La répartition des implantations juives et palestiniennes en Judée Samarie

Le 15 février 2017, le Président américain Donald Trump abandonné la référence traditionnelle aux « frontières dites de 1967 » comme assiette territorial du futur Etat palestinien en prenant une certaine distance sur les moyens de régler ce qui est classiquement appelé «  le conflit israélo palestinien » : « Je regarde deux États et un État, et si Israël et les Palestiniens sont contents, je suis content avec la solution qu’ils préfèrent. Les deux me conviennent». Il a également indiqué : « Les États-Unis favoriseront la paix et un véritable accord de paix », tout en rappelant aux palestiniens qu’ils devaient se débarrasser de leur « haine à l’égard des juifs » et aux israéliens, la nécessité de faire preuve de retenue s’agissant des implantations juives en Judée Samarie.

Compte tenu des inquiétudes nées de la référence à la possibilité d’un Etat unique, l’ambassadrice des Etats-Unis à l’ONU, Nikki Haley, a immédiatement rectifié la position américaine le 16 février 2017 : « les Etats-Unis soutiennent la solution à deux Etats pour régler le conflit entre Israéliens et Palestiniens, sans écarter des alternatives ». L’ambassadrice américaine a, ainsi, supprimé toute référence à un seul Etat, sur lequel on ne connaîtrait pas les modalités d’exercice de la souveraineté.

Ainsi, pour le Président américain, juifs et palestiniens peuvent parfaitement vivre en paix, sans pour autant rattacher la configuration régionale future aux « frontières de 1967 », c’est-à-dire aux frontières occidentales de la Jordanie, fixée lors de l’annexion de la Judée Samarie par le Royaume Hachémite en avril 1950, avant d’être abandonnées, le 31 juillet 1988, lorsque Hussein de Jordanie a renoncé unilatéralement aux territoires annexés par son grand père Abdallah (même si d’aucuns souhaiteraient voir coïncider avec ces frontières avec celles de l’Etat palestinien).

Pour Naftali Bennett, Ministre de l’Education et chef du parti sioniste Foyer juif, la déclaration du Président américain doit s’apparenter à un abandon du projet de création d’un Etat palestinien en Judée Samarie : « Le drapeau palestinien a été retiré du mât ce matin, et remplacé par le drapeau israélien ». Pour lui : « Il n’y a d’ailleurs pas besoin de créer un troisième État palestinien au-delà de la Jordanie et de Gaza». (Pour autant, l’absence de prise en compte des 2.5 millions de palestiniens vivant en Cisjordanie serait grandement problématique. S’ils ne bénéficient pas d’un statut, il s’agirait d’une forme d’apartheid mettant Israël au ban des nations. S’ils sont intégrés à l’Etat d’Israël ils constituerait une menace démographique à court terme, pour l’Etat juif, qui pourrait bien cesser de l’être).

Naturellement, du côté palestinien, la référence aux « frontières de 1967 » doit rester la seule pour régler le différend de nature territorial. Pour Majed Baya, premier conseiller à la mission de l’État de Palestine auprès de l’Onu à New-York, les déclarations de Donald Trump sont parfaitement insensées, sauf à mettre ne place un Etat d’apartheid : « Il faut arrêter de croire que les États-Unis vont arriver avec une solution miracle », ajoutant « l’alternative à la solution de deux États sur les frontières de 1967, c’est l’apartheid ». Pour lui, il faut « arrêter de dire que l’on va aller chercher des idées nouvelles ».

De façon plus modérée, le ministre de la Sécurité intérieure, Gilad REdan, estime qu’il s’agit d’un « jour très important » et que « nous sommes sur le point d’ouvrir une ère nouvelle ».

En effet, les paroles de Donald Trump permettent d’entrevoir de nouvelles perspectives dans la répartition des implantations juives et palestiniennes de Judée Samarie, en vue de la création d’un état palestinien de Cisjordanie, sur la base de la réalité géographique et géopolitique. Les palestiniens contrôlent totalement ou partiellement les zones A et B de Cisjordanie, il est tout à fait possible d’organiser la Judée Samarie en aménageant une continuité territoriale (entre les différentes zones où ils vivent), c’est-à-dire une assiette territoriale unifiée formant les frontières de leur Etat palestinien de Cisjordanie. La sécurité d’Israël n’en partirait pas.

Au nord ouest de la Judée Samarie, Jenine, Tulkarem et Kalkilyah seraient reliées tout en intégrant dans l’Etat juif les implantations qui se situent au nord, au nord ouest et bien évidemment le doigt d’Ariel.

A cet endroit, l’Etat palestinien serait rétréci (au centre) pour intégrer les implantations de Shilo, Malee levonah et Eli en Israël, en face de Ariel, dans la partie occidentale des zones A et B, comme ce serait le cas pour Ofra et Bet El.

Jérusalem-Est serait internationalement reconnu à comme faisant partie intégrante d’Israël, outre la zone E1, se prolongeant vers Malee Adoumim. L’Etat juif incorporerait également les implantations situées au nord et au sud de Jérusalem.

Pour permettre une continuation territoriale de la partie nord vers la partie sud, il serait possible d’aménager un couloir contournant Malée Adoumim menant vers Bethléem. Les implantations juives situées à proximité de Bethléem seraient intégrées dans l’Etat  juif ainsi que toute celles situées au sud de la Cisjordanie.

S’agissant de Hébron, la ville (intégrant Kyriat Aba) pourrait être placée sous un statut particulier « israélo palestinien », s’agissant de la ville qui abrite la sépulture de Abraham, père des nations musulmane et juive. Ce statut constituerait un formidable message de paix pour l’ensemble des nations.

Bien évidemment, toute la zone C située à l’Est de la Judée Samarie serait intégrée dans l’Etat Juif avec toutefois un couloir entre l’implantation palestinienne située à Jéricho et le reste des territoires contrôlés par les palestiniens. L’Etat palestinien serait rétréci en son centre au niveau d’Ariel avant de s’élargir à nouveau avec un décrochement vers Jéricho.

Les palestiniens cesseraient d’être soumis à des attentes interminables aux checks point à la sortie des villes palestiniennes. Par ailleurs, des accords prévoirait la possibilité pour les juifs de prier sur le tombeau de Joseph à Naplouse ou de Rachel à Bethléem (tout comme les palestiniens se rendent pour prier à la Mosquée El Aqsa).

Les palestiniens de Jérusalem conserveraient alors leur nationalité palestinienne et aurait un statut de résidents étrangers en situation régulière, comme ce statut se rencontre dans tous les pays démocratiques confrontés à des situations similaires.

S’agissant de l’Etat palestinien de Gaza, Ismaël Hanyeh a rejeté toute proposition de normalisation des relation avec Israël, focalisé sur la nécessité impérative d’anéantir l’entité sioniste. Aussi, et lorsque le Hamas acceptera de renoncer à son objectif (et donc à lui-même), ou que les palestiniens de la bande de gaza parviendront à se libérer de l’organisation terroriste, il sera possible de créer un second Etat palestinien sur la bande de Gaza. Cet évènement arrivera, sans conteste, tôt ou tard.

Le Président américain Donald Trump est loin de faire l’unanimité aux Etats-Unis ou à l’étranger mais son ouverture d’esprit laisse envisager des perspectives encourageantes pour l’avenir de la région. Ne gâchons pas l’opportunité.

Par Maître Bertrand Ramas-Muhlbach

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