Un écho de la Nuit de Cristal: l’Europe doit agir maintenant

Un écho effrayant de la Nuit de Cristal : l’Europe doit agir maintenant

L’Europe doit faire face à la réalité et reconnaître qu’elle est devenue un refuge pour les idéologies extrémistes cherchant à détruire la vie juive.

Par Sacha Roytman-Dratwa

En novembre 1938, le monde a été témoin du début de la Shoah avec la Nuit de Cristal, un horrible pogrom d’une violence extrême contre les Juifs. La nuit dernière, 86 ans après cet événement horrible, Amsterdam a connu un autre pogrom qui a donné l’impression que l’histoire se répétait.

Les scènes choquantes d’Amsterdam – une attaque coordonnée et planifiée contre des supporters de football israéliens – devraient non seulement provoquer une onde de choc à travers l’Europe, mais aussi servir de rappel douloureux de la longue lutte non résolue de l’Europe et du monde contre la montée de l’antisémitisme.

Cette attaque brutale, menée par des extrémistes islamistes ciblant des juifs dans les rues, diffère à bien des égards de la Nuit de Cristal. Aujourd’hui, les juifs disposent d’un État fort, d’autorités pour gérer de tels incidents et l’ampleur de la violence est différente. Nous n’avons plus besoin d’attendre que le monde agisse et nous sauve – nous pouvons agir nous-mêmes et le faisons.

Pourtant, la situation horrible à laquelle ont été confrontés les supporters qui voulaient simplement regarder un match de football a établi des parallèles effrayants avec la Nuit de Cristal, prouvant que nous sommes aujourd’hui témoins des héritiers idéologiques des nazis – des extrémistes islamiques opérant avec une haine et une violence similaires, cherchant à faire couler le sang juif.

« J’entends le tonnerre approcher qui, un jour, nous détruira aussi », écrivait Anne Frank quelques semaines avant d’être découverte en cachette avec sa famille. Ce dont nous avons été témoins à Amsterdam n’était pas un hasard ; cela faisait partie d’une campagne plus vaste et préméditée d’intimidation et de haine dirigée contre les Juifs, et représente le pic de l’antisémitisme mondial depuis le 7 octobre 2023.

Le monde doit comprendre que les Juifs ont perdu leur sentiment de sécurité personnelle. Au cours de l’histoire, de nombreux Juifs ont été contraints de quitter des pays où ils se sentaient moins en sécurité. Aujourd’hui, ils se posent la même question: sommes-nous en sécurité en Europe? Si les autorités chargées de l’application de la loi ne s’attaquent pas de manière proactive à l’antisémitisme, à la violence et au terrorisme, les Juifs partiront et reviendront en Israël, laissant l’Europe seule face à un extrémisme qui atteint de nouveaux sommets et ne ciblera plus uniquement les Juifs.

Un agresseur frappe un supporter de football israélien lors du pogrom d’Amsterdam. Crédit photo : Réseaux sociaux

La question ne se pose pas seulement en ce qui concerne la sécurité des communautés juives, mais aussi la capacité ou la volonté de l’Europe à faire face à l’extrémisme croissant à l’intérieur de ses frontières. Pendant des années, les autorités ont tardé à reconnaître la montée dangereuse de l’islam radical et, même lorsqu’elles l’ont fait, les efforts pour le freiner se sont souvent révélés insuffisamment efficaces.

Des manifestations anti-israéliennes virant à la violence aux actes de vandalisme et aux attaques physiques contre quiconque et tout ce qu’elle considère comme des ennemis, l’Europe a hésité à plusieurs reprises à repousser les discours de haine et l’extrémisme violent de manière à protéger efficacement à la fois sa population juive et le grand public.

Pour éviter une nouvelle catastrophe, l’Europe doit faire face à la réalité et reconnaître qu’elle est devenue un refuge pour les idéologies extrémistes qui cherchent à détruire la vie juive, ainsi que des aspects fondamentaux de la vie européenne. Ce n’est pas un problème qui peut être minimisé ou ignoré. La montée de l’antisémitisme violent n’est pas seulement un problème juif ; c’est un problème européen, qui menace les fondements de la liberté, de la démocratie et des droits civiques en Europe.

Il est temps d’agir. L’Europe doit commencer à prendre des mesures concrètes pour assurer la sécurité de ses citoyens juifs en s’attaquant aux sources de radicalisation, en réprimant les groupes haineux violents et en mettant fin à la tolérance envers l’antisémitisme sous toutes ses formes.

Les Juifs ne doivent pas craindre pour leur vie simplement à cause de leur identité, et l’Europe doit faire comprendre qu’elle ne tolérera pas la haine dans ses rues, même un seul instant. Les leçons de l’histoire sont claires : la haine, une fois autorisée à exister et à se développer, peut facilement dégénérer en violence et en terreur.

L’Europe doit agir avant qu’il ne soit trop tard, et les Juifs doivent savoir que leur sécurité ne sera plus soumise à des convenances politiques ou à un déni de la part des Européens. Si l’Europe n’agit pas de manière décisive, elle devra faire face aux conséquences de son inaction, comme elle l’a fait après les horreurs de l’Holocauste.

Sacha Roytman-Dratwa est le PDG du Mouvement de Combat contre l’Antisémitisme (CAM).

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