Thouars. « La déportation des Juifs, ce n’est pas qu’ailleurs, ça s’est passé ici »
Une stèle en l’honneur des Juifs déportés du Thouarsais vient d’être inaugurée, grâce au travail de l’historienne Marie-Danièle Lenne. Les familles des personnes commémorées ont découvert Thouars.
Des enfants héritiers d’un des Thouarsais juifs déporté ont lu les noms sur la stèle nouvellement installée. | CO
La stèle commémorative des Juifs thouarsais morts en camp de déportation à Auchwitz-Birkenau a été inaugurée samedi 30 avril, dans les jardins de la mairie de Thouars, à l’initiative de la Société d’histoire, d’archéologie et des arts du pays thouarsais (Shaapt).
« La plupart ont dû quitter leurs racines sous la pression de l’antisémitisme. Ils étaient serveuse, ingénieur, papetier… Le Thouarsais devait être un refuge. Dans cette gendarmerie de Thouars juste à côté, entre ces murs patrimoniaux dont nous sommes si fiers, ils ont été détenus avant d’être déportés, a souligné Damien Cocard, président de la Shaapt. Leur calvaire a commencé : dépouillés, affamés, torturés, réduits en cendre. Ne réduisons pas notre responsabilité à la rafle, mais prenons conscience de tout le chemin. Ce devoir de mémoire n’a pas vocation à faire naître chez nous la honte, mais à nous enseigner. »
Difficile de décrire en quelques mots toute l’émotion qui régnait hier au Centre régional Résistance et Liberté (CRRL). Une quinzaine de personnes de tous âges, descendants de familles ayant vécu à Thouars au siècle dernier avant d’être déportés dans les camps de concentration nazis en 1942 et 1944, sont en effet reçues durant deux jours par le CRRL et la Société d’histoire, d’archéologie et des arts du Pays thouarsais (Shaapt).
Des recherches « colossales et précieuses »Un rendez-vous inédit qui trouve son origine dans le travail de fourmi réalisé depuis deux ans par la Thouarsaise Marie-Danielle Lenne, adhérente de la Shaapt et du CRRL mais également historienne de formation. « J’ai voulu retracer les parcours de ces familles en montrant qu’il y avait aussi des vies ici, avant les persécutions imposées aux Juifs, avec des histoires de migration, et notamment depuis l’Ukraine, qui font écho avec l’actualité », confie-t-elle. « Elle a travaillé dessus à temps plein pendant deux ans, consultant d’innombrables archives, témoigne Virgine Daudin, directrice du CRRL. Ces recherches colossales sont d’autant plus précieuses que nous n’avons pas les ressources pour mener un tel travail. »
Marie-Danielle Lenne a pu reconstituer dans le détail le parcours de onze familles juives ayant vécu à Thouars et en Thouarsais entre 1900 et 1944, mais également contacter leurs descendants pour les associer à cette commémoration. Beaucoup ont ainsi appris que leurs aïeux avaient vécu à Thouars, ville que la plupart ne connaissaient pas.
Après une prise de parole du maire, d’une descendante de Lazard Hasman, et la lecture d’un extrait du témoignage de Simone Veil sur la déportation, les enfants de la famille d’un des commémorés ont lu les noms des Juifs déportés à Thouars.
Jforum avec www.ouest-france.fr et www.lanouvellerepublique.fr
François-Xavier Laguette, professeur de violon au Conservatoire de Thouars, a joué pour la cérémonie d’inauguration. | CO
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