L’âge d’or de l’automobile «made in China»
Toute la planète automobile a les yeux rivés sur Shanghai à partir de ce mardi 18 avril pour son salon de l’automobile. Il revient après trois ans d’absence.
Ce salon devrait être une grande fête mondiale des quatre roues, comme il n’en existe quasiment plus en Occident. Dans le berceau de l’industrie automobile, ce type d’événement attire de moins en moins les constructeurs. Une centaine de nouveaux modèles sera présentée à Shanghai, promettent les organisateurs, essentiellement des voitures électriques, proposées par des marques chinoises et, bien sûr, internationales. L’enjeu est de taille : la Chine est le plus grand marché automobile au monde. Le pays où l’on produit et l’on vend le plus de voitures. Il y a de quoi faire pour équiper une population de 1,4 milliard d’habitants. Pour le moment, le parc existant n’est que de 200 millions de véhicules.
Baisse des ventes
Au premier trimestre, les ventes de voitures ont fortement reculé en Chine, de quoi s’inquiéter ? Il est encore trop tôt pour y voir une tendance, on apprend ce mardi matin que la croissance chinoise a rebondi au premier trimestre. Il n’y a donc pas de coup de frein des ventes lié à la dégradation de l’économie. Il faut plus y voir de l’attentisme après la fin des subventions à l’électrique et le retour de la taxe sur le moteur thermique, une configuration nouvelle qui a dérouté les consommateurs.
Ceux qui en ont le plus pâti, les grandes marques mondiales, ont en revanche de bonnes raisons de s’inquiéter, parce que leurs ventes plongent depuis plusieurs années déjà. Que ce soit le sud-coréen Hyundai, le japonais Toyota, les américains General Motors ou Ford, et même les allemands du groupe Volkswagen : tous, à l’exception de Tesla, sont en net recul. Ils ont perdu la moitié de leurs ventes par rapport aux années d’avant la pandémie, doublés, à très vive allure, par les multiples marques chinoises. Plusieurs centaines d’entreprises chinoises produisent des véhicules. L’an dernier, elles ont vendu sur leur marché plus d’une voiture neuve sur deux, 52% exactement.
La voiture électrique séduit
C’est surtout sur le créneau de la voiture électrique que les Chinois ont marqué des points. Au cours de ces trois derniers mois, BYD, le champion mondial de l’électrique, est devenu le numéro un des ventes en Chine, détrônant Volkswagen. Les Chinois sans habitude de conduite, sans passé automobile, adoptent plus rapidement le véhicule électrique qu’en Occident. Il représentait le quart des ventes en 2022. C’est 11% en France et 6% aux États-Unis. Sur dix véhicules électriques vendus en Chine, huit ont été conçus et fabriqués par des marques locales. Leur force : une très grande intégration. BYD était d’abord un fabricant de batteries. L’industrie automobile chinoise est aussi à la pointe dans le recyclage des batteries et l’innovation avec le recours au sodium pour remplacer à terme le lithium.
Innovations
Les constructeurs chinois séduisent à domicile avec des prix bas et des performances supérieures aux modèles étrangers. En Occident, les acheteurs de voiture neuve ont plus de cinquante ans, tandis qu’en Chine, ils ont plutôt moins de trente ans. Pour convaincre les premiers, les constructeurs étrangers ont copié les voitures thermiques pour créer des voitures électriques, mais cela ne marche pas en Chine. Les jeunes sont attirés par le design original et très souvent renouvelé des marques chinoises. Et ils sont friands des innovations embarquées. La connectivité, l’assistant personnel, les services intégrés au mobile devraient être les points forts des nouveaux modèles qu’on va découvrir pendant dix jours à Shanghai.
JForum avec Dominique Baillard RFI
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