Ça commence dans l’escalier de leur immeuble. Le voisin du dessous (Russo) a repéré sur Internet que celui du dessus (Arditi) était juif. Mais c’est quoi, au juste, être juif, se demande la femme du premier ? Embarras du Juif concerné, séduisant sexagénaire plus forcément désireux de se poser des questions sur ses origines. Elles vont remonter malgré lui, provoquées par la bêtise du voisin, qui aligne naïvement poncifs et préjugés antisémites ordinaires… A la manière d’un Diderot, l’échange philosophico-religieux quotidien imaginé par Grumberg et finement dirigé par Charles Tordjman est constamment brillant et drôle. Les deux acteurs y sont magnifiques de justesse. Et Pierre Arditi, bouleversant, semble même incarner son propre personnage, dire sa vérité et ses doutes via Grumberg.
Une générale très people !
Serge Lama, Claude Brasseur, Pierre Arditi,Michel Bouquet, Daniel Russo, Michel Boujenah, et Gérard Jugnot à la générale de « L’être ou pas ».Nadji
Ce fut une soirée comme on en voit peu au théâtre. Le gratin de la scène et de l’édition réuni pour la générale de Pierre Arditi et Daniel Russo. Il s’agit de la pièce à succès de Jean Claude Grumberg, « L’être ou pas » qui évoque, de façon fine et hilarante, les clichés sur les juifs. Arditi est le juif, athée, désinvolte, Russo, le catho un peu brut de décoffrage. En 65 minutes, les questions qui gênent sont posées, antisémitisme, pratique du judaïsme, rapport avec Israël, les Palestiniens… Et on rit énormément. On avait choisi ce lundi soir, justement parce que c’est la journée relâche au théâtre. Donc les confrères pouvaient venir applaudir la pièce. Il y avait là Michel Bouquet, Charlotte Rampling, Thierry Lhermitte, Catherine Jacob, Pierre Brasseur, Jean-Pierre Marielle, Jean-François Balmer, Michel Boujenah, Gérard Jugnot… Mais aussi Bernard Pivot qui connaissait tout le monde, Serge Lama, transfiguré depuis qu’il a maigri, le visage sculpté par une nouvelle coupe de cheveux, raie de côté et un bouc bien taillé. Dans la salle, Marisol Touraine dialoguait avec Boujenah, Jean Dujardin, avec Bertrand Blier, Lhermitte avec Jugnot, Jean-Louis Debré tripotait son portable, le chanteur Christophe se cachait derrière ses lunettes fumées, assis à côté d’une jolie brune, Yann Queffelec et sa femme Servane, toujours amoureux et rieurs…
Du beau monde très complice dans la salle
Un délire mesuré, on connaît la musique !
Le spectacle fut très applaudi, mais je suis sûre qu’avec un vrai public, les deux interprètes connaîtront deux fois plus de rappels et des sifflets de félicitations. Hier soir, on était « entre confrères » donc toujours un peu plus réservé.
Ensuite, certains étaient invités à un riche cocktail au bar situé à l’étage. C’était joyeux, exubérant comme savent l’être les acteurs.
Catherine Jacob était revenue exprès d’Orléans où elle est en tournée avec un magnifique spectacle de Goldoni, « L’imprésario de Smyrne ». Elle se désolait d’ailleurs que malgré les salles combles et enthousiastes, la tournée ne se prolonge pas dans toutes les villes de France et à l’étranger. Elle m’a montré des photos, ça semble en effet spectaculaire : beaucoup de beau monde sur scène, des costumes magnifiques, des acteurs splendides et drôles, une mise en scène impeccable de l’excellent Christophe Lidon. Le spectacle est produit par le Cado d’Orléans. Il se jouera le 1er avril à Neuilly et le 15 avril à Saint Maur. Mais rien à Paris !
Finalement, après les photos de famille, tout le monde a joyeusement trinqué au succès de « L’être ou pas ». Très bons champagne et bordeaux ! Arditi-fine-gueule oblige !
« L’être ou pas » mise en scène de Charles Tordjman
jusqu’au 27 mars au Théâtre Antoine, 14 Bd de Strasbourg Paris 10ème Métro Strasbourg St Denis. Billets de 20 à 50 euros.
![]() |
![]() |
Pourquoi ce titre trompeur à cet article élogieux ?
Le titre original l’an dernier était : Pour en finir avec la question juive.
La troupe et la direction ont courageusement changé le titre en quelque chose de banal et anodin !!