Rébellion du ministre de la Défense sur le service des ultra-orthodoxes

Une scène rarissime s’est déroulée lundi soir à la Knesset. Le ministre de la Défense Yoav Gallant a voté contre la ligne de son propre parti et de la coalition gouvernementale sur un projet de loi très sensible concernant le service militaire des étudiants des yeshivas ultra-orthodoxes.

Malgré sa voix discordante, le texte controversé a été adopté par 63 voix contre 57. Il vise à relancer la réforme de 2022 visant à intégrer progressivement les jeunes hommes haredim au service sécuritaire obligatoire, avec des aménagements comme un service civil ou raccourci.

En quittant immédiatement l’hémicycle après son vote, M. Gallant a été applaudi par l’opposition mais aussi par le député d’extrême-droite Almog Cohen, resté fidèle à la coalition malgré les pressions. Les leaders de l’opposition ont appelé d’autres élus de la majorité à suivre l’exemple du ministre.

Le chef de l’opposition Yaïr Lapid a dénoncé un vote « méprisable » envers les combattants de Tsahal alors que l’armée réclame 15 nouveaux bataillons face à la dégradation sécuritaire. « Où allons-nous les trouver si ce gouvernement encourage l’exemption du service ? » a-t-il lancé.

Le projet de loi soulève en effet la vive opposition des partis laïcs, ulcérés par le refus persistant d’une partie du monde orthodoxe de rejoindre les rangs. « Tout cela n’a rien de juif, c’est antisioniste ! » a tonné Avigdor Lieberman d’Israël Beitenou.

Les défenseurs du texte considèrent au contraire cette réforme comme un compromis nécessaire pour obtenir une meilleure implication des ultra-orthodoxes, crucial selon eux pour renforcer les capacités sécuritaires d’Israël.

Au-delà des divergences de fond, cet épisode illustre les fortes tensions au sein de la coalition de Benjamin Netanyahu, déchirée entre son aile laïque et ses partenaires religieux. La rébellion du ministre de la Défense pourrait présager d’autres soubresauts à venir sur ce dossier ultrasensible.

Au final, ce projet de loi tant débattu vise à ouvrir de nouveaux viviers de recrutement cruciaux pour les forces armées et de sécurité israéliennes. En imposant progressivement une obligation de service aux jeunes hommes ultra-orthodoxes, que ce soit au sein de bataillons spécialement créés pour eux ou dans des postes de service civil, le texte devrait permettre d’injecter des milliers de nouvelles recrues.

Face à la dégradation de la situation sécuritaire, notamment depuis le regain de violences d’octobre dernier, les besoins en effectifs supplémentaires sont considérables selon l’état-major. Cette réforme, aussi controversée soit-elle au sein de la société israélienne, apparaît donc comme une nécessité aux yeux des partisans du projet.

En intégrant davantage la communauté haredi au prix d’accommodements comme des parcours de service aménagés, les autorités espèrent ainsi combler les manques capacitaires dénoncés. Un apport en personnels substantiel qui reste indispensable pour maintenir les niveaux d’opérationnalité des forces israéliennes.

S’il divise profondément, ce débat reflète les enjeux de la difficile équation que doit résoudre l’État hébreu : concilier l’impératif sécuritaire avec la préservation de l’équilibre entre ses différentes composantes sociétales. Une équation qui pourrait bien se heurter à d’autres soubresauts politiques après cette première fronde d’un poids lourd du gouvernement.

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Joseph

Sur ce problème, Gallant a raison et le Likoud risque de le payer, si la loi est actee. En effet, l’exemption des ortes n’est plus possible aujourd’hui et cette guerre vient de le prouver, cette exemption scandaleuse empêche l’armée israélienne de mener une action au nord faute d’effectifs suffisants, il y a actuellement des soldats sous les drapeaux depuis 8 mois,, qui ne peuvent être relevés, tandis, que des jeunes orthodoxes en âge de défendre leur pays se la coulent douce et le prétexte de la religion, pour ne pas aller en guerre est fallacieux, car si ces jeunes connaissaient très bien la Torah, ils sauraient, qu’il y a un texte toranique, qui commence par « lorsque, tu partiras en guerre », pourquoi certains rabbins le rappellent pas.