Post-scriptum: L’affaire Sarah Halimi au pays du “plus jamais ça??”
Par le Dr Paul Leslie
S’empressant de se solidariser publiquement avec ceux et celles des citoyens juifs de la RFA qui se trouvent ciblés par des actes antijuifs graves (à la différence de leurs homologues allemands, qui se sont abstenus jusqu’ici de faire des déclarations officielles au sujet des crimes antijuifs commis en France), les représentants officiels du CRIF ont fait publier ce Communiqué du 10 octobre 2019 :
La Communauté juive d’Allemagne a été frappée par une attaque terroriste pendant Yom Kippour contre la synagogue de Halle.
Le Crif demande aux autorités allemandes le renforcement des mesures de protection des institutions de la Communauté juive allemande ainsi que la dissolution des groupes néo-nazis. …
Le Crif adresse son soutien et sa solidarité à la Communauté juive d’Allemagne et sa compassion aux familles des victimes.
Il est tout à fait compréhensible que plusieurs organes des médias, aussi bien juifs que non juifs, ont assuré une couverture soutenue de cette tentative d’attentat antijuif. D’autant plus qu’il n’y avait pas de présence policière et que, par conséquent, les fidèles étaient tous seuls à se protéger, à faire tous les efforts possibles pour empêcher l’antisémite meurtrier de pénétrer dans leur synagogue, tout en étant obligés d’attendre trop de temps avant l’arrivée d’agents de police ce jour de Yom Kippour. (Il reste à espérer que les pouvoirs publics ne tarderont pas à remédier aux carences constatées dans la gestion du déploiement des forces de l’ordre dans ce domaine, en y apportant des améliorations significatives et assurant l’allocation de moyens suffisants, aussi bien sur le plan national qu’au niveau territorial.)
N’empêche qu’une couverture médiatique plus étendue de l’incident produit le vendredi 4 octobre, en fin d’après-midi, et surtout de certaines décisions discutables prises les représentants des autorités judiciaires de Berlin aurait été également souhaitable. Après avoir franchi une barrière de sécurité installée devant la synagogue d’Oranienburger Straße, un demandeur d’asile, armé d’un couteau, avait couru vers les forces de sécurité. Il avait crié « Allahu akbar » et « J’em **** Israël ». Puisqu’il avait refusé de lâcher son couteau, d’autres policiers ont utilisé des gaz lacrymogènes contre l’assaillant potentiel et l’ont mis en arrestation – pour se trouver obligés ensuite de le remettre en liberté. Il n’y aurait aucun motif susceptible de justifier sa détention, aux yeux du Ministère public (Staatsanwaltschaft) de Berlin.
Et pourtant, selon les dispositions du Code pénal de la RFA, comme selon celles de plusieurs autres pays, ce ne sont pas que des menaces explicites qui tombent sous le coup de la loi. Est également prévue la punition d’actes, de séries d’actes, de comportements menaçants susceptibles de créer une situation dans laquelle les personnes visées ont de bonnes raisons de croire que leur sécurité physique sera mise en danger et/ou que des délits graves seront commis contre leurs biens. Comment donc le brandissement d’une arme ne constituerait-il pas un acte criminel? N’y aurait il vraiment pas de danger que cet individu répète sa tentative de pénétrer dans une synagogue, ou bien qu’il décide de commettre un crime antijuif (les risques de récidive figurant parmi les critères qui justifient la détention provisoire ou préventive)?
Parmi les articles les plus détaillés qui traitent de cet incident, il y a celui du Berliner Morgenpost paru le 8 octobre 2019 – «Attaque contre une synagogue : homme interné en psychiatrie» (« Angriff auf Synagoge : Mann in Psychiatrie ») On y append une information, à première vue , rassurante, du moins en apparence – mentionnée aussi dans le compte rendu paru dans Tagesschau.de le 23 octobre. . Mais pour combien de temps cet agresseur antijuif potentiel, sans antécédents judiciaires, va-t-il rester interné ? Les responsables du Zentralrat der Juden in Deutschland, ont fait émettre, le 7 octobre, un communiqué qui dénonce la remise en liberté rapide de celui-là, tout en qualifiant cette décision d’«incompréhensible» («unfaßbar »).
Dans un texte récent signé par Barbara Lefebvre, paru le 7 novembre dans le Causeur, l’auteur regrette amèrement l’inaction blâmable des décideurs de la République française à l’époque où les «territoires perdus (ou en voie d’être «perdus»)» étaient bien moins nombreux : «Tout cela révélait que la République, la nation était en perdition depuis les années 1990, qu’il fallait agir pour punir, traquer les islamistes et les mafieux de ces territoires quand ils étaient encore assez minoritaires.»
Qu’on soit complètement d’accord ou non avec le bilan qu’elle dresse d’évolution socio-politique de la France depuis l’émergence des problèmes dont traite l’ouvrage collectif maintenant publié en 2002, on ne saurait nier la justesse de beaucoup de ses observations. Lesquelles se rapportent à un phénomène qu’on ne constate pas uniquement en France et dans certaines régions francophones de l’Europe – et dont l’impact de certains aspects s’accentue de plus en plus depuis l’adoption en Allemagne d’une nouvelle politique d’asile et d’immigration mal préparée et mal gérée.
Si, par ailleurs, on compte parmi les facteurs qui jouent un rôle majeur dans la précarisation grandissante, sur le plan sécuritaire, de plusieurs communautés juives européennes certaines dérives judicaires qu’il y a lieu de dénoncer sans réserve – indulgence dans les peines imposées aux criminels violents appartenant à certaines sections ou catégories de la population, tentatives abusives d’invoquer des expertises psychiatriques douteuses pour dispenser certains individus des conséquences pénales de leurs actes criminels, etc.
Il y a de bonnes raisons de reprocher à bon nombre des décideurs et des représentants des communautés juives allemandes une certaine myopie (voire un certain égoïsme). Ne serait-il pas grand temps qu’ils pensent enfin à faire cause commune avec leurs homologues juifs français -et autres – en s’associant à des initiatives menées tant sur le plan national qu’au niveau européen? Dont l’objectif principal serait de lutter pour que soient minimisées dans la mesure du possible les dérives judiciaires évoquées plus haut.
De telles initiatives ne portent nullement atteinte aux valeurs indispensables que représentent la séparation des pouvoirs et de l’indépendance de la magistrature. Dans toute démocratie libérale, aussi bien membres de l’exécutif que législateurs sont soumis à l’obligation absolue ne pas intervenir quand il s’agit de déterminer l’innocence ou la culpabilité d’une personne accusée d’un crime ou délit ou bien, selon les circonstances, le caractère – criminel ou non – de l’acte ou des actes à l’origine d’une mise en inculpation. En revanche, ils ont le droit non seulement de commenter, mais, le cas échéant, d’intervenir dans le cas de comportements abusifs au sein de la magistrature, à condition de se conformer aux principes démocratiques.
Par le Dr Paul Leslie
Staatsanwaltschaft Berlin
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