Trump, Israël et l’Iran
Depuis son retour à la Maison Blanche, Donald Trump n’a pas changé de cap concernant Israël. Fidèle à ses positions passées, il poursuit un soutien sans faille à l’État hébreu, combiné à une intensification de la pression militaire sur l’Iran. Cette stratégie pourrait déboucher aussi bien sur un nouvel accord diplomatique que sur une confrontation directe.
Durant ses 100 premiers jours de second mandat, Trump a multiplié les gestes de soutien envers Israël : livraisons constantes d’armements, autorisation d’une liberté totale d’action pour Tsahal sur plusieurs fronts – Gaza, Liban, Syrie et Cisjordanie – et opposition systématique aux critiques internationales. Ce positionnement tranche avec l’attitude de l’administration Biden, qui, bien que fournissant des armes, avait imposé des délais et des restrictions. À l’époque, l’ancien ambassadeur israélien à Washington, Michael Herzog, décrivait cette approche comme une aide d’une main, mais des entraves de l’autre.
Sous Biden, des pressions avaient également été exercées pour l’acheminement de l’aide humanitaire à Gaza, ce qui, selon certains responsables israéliens, a renforcé la position du Hamas et compliqué la libération des otages.
Si aujourd’hui Trump conserve sa ligne pro-israélienne, il adopte toutefois une communication plus prudente. Conscient du glissement d’une partie de l’opinion publique américaine, notamment en raison de la montée des sympathies pro-palestiniennes, Trump ajuste son discours pour éviter de heurter certaines franges de son électorat. Ce repositionnement stratégique vise aussi à ne pas froisser la mouvance isolationniste au sein du mouvement MAGA, influencée par des personnalités comme Tucker Carlson, qui prônent un retrait des affaires internationales.
Néanmoins, malgré ces pressions internes, la ligne politique de Trump n’a pas fléchi. Les isolationnistes n’ont pas pris le contrôle de l’administration. Même ses proches, Eric et Donald Trump Jr., bien qu’ayant des sympathies pour cette tendance, ont continué de faire d’Israël une exception dans leur volonté de réduire l’engagement américain à l’étranger.
Le récent limogeage de Dan Caldwell, adjoint du secrétaire à la Défense, illustre bien ce rapport de force. Caldwell, connu pour son opposition à toute intervention contre l’Iran, a été écarté, renforçant ainsi l’idée que les décisions stratégiques sont bien dictées par Trump lui-même, et non par les courants isolationnistes.
La posture de Trump vis-à-vis de l’Iran reste cependant empreinte de contradictions. D’un côté, il reste attaché à sa promesse de mettre fin aux guerres sans fin, de l’autre, il n’entretient aucune illusion sur les intentions du régime iranien, lequel aurait même tenté de l’assassiner. En attendant de trancher entre l’option diplomatique ou l’action militaire, Trump a opté pour une démonstration de force : déploiement de porte-avions dans le Golfe, envoi de bombardiers stratégiques à Diego Garcia, et exercices militaires intensifs dans la région.
Ces mesures de pression semblent déjà porter leurs fruits. Alors que l’Iran avait longtemps refusé toute négociation sous l’administration précédente, il a désormais accepté d’engager des discussions, notamment via des rencontres directes avec l’émissaire américain Steve Witkoff, ce qui constitue une rupture notable avec la doctrine traditionnelle iranienne.
Du point de vue israélien, cette approche est conforme à une revendication de longue date : seule une menace militaire crédible pouvait, selon Jérusalem, contraindre Téhéran à la table des négociations. Si un accord est conclu, il pourrait ne pas satisfaire entièrement Israël, mais l’important pour l’instant est que la pression exercée est réelle et soutenue.
En somme, pour Israël, les 100 premiers jours du second mandat Trump confirment que l’ancien président reste un allié déterminé. Et au vu des évolutions récentes, beaucoup à Jérusalem estiment que cette relation solide devrait perdurer.
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