Déporté à l’âge de 9 ans, Victor Perahia, mémoire de la Shoah, s’est éteint ce dimanche
Âgé de 91 ans, celui qui avait été arrêté à Saint-Nazaire en 1942 témoignait depuis une vingtaine d’années pour transmettre la mémoire de la Shoah. Il présidait aussi l’union des déportés d’Auschwitz, où son père et son grand-père ont été assassinés.
Victor Perahia, juif français déporté à Bergen-Belsen, survivant de la Shoah, s’est éteint ce dimanche 29 septembre. | STEPHANE GEUFROI / OUEST-FRANCE
Il n’était encore qu’un enfant lorsqu’il a vécu l’enfer de la Shoah. Déporté à l’âge de 9 ans à Drancy puis à Bergen-Belsen, en Allemagne, Victor Perahia est décédé, ce dimanche 29 septembre 2024, à Paris. Âgé de 91 ans, il présidait l’union des déportés d’Auschwitz, où son père et son grand-père ont été assassinés.
Son enfance au cœur de l’horreur, Victor Perahia l’a longtemps tue. « Je ne pouvais pas, ça ne sortait pas », racontait-il dans nos colonnes en janvier 2024. À la veille de ses 70 ans, le devoir de mémoire le rattrape toutefois. Il se met alors à témoigner, sans relâche. Dans les années 2010, il parcourt les établissements scolaires, notamment dans l’Ouest, comme à Ancenis, Paimboeuf et Guérande, près de Saint-Nazaire, où tout a commencé.
« Une souffrance continue »
Car c’est là que les Allemands l’ont arrêté, le 15 juillet 1942. Il y vivait alors avec ses parents, qui vendaient des textiles sur les marchés. Son grand frère était caché à Paris. Embarqués parce que juifs, les Perahia sont transférés au grand séminaire d’Angers, où les hommes sont séparés des femmes et des enfants. C’est là que Victor Perahia voit son père pour la dernière fois.
Envoyés à Drancy, Victor et sa mère Jeanne y passent 20 mois avant d’être expédiés en mai 1944 au camp de Bergen-Belsen, en Allemagne. « C’était une souffrance continue. On souffrait de la faim, des coups, du froid. »
Victor Pérahia ici lors d’une intervention dans un établissement scolaire. | ARCHIVES OUEST-FRANCE
Lui et sa mère ont tous deux survécu à la déportation. Depuis le milieu des années 2000, après des années de silence, ce père de deux enfants, également grand-père et arrière-grand-père, a mis toute son énergie à transmettre aux jeunes la mémoire de la Shoah. Martelant à chaque fois son refus de toute forme de racisme. Il livrait des témoignages sobres, précis et poignants de ce que fut l’enfer des camps de l’intérieur. Des récits aussi durs que précieux qui ont marqué ceux qui les ont entendus.
« Histoire unique »
Il a également accompagné le Président de la République, Emmanuel Macron, pour la cérémonie commémorative du 27 janvier 2022 sous l’Arc de Triomphe. Ce lundi 30 septembre, le CRIF, conseil représentatif des institutions juives de France lui a rendu hommage, soulignant : « L’histoire de Victor est unique, notamment par sa connaissance du camp de Drancy où il a passé vingt mois, de septembre 1942 à mai 1944. »
« Victor Perahia nous a quittés, sa parole, elle, reste, à travers ses témoignages et écrits », écrit sur X Renaud Muselier, président des Régions de France. De son côté, Jean-Louis Thiériot, ministre délégué en charge de la mémoire et des anciens combattants s’est dit sur le même réseau social « très ému par la disparition de Victor Perahia. C’est une perte immense pour la mémoire de la Shoah. En fidélité, nous continuerons à lutter contre l’antisémitisme. »
Ses obsèques seront célébrées mardi 1er octobre à 10 h 45 au Père Lachaise à Paris.
JForum.fr avec www.ouest-france.fr (Claire DUBOIS)
![]() |
![]() |
Honneur à la mémoire de ce témoin et à toute sa famille !