« On leur promettait des retombées, c’était faux. Je peux dire qu’on a vendu du vent. »

Des associations, des commerçants, un diocèse ou même des banques… Claude ne le savait pas encore lorsqu’elle a déposé plainte auprès du procureur de Valenciennes en 2013.

Mais à travers toute la France, 3 000 victimes sont tombées, comme elle, dans le panneau des annuaires professionnels. «  On leur promettait des retombées, c’était faux. Je peux dire qu’on a vendu du vent  », a reconnu, devant le tribunal correctionnel de Paris il y a quelques mois, le « commercial » de l’une des trente enseignes de référencement mises en cause.

Les victimes payaient une première somme en pensant s’être acquitté de la prestation. Puis, une fois le délai de rétractation passé, on leur faisait comprendre qu’elles n’avaient payé que pour un mois et qu’elles devaient régler le reste.

Quitte à intimider ou menacer les commerçants en se faisant passer, parfois, pour des huissiers, des avocats ou de faux gendarmes.

«  Ils m’avaient dit que si je ne payais pas, j’irai en prison, se souvient Claude. Encore aujourd’hui, j’ai toujours peur de répondre au téléphone car deux ans après, ils me relançaient encore !  »

Plus de 20 millions d’euros de préjudice

Il y a quelques jours, Claude a appris la bonne nouvelle. Son nom figure dans la liste des victimes retenues comme partie civile. «  Ils devront donc me rembourser  », montre la commerçante en feuilletant l’épais dossier du tribunal correctionnel de Paris de plus de 200 pages.

Y figurent les 3 000 victimes. Soit plus de 20 millions d’euros de préjudice à indemniser, au-delà des amendes qui grimpent jusqu’à 750 000 €.

Parmi les 27 prévenus, deux ont été condamnés à cinq ans de prison, dont trois avec sursis et mise à l’épreuve pendant trois ans. Il s’agit des têtes de réseau qui, depuis Israël, pilotaient les sociétés de référencement et les sociétés écran.

(1) Prénom modifié pour préserver l’anonymat de cette victime.

Une affaire hors norme de Valenciennes à Israël

– 2011 : le procureur de Nice reçoit de nombreuses plaintes à propos d’une société niçoise de référencement Web. Les plaintes émanent de toute la France.

– 2013 : Tracfin (organisme qui lutte contre le blanchiment d’argent) émet deux signalements à propos d’«  opérations financières douteuses  » qui transitent par la Grande-Bretagne et la Lettonie. Dans le Valenciennois, une fleuriste et une coiffeuse déposent plainte elles aussi. Le commissariat de Denain est saisi de l’enquête. Le procureur de Nice ouvre une enquête préliminaire. Elle est confiée au service national des douanes judiciaires.

– 2014 : le procureur de Nice se dessaisit au profit de celui de Paris. Ce dernier ouvre une information judiciaire.

– 2016 : Le réseau est démantelé au mois d’avril. 27 prévenus sont identifiés et / ou interpellés. Les deux têtes de réseaux qui vivaient en Israël sont arrêtées à l’aéroport de Roissy. 24 sociétés écrans et une trentaine d’enseignes de référencement Web sont mises en cause.

– 2017 : En décembre, l’affaire est jugée à Paris durant quatre semaines.

– 2018 : le 16 janvier, le tribunal correctionnel rend son délibéré. Les deux prévenus principaux écopent de cinq ans de prison, dont trois avec sursis et mise à l’épreuve pendant trois ans. Ils devront aussi s’acquitter d’une amende de 750 000 € et rembourser les victimes, dont le préjudice se chiffre à 20 millions d’euros.

– Octobre 2018 : dans le Valenciennois, la fleuriste apprend que les prévenus ont été condamnés. Ils devront indemniser son préjudice qui était de 14 000 €.

voixdunord

La rédaction de JForum, retirera d'office tout commentaire antisémite, raciste, diffamatoire ou injurieux, ou qui contrevient à la morale juive.

S’abonner
Notification pour
guest

Ce site utilise Akismet pour réduire les indésirables. En savoir plus sur la façon dont les données de vos commentaires sont traitées.

0 Commentaires
Le plus récent
Le plus ancien Le plus populaire
Commentaires en ligne
Afficher tous les commentaires