La communauté, déjà variablement ébranlée et dispersée, subit la perte de l’un de ses piliers. Nous avions eu la chance de brièvement le connaître, lors de l’aventure de « Raison Gardée », en compagnie de son alter-ego, Shmuel Trigano, avec quelques webmasters et internautes soutenant cette expérience. On reconnaissait son sens critique aiguisé, son punch de polémiqueur et ses talents d’écrivain et de critique vadrouillant inlassablement entre divers champs de compétence, des sciences politiques à la psychanalyse en passant par l’approfondissement de l’histoire juive et l’exégèse de sa pensée. Nul doute que les hommages seront nombreux…
Marc Brzustowski, pour JForum.
Héritier d’une solide éducation juive, intellectuel de talent, Raphaël Draï fut un ardent et brillant défenseur d’Israël et des valeurs juives. Sa disparition accroît encore plus l’absence de vrais référents en termes de culture juive, et nous met face à un vide dangereux dans lequel le judaïsme français s’enfonce chaque jour un peu plus.
Le judaïsme français depuis ces trente dernières années reste dans l’incapacité à renouveler ses élites intellectuelles et rabbiniques.
Dans la lignée des grands penseurs, cette disparition nous attriste à deux niveaux, la perte d’un homme d’exception d’une rare gentillesse, et le vide qu’il laisse après tant d’autres disparitions tout aussi préjudiciables pour notre communauté.
Il serait grand temps de rebâtir la Communauté Juive Française à l’exemple de ce qui fut fait dans les années 60 avec ce que l’on avait appelé l’école d’Orsay (Jacob Gordin, André Neher, Emmanuel Levinas et bien d’autres), et de prendre conscience que ce judaïsme-là a produit une pensée juive d’une rare richesse et d’une rare pertinence.
JForum adresse aux proches de Raphaël Draï, ses plus sincères condoléances, et s’associe aux hommages qui lui sont très justement rendus.
Moshé COHEN SABBAN
Le professeur Raphaël Draï, un des penseurs juifs les plus en vue sur la scène intellectuelle française, est mort vendredi à l’âge de 73 ans.
Né à Constantine en 1942, Raphaël Draï, professeur agrégé de sciences politiques, était très recherché par les médias pour ses analyses affinées, en particulier sur la situation des Juifs de France.
Homme de paix, il était également très engagé dans le dialogue interreligieux.
Ses recherches et publications étaient caractérisées par un souci de pluridisciplinarité, se souciant de faire dialoguer et résonner des univers comme ceux de la psychanalyse, du droit, des sciences politiques, de l’histoire, de la médecine et les textes de la tradition juive.
En 2014, cet auteur de nombreux ouvrages s’était lancé dans le théâtre avec INRI, le procès de Jésus.
Sur le réseau social Twitter, le grand rabbin de France Haïm Korsia a salué un homme qui, « avec brio, s’est toujours appuyé sur le judaïsme pour défendre ses thèses ».
Barouh Dayan Haemet !
Raphaël Draï est le fils de Henri Draï, comptable, et de Louise Simha Nakache3, une famille de juifs Algériens. En 1961, son père, propriétaire de cinéma, l’envoie en France, de peur que « ses fils se laissent enrôler par l’OAS ». Sa mère décède en 1965. Marié l’année suivante à Sylvia Saada, il est agrégé de sciences politiques en 1976, après une thèse en science politique à l’université Paris-1 Panthéon-Sorbonne, professeur de sciences politiques à la faculté de droit et de sciences économiques de Nancy en 1977, doyen de la faculté de droit et de sciences politiques d’Amiens en 1990 et professeur de sciences politiques à l’université d’Aix-Marseille III en 19984. Il exerce également à l’Institut d’études politiques d’Aix-en-Provence, où il est chargé d’enseignements au « master management interculturel et médiation religieuse », professeur à l’Institut d’études et de culture juive d’Aix-Marseille, directeur de recherches à l’École doctorale de recherches en psychanalyse et psycho-pathologies de l’université Paris VII – Diderot5. Revendiquant une certaine pluridisciplinarité, il mêle dans ses recherches politologie et psychanalyse4. Auteur d’une vingtaine d’ouvrages et chroniqueur de la revue L’Arche6 (avec Alain Finkielkraut), il est également membre de l’Observatoire du religieux (avec Bruno Étienne) et un spécialiste de loi hébraïque, disciple d’Emmanuel Levinas, André Neher et Éliane Amado Levy-Valensi4. Il s’est engagé en faveur du dialogue inter-religieux et donne des conférences avec l’institut inter-universitaire d’études et de culture juive7.
À la suite de la parution de Comment le peuple juif fut inventé, il a manifesté son hostilité à l’égard des thèses de Shlomo Sand, qu’il juge « unilatérales »8 et auxquelles il reproche de concourir – de même que les analyses de Noam Chomsky ou d’Élie Barnavi – à l’entreprise de déni, conduite selon lui par l’« antisionisme », des « mobiles historiques et humains dans lesquels l’État d’Israël trouve […] sa raison d’être »9. Dans cet esprit, il participe le , avec Yves-Charles Zarka et Elhanan Yakira, à une table ronde portant sur le sionisme à l’École normale supérieure, où d’après lui « jusqu’à présent seules les thèses […] de Shlomo Sand […] avaient eu cours », mais il est empêché de parler par des manifestants pro-palestiniens8.
fr.wikipedia.org/wiki/Raphaël_Draï
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[…] psychanalyse et psycho-pathologies de l’université Paris VII – Diderot… Lire la suite : Hommage à Raphaël Draï za’l, décédé le 17 juillet (Source : JForum) A lire aussi : Hommage à Raphaël Draï za’l, décédé le 17 juillet […]
Une mémoire sur nos origines communes vient de disparaître. Merci de nous avoir laissé autant d’ouvrages.
Condoléances à sa famille
Raphaël un grand et brillant monsieur, ami de jeunesse à Constantine . Lui éclaireur israëlite de France, moi scout catholique de France et avec nous malgré la guerre, des scouts musulmans de France….. Notre » terrain de réflexion » les rassemblements scouts inter religieux encadrés par des chefs qu’on ne peut oublier : Gérard Mamann, Yves Garès, Atmane Allouache…… scout un jour , scout toujours .
La chance de l’avoir retrouvé comme prof de mon fils à Sc-po Aix et contribué à lui faire rencontrer des amis communs de notre ville natale quand il écrivait sur sa jeunesse et sa famille « le pays d’avant ».
Avec tous tes parents, tes amis d’ici, les « anciens du Rocher » sont très tristes . Paix à ton âme Ami .
Jean Paul SPINA
C’est avec tristesse que nous apprenons le décès de Mr Raphael Dray.
Auteur de nombreux ouvrages, il a participé à plusieurs reprises aux universités d’été du centre Darius Milhaud à Aix en Provence.
Ca disparition est une perte pour toute sa famille et pour la communauté juive.
Entant que Présidente du Centre Darius Milhaud Veronique Egea et le conseil d’administration , nous présentons à son épouse et à ses enfants toutes nos condoléances.