Poutine brandit la menace d’un conflit avec l’Occident par pays interposés
Invasion russe. Le président russe a menacé de livrer des armes à des pays tiers pour frapper les intérêts occidentaux, lors d’une conférence de presse.
Par Aurélien Tillier avec AFP
Un affrontement entre Moscou et l’Occident par pays interposés ? C’est ce qu’a suggéré en substance Vladimir Poutine lors d’une conférence de presse ce mercredi 5 juin, en marge du Forum économique de Saint-Pétersbourg. « Si quelqu’un considère possible de fournir de telles armes dans la zone de combats pour frapper notre territoire […], pourquoi n’aurions-nous pas le droit de fournir nos armes du même type dans des régions du monde où seront frappées les installations sensibles des pays qui agissent ainsi contre la Russie ? », a lancé le dirigeant, sans préciser de quels pays tiers il parlait.
Il faisait référence à la possible utilisation par l’armée ukrainienne d’armes occidentales pour frapper des positions et des bases arrière russes installées sur le sol russe. Un pas que souhaite franchir Kiev et qui divise l’Occident. Si la France, l’Allemagne et les Etats-Unis y sont désormais favorables, l’Italie, membre de l’Otan, reste réticente, par peur de provoquer une escalade militaire.
Vladimir Poutine a également réaffirmé que des instructeurs militaires occidentaux « se trouvent déjà en Ukraine » sous l’apparence de « mercenaires » et « y subissent des pertes ». Pertes sur lesquelles « les Etats-Unis et les Etats européens préfèrent garder le silence », selon lui.
Emmanuel Macron a récemment annoncé qu’il envisageait d’envoyer des instructeurs militaires en Ukraine pour accélérer la formation des soldats ukrainiens, jugée trop lente et affaiblissant la résistance du pays. Le président français, qui recevra Volodymyr Zelensky vendredi à Paris, a même dit qu’il réfléchissait à former une coalition européenne dans ce but. Le Kremlin, agacé, n’avait pas tardé à répondre. « Aucun instructeur s’occupant de la formation des militaires ukrainiens n’a d’immunité » face aux frappes, a déclaré mardi 4 juin le porte-parole du Kremlin, Dmitri Peskov. « Peu importe qu’ils soient Français ou non ». Les Etats-Unis, de leur côté, ont écarté toute présence militaire en Ukraine.
Poutine se dit prêt à négocier
Dans cette conférence de presse de trois heures, Vladimir Poutine a répété qu’il était prêt à s’asseoir à la table des négociations et que le meilleur moyen d’arrêter la guerre était que les Occidentaux « cessent de livrer des armes » à l’Ukraine. « Fournir des armes à une zone de conflit est toujours une mauvaise chose. Surtout quand les fournisseurs ne se contentent pas de fournir des armes, mais qu’ils les contrôlent. C’est une mesure très grave et très dangereuse », a-t-il déclaré.
Il a aussi minimisé le nombre de soldats russes tués en Ukraine et a prétendu que le nombre de militaires ukrainiens morts au combat était cinq fois plus élevé. Même ratio, d’après Vladimir Poutine, pour les prisonniers de guerre. Selon lui, la Russie détient actuellement 6 465 soldats ukrainiens, contre 1 348 soldats russes prisonniers en Ukraine. Or, ces chiffres sont bien inférieurs aux estimations occidentales. De nombreux experts parlent de plusieurs dizaines de milliers de soldats russes tués. La BBC et le média russe indépendant Mediazona affirment avoir vérifié la mort d’au moins 50 000 militaires russes depuis le début de la guerre en Ukraine, en février 2022. Côté ukrainien, Volodymyr Zelensky a fait état en février dernier de 31 000 morts, mais des sources officielles américaines parlaient déjà de 70 000 soldats tués en août 2023.
« Pas d’ambitions impériales »
Le chef du Kremlin s’est aussi défendu de toute ambition impériale. Alors que la Russie n’a pas été invitée aux commémorations du 80e anniversaire du débarquement allié en Normandie, il a redit qu’il ne comptait pas attaquer l’Otan, dont plusieurs membres sont des pays frontaliers, comme la Finlande ou l’Estonie.
Interrogé par l’AFP sur la présence des drapeaux de la Russie contemporaine, de la Russie impériale et de l’URSS devant le siège de Gazprom, où la conférence de presse, avait lieu, Vladimir Poutine a répondu : « Ne cherchez pas nos ambitions impériales. Elles n’existent pas ». Et d’ajouter : « On invente comme quoi la Russie veut attaquer l’Otan […] Qui a inventé cette absurdité ? Des conneries », feignant d’ignorer qu’il a nié pendant des mois qu’il préparait une offensive militaire contre l’Ukraine, avant de lancer son assaut le 24 février 2022.
Si le Kremlin dément vouloir recréer son empire perdu, Moscou a annexé cinq régions ukrainiennes et de nombreux responsables russes, dont Vladimir Poutine, pointent le fait que celles-ci appartenaient, il fut un temps, aux empires russes et soviétiques.
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Si pour POUTINE les territoires ex soviétiques appartiennent à la RUSSIE
que devrait dire ISRAEL qui avait toute la Palestine Jordanie inclue