Qui est Navarro, l’homme des droits de douanes de Trump

Droits de douane : qui est Peter Navarro, l’homme derrière la guerre commerciale de Donald Trump ?

Etats-Unis: Elon Musk n’a pas hésité à le traiter publiquement d' »idiot », mardi, cet économiste de 75 ans, critiqué pour le sérieux de ses travaux, est notamment connu pour ses positions anti-Chine.

Pour le milliardaire Elon Musk, c’est « un idiot » ; pour Donald Trump, c’est le conseiller en qui il place sa confiance pour élaborer sa politique commerciale. Ces derniers jours, les places financières mondiales s’inquiètent des répercussions sur l’économie de la guerre des taxes menée par les États-Unis. Un scénario calculé de longue date par un proche du président américain, fervent défenseur du protectionnisme et des tarifs douaniers : Peter Navarro. Mais qui est cet homme de 75 ans, faucon anti-Chine, impliqué dans les événements du 6 janvier 2021, qui compte parmi les plus proches conseillers de Donald Trump ?

Fin 2024, en pleine course à la présidentielle, la presse américaine s’inquiétait déjà du possible retour de l’ancien conseiller commercial de Donald Trump à la Maison-Blanche. Et pour cause, cet économiste formé à Harvard est connu pour ses positions en faveur de mesures commerciales agressives, telles que les surtaxes, peu rassurantes pour les marchés.

Pamphlets anti-Chine

Pour ne rien arranger à sa popularité, à l’heure où les États-Unis se questionnent sur la pertinence de la stratégie commerciale de Donald Trump, des révélations dans la presse ont récemment remis en cause la crédibilité de ses thèses. Dans une longue vidéo intitulée « L’histoire réelle et ridicule derrière le plan tarifaire qui a fait de Donald Trump une catastrophe mondiale », visionnée des milliers de fois, une journaliste de la chaîne MSNBC, proche du camp démocrate, ressort des éléments fantaisistes du parcours de l’économiste.

À commencer par sa participation incongrue à l’élaboration du programme de Donald Trump. En 2015, en pleine campagne, le milliardaire charge son gendre, Jared Kushner, de trouver un conseiller économique qui puisse coller avec ses positions anti-Chine : ce sera Peter Navarro. Dans une enquête publiée quelques années plus tard, Vanity Fair raconte les détails de la rencontre entre les deux hommes : Jared Kushner était en fait tombé sur les écrits de Peter Navarro sur Amazon, en particulier sur son livre Death by China (Mort à cause de la Chine).

Après plusieurs voyages en Asie, Peter Navarro a effectivement publié plusieurs pamphlets contre Pékin, comme The Coming China Wars (Les guerres de Chine à venir), ouvrages qui seraient aujourd’hui parmi les favoris de Donald Trump.

À l’époque, ce dernier « a appelé spontanément Navarro – réputé comme un farouche opposant au déficit commercial – qui a accepté de rejoindre son équipe en tant que conseiller économique. Au moment de son arrivée, Navarro était alors le seul conseiller économique de la campagne », révèle Vanity Fair.

Passage chez les démocrates

Bien qu’il soit aujourd’hui associé au Parti républicain, l’économiste a d’abord fait un passage chez les démocrates en Californie, qui l’ont notamment soutenu dans sa candidature à la mairie de San Diego, en 1992. Il se prononçait alors en faveur de l’environnement, des droits des homosexuels, et de l’avortement, indique Politico.

À mesure que l’économiste a pris de l’importance sur la scène politique, certains se sont intéressés à la fiabilité de ses travaux, et ont découvert… qu’il inventait des sources. Ainsi, « l’expert » Ron Vara, cité à plusieurs reprises dans ses ouvrages pour des propos anti-Chine, n’est autre que l’anagramme de… Peter Navarro lui-même.

Si bien que l’intéressé est loin de faire l’unanimité, y compris dans son propre camp. Le milliardaire Elon Musk, plus favorable que lui au libre-échange, l’a ainsi publiquement traité « d’idiot » mardi 8 avril. « Navarro est plus bête qu’un sac de briques », a cinglé le patron de Tesla et SpaceX sur X, après que le conseiller au commerce de Donald Trump a jugé que Tesla était un « assembleur », et non un « constructeur automobile ».