (personnes) droites… mais certains autres ont répertorié les nombreux versets qui expriment l’idée que nous devons agir d’après les préceptes de la Torah et donc d’après ce qui semble être juste à nos yeux…. (hayashar beêynékhהישר בעיניך ).

Or, ce mot « hayashar » est d’une valeur numérique de 515 tout comme le mot tefila ou תפלה ceci permettrait d’avancer l’idée selon laquelle la notion de tefila permet à l’homme non seulement de se retrouver lui-même puisque la racine palal indique le fait de faire un retour sur soi-même, en fait pour se retrouver et rejoindre l’essence à partir de laquelle l’âme a été façonnée.

La prière a été instaurée à la place des sacrifices journaliers qui avaient lieu au beith HaMikdash et qui ont été supprimés dès que fut détruit le Temple de Jérusalem. Or, le mot sacrifice en hébreu : korban קרבן vient de la racine karov : proche/approcher et le sacrifice est une façon de se rapprocher d’HaShem. Par la tefila ou prière on se rapproche également de l’Eternel. VaEthanan a écrit Moïse « j’ai supplié » il a adressé 515 suppliques à l’Eternel, lui, le prophète surnommé « l’homme de D » (Ish HaElokim) lui, l’homme qui fut de toute l’histoire du monde l’homme le plus proche du divin et c’est parce qu’il était très proche du Tout Puissant que sa faute ne lui fut pas pardonnée. Cette faute fait, en quelque sorte, jurisprudence.

Mais il ne suffit pas à l’homme de faire ce qui lui semble juste il faut AUSSI que cela soit juste « aux yeux d’HaShem » pour que toute action soit bénie au contraire de ce qu’avaient fait certains personnages du royaume d’Israël lors du schisme et qu’il est écrit : « ils firent ce qui déplaît aux yeux de l’Eternel ».

Car, si toi, Israël, tu fais ce qui est droit (et bien) aux « yeux d’HaShem », IL te le rendra en bien ייטב לך«  ainsi que le remarque le Ramban (Nahmanide) car, insiste-t-il, IL aime ce qui est bien et droit.

Nous ne pourrons faire valoir notre droit de propriété sur cette terre, uniquement si nous nous conduisons selon les préceptes contenus dans la Torah. Cette terre s’appelle ISRA –kEL en hébreu on lira : YASHAR – kEl c’est-à-dire ce qui est droit pour D.

Lorsque Jacob lutta contre l’Ange son nom fut changé en Israël mais le Patriarche qui fut victime de toutes les turpitudes commises par son beau-père, reçut un autre nom : YESHOUROUN donc la racine est aussi YASHAR droit : ישר. Dans l’absolu, cette terre a été attribuée au peuple juif qui sera pleinement maître de cette Terre lorsque l’ensemble de la nation comprendra qu’il faut être en symbiose avec la Torah et les préceptes qu’elle contient.

Cette sidra étant toujours lue APRES 9 beav, les Sages se posent des questions justement parce que cette péricope contient une lecture des dix paroles et le texte en rapport avec le devoir du Juif de lire le SHEMA ISRAEL deux fois par jour (il est dit en te couchant et en te levant). Et, cette lecture nous sert non seulement de point d’ancrage mais aussi de preuve, de témoignage, c’est un acte de foi, une proclamation qui nous accompagne jusqu’à la fin.

Les 613 mitsvoth que nous lisons tout au long de l’année se divisent en catégories : houkim, edouyoth….. et le mot shéma qui se termine par la lettre Ayin et le mot Ehad qui se termine par un daleth forme le mot témoin Ed (edouyoth). En nous conduisant comme l’indique la Torah, avec Amour, sans jalousie, sans envie, sans rancœur, sans vengeance, sans haine, nous nous rapprochons du portrait du juif idéal, fidèle à son Créateur, à sa loi et à ses frères.

Lors de la promulgation des Dix Paroles, les sens de la vue et de l’ouïe ont été mis en évidence et ont été exacerbés au point qu’il est écrit qu’ils ONT VU les Dix Paroles bien que chacune des paroles divines ait été accompagnée de tonnerres de sons de shofar et du craquement des éclairs. Ici, dans VaEthanane la parole est ajoutée car c’est ici l’occasion saisie par le Prophète, cet Homme de D, de s’exprimer dans un langage humain traduisant toutes les sensations de l’Homme qui s’est rapproché de la perfection jusqu’à l’extrême.

Le comportement des Patriarches et des Matriarches aussi, devrait nous permettre de calquer nos actes et nos réactions sur ces êtres d’exception qu’ils furent, et toujours être prêt à donner le bénéfice du doute, à excuser, à autoriser les exceptions. Ne jamais céder trop vite à la colère et être toujours prompt à pardonner, à réconcilier…. Etre toujours prêt à reconsidérer ses propres actions, et ne pas céder à l’orgueil, à l’arrogance.

Si le Pharaon de l’Exode n’avait pas cédé à son orgueil démesuré et à sa colère il aurait pu considérer les choses différemment….

C’est ce que nos Sages nous enseignent en nous recommandant de ne pas être jaloux car la jalousie nous entraîne trop loin en dehors des limites qu’HaShem peut supporter.

La longue prière de Moïse n’a pu changer le destin du prophète qui désirait tant entrer dans ce pays de lait et de miel… Il envisagea même les choses différemment en appelant la Miséricorde divine sur Yokhéved qui vécut une vie exemplaire, en appelant la Miséricorde sur elle qui était donc âgée de plus de 210 ans et qui entra dans le pays et y vécut encore malgré le décès de ses enfants. Mais HaShem expliqua, à son fidèle serviteur, les choses ainsi : le laisser entrer en Erets Israël lui seul et sans Aharon ne serait pas juste ; de plus, il fallait qu’il soit enterré en dehors d’Israël pour pouvoir se remettre à la tête de ceux qui sont sortis d’Egypte et n’ont pu pénétrer dans le pays et d’autre part, pour rassembler tous ces millions de Juifs morts en dehors du pays….

1 515 est aussi la valeur numérique du mot « shira » (cantique) faisant allusion aux cantiques particuliers que récitent les anges. Cependant, Moïse n’est pas un Ange car le devoir d’un ange et différent dans son essence de celui d’un homme de chair et de sang. L’Ange ne peut rien ajouter ni ôter de ce qui lui est confié dans sa mission.

Photo : La Fondation du patrimoine du Kotel

 

Haftara Vaet’hanan: Chabbat Na’hamou

La Haftarah de ce Chabbat est la première des sept « Haftaroth de Consolation » que nous lisons jusqu’à Roch Hachana. On le voit tout-de-suite, l’accent est très sentimental, émotionnel, dramatique, tragique, émouvant.

La prophétie d’Isaïe décrit certains des événements miraculeux qui surviendront lors de l’avènement de l’ère messianique, tels que le retour des exilés à Jérusalem, la révélation de la gloire de D.ieu, et la récompense et le châtiment qui reviendront alors à qui de droit.
Le prophète adresse ensuite ses paroles de consolation au peuple, décrivant la puissance de D.ieu et l’assurant de Son soutien.

Lorsque le prophète a prononcé les mots : « Consolez, consolez mon peuple », les enfants d’Israël ont voulu le tuer. Il leur a objecté : « Ce n’est pas moi qui vous parle, mais “votre Dieu” » (Midrach). Pourquoi ont-ils voulu le tuer ?…
Nous savons que lorsque les enfants d’Israël accomplissent la volonté de Hachem, Il les appelle « Mon peuple », tandis que lorsqu’ils ne font pas Sa volonté, Il dit au prophète : « Ton peuple ». C’est ainsi qu’au moment de la faute du veau d’or, Hachem a dit à Moïse : « Va, descends ! car il s’est corrompu “ton” peuple que tu as fait monter du pays d’Egypte (Chemoth 32, 7).
C’est pourquoi les contemporains du prophète Isaïe, lorsqu’ils l’ont entendu dire : « Consolez, consolez “mon” peuple », se sont persuadés que c’est lui seul, et non Hachem, qui s’adressait à eux, et donc que l’heure du pardon et de la véritable consolation n’était pas encore arrivée.

Les paroles de Moïse dans la Paracha rendent un son semblable. Nous y trouvons la promesse de D.ieu de ne jamais anéantir le peuple d’Israël, car il ne sera châtié que tant qu’il ne se sera pas repenti.
C’est pourquoi nous n’avons jamais désespéré, même après que le Temple eut été détruit. Car nous savons qu’après Chabbat ‘Hazone vient Chabbat Na’hamou – après avoir accepté le blâme des Prophètes dans un esprit de repentance, nous pouvons nous attendre à la consolation d’un brillant avenir que D.ieu tient en réserve pour nous.

Voilà pourquoi Isaïe a ajouté à la fin du verset que c’est bien Hachem qui leur parlait, et qu’ils méritaient qu’Il s’adresse à eux comme étant « Son peuple » à Lui.

JForum avec Caroline Elishéva REBOUH, Jacques KOHN Chiourim et Habad.Org
     Cours dédié à la la Mémoire de Abraham  ben Turquia Z’l  et David ben Esther Z’l  qui sont partis le 12 Av (5733 et 5780)

 

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