La ville de Troyes est très fière de son moyen âge, et de ceux qui ont fait sa renommée dont Rabbi Chlomo Itsh’aki dit Rachi. Il a retrouvé la lecture qui devait être faite de la bible et du talmud, précurseur en médecine, esprit ouvert, même aux femmes savantes, ses écrits sont devenus indispensables à tous ceux qui veulent retrouver la bible des hébreux, ou le champenois du moyen âge.
Ce qu’on sait sur sa vie
(*) Rachi est né à Troyes, probablement en 1040, certains annoncent même le 22 février, et a quitté ce monde le 13 juillet 1105 à 65 ans dans cette même ville, et aurait été enterré dans le cimetière rue de Preize, qui a été détruit au XVI ième siècle, et on ne sait pas ce que sont devenues ni ses cendres, ni la stèle funéraire. Certaines traditions veulent qu’il ait décidé de partir mourir en terre sainte, et qu’il serait mort en chemin. Léon Askenazi dit que plus de 200 rabbins disciples de Rachi, des « Tossafots », seraient partis y vivre, mais que le peuple ne les aurait pas suivi.
On est sûr de la date de sa mort, car un manuscrit du XIIIe siècle conservé à la Bibliothèque nationale de France comporte ainsi une partie du texte de la Torah (les trois derniers livres), suivi du commentaire de Rachi.
Il se termine par : « L’illustre rabbi Salomon fils du saint Isaac le Français est mort en l’an 4868, le 29 Tammouz, cinquième jour [jeudi], à l’âge de 65 ans. » Cette date se trouve également dans le manuscrit de Parme (de Rossi 175) conservé à la Bibliothèque Palatine (daté de l’année 1305).
Il ne parle que d’une fois de son père qu’il nomme «Saint Rabbi Isaac».
Rabbenou Guershom ben Yehouda, de Mayence était surnommé «Méor hagola» lumière de l’exil, (960-1028) il tenait la plus grande université juive de son temps, l’oncle de Rachi avait étudié longuement auprès de lui, et c’est probablement lui qui a poussé Chlomo à aller à Schoum faire ses universités âgé de 18 ans, compte tenu de sa scolarité brillante. On dit que Rabbenou Chlomo ben Isaac : Rachi, notre maître Salomon fils d’Isaac est né la même année que Rabbenou Guershom est décédé.
ש =CH = Shpira Speyer en allemand, Spire en français ו= V ou O = Warmaisa Worms en allemand et français ם = M(final) de Magenza, Mainz en allemand et Mayence en français
« SchOUM » = שום
Rachi a été six ans élève des disciples de Rabbénou Guershom à Mayence et à Worms dont Rabbi Yaakov Benyakar de Mayence qu’il suivra jusqu’au bout, et d’autres rabbins illustres avec qui il restera en relation épistolaire jusqu’à ce que la mort les sépare.
Après dix ans passés en Allemagne, il revient vivre à Troyes et n’a jamais quitté cette ville, malgré les nombreuses légendes qui l’entourent, on décrit ses exploits à Pragues, où il aurait fabriqué et possédé une potion magique, que sa femme aurait trouvé pour le ressusciter .
Il s’est marié, mais on ignore le nom de sa femme, Sylvie Weil dans son roman « Les vendanges de Rachi » la nomme Précieuse. Pourquoi pas ? on sait que Rachi parlait le champenois, il a eu quatre filles :
Belassez (belle assez !) ou Rachel mariée à un Eliézer-Jocelin
Yokheved mariée à Méir ben Samuel, eux même parents de Rabénou Tam de Ramerupt (1100-1171) et grands parents d’Isaac de Dampierre (1120-1195) dit le Ri
Shemaïa
Myriam mariée à Judah ben Nathan qui furent les arrière grands parents de Judah de Paris, Sire Léon (1166-1224)
Par ce qu’il n’a pas pu avoir de garçon, il a donné une instruction très solide à ses filles, et les a marié à ses meilleurs disciples. (Ce qui n’a pas empêché un divorce ! )
Ses descendants directs ont formé à Ramerupt, et ailleurs des écoles qui ont continué son œuvres jusqu’à l’exil de France sous Philippe le Bel, on appelle cette école les « Tossafots » תופסות ceux qui ajoutent, Rabénou Tam en a été le plus célèbre, leurs commentaires doublent le volume des originaux de Rachi.
Il a fondé une école talmudique qui attira rapidement des élèves de toute l’Europe. Malgré sa renommée, il refusait de tirer profit de sa charge de rabbin et aurait gagné sa vie comme vigneron, ainsi qu’il transparaît dans un de ses responsa, où il s’excuse de sa brièveté, étant pris par les vendanges. Toutefois, une thèse récente l’imagine plutôt médecin, mais on peut aussi imaginer qu’il fut l’un et l’autre, mais à temps partiel, car la richesse de ses travaux sur la bible et le talmud ne devait pas lui laisser beaucoup de temps pour faire autre chose.
Il écrivait avec des lettres cursives, proches des caractères imprimés traditionnels, et cette écriture se nomme Rachi, en son honneur, mais elle est bien plus ancienne que lui. Je me suis exercé à la lire, et ce n’est pas trop difficile. Dans les vieux livres de prière, les textes sont en écriture carrée, mais les indication du genre « On se lève », ou « ne se dit que le shabbat et les fêtes » est souvent écrite en caractère Rachi.
On remarque dans l’extrait du lévitique (Paracha Tazria) ci dessous des « Laazim » ou mots en français , qui se remarquent par les deux crochets dans le texte, on peut lire : Ch(é)ni »mnit = Sainement * R(e)iiti »chmnt = rétrécissement D(é)ii »trir = détruire
Les juifs de Troyes furent protégés par le Comte de Champagne, et les hordes de croisés en route pour Jérusalem épargnèrent la Champagne, mais hélas, il en fut autrement en Rhénanie, où malgré la protection des évêques, les soudards massacrèrent les communautés de la vallée du Rhin. Rachi perdit ses maîtres et ses amis. A suivre