
Maria Ponomarenko, journaliste russe, condamnée à six mois de prison pour un post Instagram sur la guerre
La reporter a été condamnée pour avoir contredit les informations officielles du Kremlin sur le bombardement du théâtre de Marioupol, en Ukraine.
RUSSIE – De la prison ferme pour une publication sur les réseaux sociaux. La journaliste russe Maria Ponomarenko a été condamnée ce mercredi 15 février à six ans d’emprisonnement par un tribunal russe pour avoir dénoncé sur Instagram l’offensive en Ukraine. Âgée de 44 ans, elle a été reconnue coupable de « diffusion d’informations fausses » sur l’armée, a indiqué le Comité d’enquête russe, chargé des principales investigations criminelles en Russie.
Cette infraction, introduite après le début de l’assaut sur l’Ukraine, a déjà été utilisée à plusieurs reprises pour condamner à de lourdes peines de prison des personnes ayant critiqué publiquement le conflit. Il s’agit toutefois selon Le Monde de la plus lourde jamais infligée à un journaliste depuis le début de l’invasion russe, le 24 février 2022.
La journaliste, dont la défense a déjà fait savoir qu’elle ferait appel, a été condamnée par un tribunal de Barnaoul, dans la région sibérienne de l’Altaï, où elle travaillait pour un site d’information, RusNews. Sa condamnation s’accompagne d’une interdiction de travailler dans la presse pendant cinq ans.
« Les autorités russes devraient avoir honte »
Selon l’ONG spécialisée OVD-Info, elle était poursuivie pour avoir publié en mars 2022, peu après l’offensive du 24 février, un message sur le réseau social Instagram dénonçant le bombardement du théâtre de la ville ukrainienne de Marioupol, alors assiégée par l’armée russe. Kiev a accusé Moscou d’avoir tué des centaines de civils lors de ce bombardement, des accusations rejetées par les autorités russes.
« Les autorités russes devraient avoir honte de la peine de six ans de prison infligée à la journaliste Maria Ponomarenko, dont le seul soi-disant crime a été de publier des informations sur la guerre en Ukraine qui ne sont pas conformes au récit officiel », a dénoncé le Comité pour la protection des journalistes dans un communiqué.
« Les autorités ne devraient pas contester l’appel de Ponomarenko, abandonner toutes les charges retenues contre elle et cesser d’emprisonner des voix indépendantes », a ajouté l’ONG.
La journaliste arrêtée il y a déjà 10 mois
Maria Ponomarenko avait été arrêtée en avril, à Saint-Pétersbourg, puis transférée à Barnaoul. Son avocat affirme que son état psychologique s’est dégradé en détention et qu’il avait demandé, en vain, son transfert en hôpital psychiatrique.
En septembre, selon OVD-Info, elle avait cassé la vitre de sa cellule, car cette dernière était trop opaque et l’empêchait de voir le soleil et le ciel. Comme punition, elle avait été placée en cellule disciplinaire pendant une semaine.
Toujours selon l’ONG, en novembre, la journaliste avait été assignée à résidence au domicile de son ex-mari. Après une dispute avec ce dernier, fin janvier, elle s’était rendue dans un commissariat et avait été à nouveau placée en détention provisoire.
Fin 2022, 533 journalistes étaient emprisonnés dans le monde selon RSF. Un record, et un chiffre bien plus important qu’en 2021 (488), année déjà historique. Le nombre de journalistes tués (57) est également en hausse, notamment à cause de la guerre en Ukraine, alors qu’il était « historiquement bas » en 2021 (48) et 2020 (50).
Par Le HuffPost avec AFP
Photo diffusée par le média indépendant russe Sota et reprise par le Comité pour la protection des journalites montrant Maria Ponomarenko au tribunal de Saint-Pétersbourg en avril 2022.
![]() |
![]() |