Pauvres en plat de résistance, les déclarations de Trump laissent Israël sur sa faim, avec plus de questions que de réponses 

Très fort en gestes symboliques, un peu court en substance, le premier jour déconcertant du Président américain dans l’Etat Juif accentue l’épaisseur du mystère sur la façon dont il compte parvenir à son objectif déclaré d’un « accord définitif »

Le premier jour de la visite du Président américain Donald Trump qu’il ait jamais accompli avant hier en Israël a été très riche en gestes forts, mais il laisse très peu d’indices sur la façon dont le dirigeant du monde libre a l’intention de faire progresser et transformer sa vision d’une paix arabo-israélienne, qui résoudrait du même coup (ou celui d’après) le conflit générique palestino-israélien, mais aussi le statut du Golan, le crypto-état de Gaza, etc.

C’était très émouvant d’assister à la scène où Trump a touché les pierres du Mur Occidental ou Kotel, en devenant ainsi le premier Président américain en exercice à se rendre en visite sur ce Lieu Saint du Judaïsme. C’était presque amusant de voir le troubel-fête du Likoud, le Député Oren Hazan réussir à arracher un Selfie avec Trump, en dépit des meilleurs efforts de Netanyahu pour l’en empêcher. Mais les déclarations publiques des dirigeants n’ont apporté que peu d’éléments nouveaux. Si elles ont bien provoqué quelque chose, elles ont surtout amené plus de questions encore sur la méthode.

Trump a dénoncé de manière répétée, l’Iran et l’accord nucléaire qu’a négocié la précédente Administration avec le régime en place, mais il n’a pas dit s’il allait tenter de détricoter cet accord ni comment. Il a déclaré n’avoir jamais mentionné lemot « Israël » dans sa conversation avec le Ministre russe des Affaires étrangères, mais cela ne contredit en rien les rapports affirmant qu’il a transmis des renseignements classifiés sur le groupe terroriste de l’Etat Islamique qui ont été recueillis par les services de renseignements d’Israël (sans les nommer) ; en réalité, il a ajouté plus de poids encore à l’idée qu’il ait réellement transmis ces informations top secrètes.

Trump, qui est arrivé en Israël lundi après un week-end en Arabie Saoudite, a beaucoup parlé des chances d’une paix au Moyen-Orient, en suggérant que le monde arabe sunnite est prêt  à accepter et normaliser les relations avec Israël. L’idée d’une alliance régionale pour affronter la menace iranienne et son comportement toujours plus agressif fait l’objet de nombreuses discussions. Netanyahu déclare depuis des années que le monde arabe ne perçoit plus Israël comme son ennemi et qu’il est en réalité, engagé dans une coopération sécuritaire clandestine avec les pays du Golfe.

« Mes conversations en Arabie Saoudite, avec les dirigeants du monde musulman, m’ont fortement encouragé, dont celles avec le Roi Salman avec qui j’ai abordé tous les sujets en long et en large », a déclaré Trump au Président Reuven Rivlin, à la Résidence Présidentielle. « Le Roi Salman ressent très fortement ce problème et je peux vous dire qu’il adorerait voir la paix s’établir entre Israël et les Palestiniens ».

US President Donald Trump visits the Western Wall, the holiest site where Jews can pray, in Jerusalem's Old City on May 22, 2017. (AFP /POOL /RONEN ZVULUN)

Le Président américain Donald Trump visite le Kotel, le seul pan du mur d’enceinte du Second Temple où les Juifs peuvent prier  le 22 Mai 2017. (AFP /POOL /RONEN ZVULUN)

Plus tard dans le cours de la journée, lors d’une rencontre avec Netanyahu à l’Hôtel King David, Trump a décrit le sentiment du monde arabe envers Israël comme « très positif ». Les dirigeants d’Arabie Saoudite, les Emirats Arabes Unis, le Bahrein, le Koweit et beaucoup d’autres Etats arabes se sont montrés très loquaces au sujet de leur désir de paix, a t-il ajouté. « Je peux discerner un passage plus profond qui déboucherait sur l’amitié avec Israël, et je pense que beaucoup de ce sentiment provient de ce qui est en train de se passer en ce qui concerne l’Iran. Donc des progrès importants ont été faits ».

Netanyahu, également, s’est entretenu du monde arabe et de son rapprochement progressif et lent vis-à-vis d’Israël, en désignant ce mouvement comme « fertile de nombreuses possibilités » et il a développé son argumentaire, comme il l’a fait depuis des années, en disant que cette détente bien plus vaste avec l’ensemble du monde arabe « contribuera à la réconciliation entre Israël et les Palestiniens ».

Au cours de communiqués de presse conjoints, livrés un peu plus tard à sa résidence de la Rue Balfour à Jérusalem, Netanyahu a déclaré qu’il « nourrit un espoir réel de changement », pour « la première fois de toute ma vie ».

Il est vrai que certains Etats arabes et Israël n’ont jamais été aussi proches. Mais la pleine normalisation, continuent d’insister les dirigeants arabes, ne pourra qu’être la suite de la résolution d’un accord de paix palestino-israélien.

Prime Minister Benjamin Netanyahu (R) and US President Donald Trump speak upon the latter's arrival at Ben Gurion International Airport on May 22, 2017. (AFP Photo/Jack Guez)

Le Premier Ministre Benjamin Netanyahu (D)et le Président U.S Donald Trump discutent juste à l’arrivée de ce dernier à l’aéroport David Ben Gourion le 22 mai 2017. (AFP Photo/Jack Guez)

« Aucune injustice ne s’est propagée avec un goût aussi amer que l’absence d’Etat Palestinien », a déclaré le Roi Adballah de Jordanie à Trump, réitérant un vieux postulat, pourtant usé jusqu’à la corde, par les derniers conflits en Syrie et Irak – et qui n’ont strictement aucun rapport avec Israël – dimanche au Sommet arabo-islamique de Riyad, dimanche, en présence du Président américain. « C’est le problème centrale pour notre région et c’est cela qui a débouché sur le radicalisme et l’instabilité, au-delà de notre région et à l’intérieur du monde arabe ».  La seule façon d’avancer serait un « accord juste et complet pour la cause palestinienne, fondée sur la solution à deux-Etats et l’initiative de paix arabe (de 2002) » a t-il lourdement insisté.

Netanyahu et Trump se sont mutuellement complimentés et congratulés pour leur volonté respective de chercher la paix. Mais aucun n’a su ni pu donner la moindre indication au public sur la façon exacte dont ils allaient s’y prendre pour marquer la moindre ébauche de progrès sur ce front. Trump et Netanyahu ont tous deux soigneusement évité d’approuver oralement toute notion « d’Etat Palestinien » ou l’idée de « Deux Etats pour deux peuples » (bien que cette fois-là, Trump se soit aussi abstenu de laisser entendre, comme lors de sa conférence de presse du 14 février à la Maison Blanche, qu’il pourrait aussi se contenter d’une solution à un seul Etats). Il n’y a donc, à cette heure, pas de canevas ou de modèle dé négociation qui puisse ouvrir l’appétit, dans la perspective d’une résolution. D’un autre côté, les solutions ébauchées par le Foyer Juif de Naftali Bennet sont-elles acceptables pour la partie adverse et le monde arabe, sans bousculer le fragile équilibre trouvé jusqu’à présent sur l’échiquier, autour de l’expansion iranienne? =

« Je remercie le Premier Ministre pour son engagement à poursuivre le processus de paix », a déclaré Trump. »Il travaille durement en ce sens. Ce n’est pas facile. J’ai entendu dire que ce serait l’un des dossiers les plus durs de tous, mais j’ai le sentiment qu’on va fini par y arriver, je l’espère ».

Dimanche, le Cabinet israélien a approuvé une série de mesures d’allègement – appelés gestes de bonne volonté – destinées à améliorer la vie quotidienne des Palestiniens et à dynamiser l’économie de la Bande cisjordanienne de Judée-Samarie. Des responsables du Bureau du Premier Ministre ont expliqué que l’Administration avait demandé d’instaurer des conditions que Trump pouvait montrer au Président de l’Autorité Palestinienne, Mahmoud Abbas, quand ils vont se rencontrer aujourd’hui mardi matin à Bethléhem.

US President Donald Trump, center, talks to reporters before a meeting with Prime Minister Benjamin Netanyahu, right, at the King David Hotel, in Jerusalem May 22, 2017. (AP/Evan Vucci)

A l’hôtel King David, le 22 mai 2017. (AP/Evan Vucci)

La Maison Blanche a bien accueilli ce geste de Jérusalem, en déclarant que « L’Administration Trump continuera à travailler étroitement avec les dirigeants des affaires palestiniennes et israéliennes afin d’identifier des façons supplémentaires de développer l’économie palestinienne ».

Abbas a probablement apprécié le geste, mais on ne peut guère se faire d’illusion sur le fait que l’augmentation des heures ouvrables au Pont Allenby, l’établissement de nouvelles zones industrielles près de Tarkumiya et relier Jéricho à une station d’épuration va réellement déboucher sur une percée dans l’impasse palestino-israélienne qui date de tant de décennies.

Mardi, Trump rencontre Mahmoud Abbas pour la deuxième fois en moins d’un mois, avant de revenir à Jérusalem pour prononcer un discours au Musée d’Israël. A en juger par les déclarations de Trump jusqu’à présent – nourries de paroles chaleureuses pour Israël, mais privé de réel plat de résistance ou de mets diplomatiques consistants – il est peu probable que son discours contienne des révélations explosives sur la façon d’avancer. Et il est encore moins probable qu’il annonce un geste allant dans le sens du déménagement de l’Ambassade des Etats-Unis vers Jérusalem ou qu’il reconnaisse formellement la Ville Sainte comme la Capitale d’Israël.

Le principal objectif de Trump lors de cette visite très cérémonielle, n’est pas de faire de grandes déclarations ni d’établir de nouvelles lignes de force politiques. Il veut plutôt montrer aux Israéliens et aux Palestiniens qu’il est sérieux dans sa volonté de « faire la paix » et surtout de venir écouter ce qu’ils veulent vraiment faire pour que cela puisse advenir un jour.

 

©JForum avec agences.

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Rachele Boker

L’homme est loin d’être bête. Aucun autre avant lui n’avait procédé comme il le fait. Il déclare ouvertement son amitié et son soutien à notre peuple, il fait des affaires avec ceux qui financent le terrorisme depuis trop longtemps, ceux là même qui tremblent aujourd’hui devant l’agressivité perse, l’ennemi juré numéro Un……

Il est pragmatique et, d’abord et avant tout, un Homme d’affaires. Le monde est bassement matérialiste, si on en est conscient, alors on réserve le sentiment à nos très proches, c’est tout.

Richard MALKA

Trump n’est pas le messi ! Sa visite a eu le mérite de remettre la vérité à l’ordre du jour après plus de 40 ans de poufiasserie diplomatique. Si business is business, il faut savoir faire du business sans se faire enc… L’Europe devrair en tirer de la graine. Je fais confiance au couple Trump/Poutine pour bien mettre en face de leur responsabilité les dirigeants musulmans, il n’y a que la carotte et le bâton avec ces connards, malheureusment il y a toujours l’Europe est aux abois pour s’enfiler dans l’arrière train et la carotte et le bâton.

Danielle

En un mot …….

Danielle

En un moment il était venu avec des rêves plein la tête et il est reparti persuadé que la paix est illusoire tant les exigences des belligérants ne sont pas adaptables sur le terrain.