Quand la politique de gauche infiltre Tsahal
Tensions dans les réserves israéliennes
Israël : des réservistes s’opposent à la poursuite des combats
Alors que le conflit entre Israël et le Hamas continue de faire rage dans la bande de Gaza, une vague de contestation inédite émerge au sein même de l’armée israélienne. Des centaines de signataires, principalement des officiers à la retraite et des soldats de réserve, ont adressé une lettre aux plus hautes autorités militaires pour exprimer leur opposition à la poursuite de la guerre, estimant qu’elle ne sert plus les intérêts sécuritaires du pays mais plutôt des objectifs politiques.
Un appel à suspendre le volontariat
Au cœur de la lettre, les signataires demandent la suspension du service volontaire dans la réserve si le gouvernement venait à persister dans trois démarches précises : la reprise des opérations militaires à Gaza sans objectif clairement défini, la révocation du conseiller juridique du gouvernement Gali Baharav-Miara, et le limogeage du directeur du Shin Bet, Ronen Bar. Les auteurs affirment que ces mesures mettraient en péril la stabilité institutionnelle du pays et détourneraient l’armée de sa mission première.
Par ailleurs, une autre lettre, publiée en ligne, va encore plus loin. Elle réclame la fin immédiate des combats afin de permettre le retour des otages israéliens retenus à Gaza. Selon ce texte, la poursuite des opérations militaires compromet non seulement la sécurité des soldats de Tsahal et des civils, mais aggrave également la situation des personnes enlevées. Les auteurs estiment qu’un accord diplomatique est la seule solution réaliste pour obtenir leur libération.
Une initiative qui inquiète le commandement militaire
Face à cette fronde, les plus hauts responsables de l’armée israélienne se sont mobilisés. Le chef d’état-major Eyal Zamir, ainsi que le général de division Tomer Bar, commandant de l’armée de l’air, ont entrepris une série de discussions avec des réservistes encore en service actif afin de les convaincre de retirer leur signature de la lettre. Leur objectif est clair : empêcher la diffusion publique du document et limiter son impact sur la cohésion des forces armées.
Selon une source de l’armée de l’air citée par le journal Maariv, les principaux initiateurs de la lettre sont d’anciens officiers aujourd’hui à la retraite. Néanmoins, quelques dizaines de réservistes actuellement mobilisés figureraient également parmi les signataires. Ces derniers sont donc directement ciblés par les efforts de dissuasion menés par le commandement militaire.
Des réunions ont été organisées entre les chefs militaires et certains des leaders du mouvement contestataire. Lors de l’une d’elles, le chef d’état-major aurait brièvement rejoint les échanges pour insister sur les risques que ces prises de position font peser sur l’unité des forces israéliennes en temps de guerre.
Une pression en coulisses
Cette lettre n’est pas un acte isolé. Le mois précédent, la chaîne israélienne Channel 13 révélait l’existence d’un forum discret composé d’environ 25 anciens hauts responsables de la sécurité israélienne. Ce groupe, qui rassemble d’anciens cadres du Mossad, du Shin Bet et de l’état-major, se positionne contre la destitution du conseiller juridique du gouvernement, soulignant la sensibilité de l’équilibre des pouvoirs en temps de crise.
L’ancien directeur du Mossad, Ephraim Halevi, en faisait notamment partie. Il aurait déclaré à un autre général, en mars dernier, que cette initiative était le fruit de discussions sérieuses menées par des individus d’expérience, profondément préoccupés par les orientations actuelles du gouvernement.
Une armée en tension
Ces initiatives, bien que non représentatives de l’ensemble de l’armée israélienne, révèlent une fracture grandissante au sein des sphères militaires et sécuritaires. Si les forces de Tsahal continuent leurs opérations, la remise en question de leur bien-fondé par une partie de leurs anciens membres soulève des interrogations sur la stratégie politique menée à long terme.
L’armée israélienne, soucieuse de préserver sa discipline et sa capacité opérationnelle, s’emploie à minimiser la portée de cette fronde. Mais le simple fait qu’un tel mouvement ait vu le jour, dans un pays où le lien entre les citoyens et l’armée est traditionnellement fort, témoigne d’une profonde inquiétude sur les objectifs et les conséquences de la guerre en cours.
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