Pour la première fois dans l’histoire militaire d’Israël
Tsahal autorise la barbe
Une réforme historique dans les rangs de Tsahal : la barbe désormais autorisée sans restriction. Pour la première fois depuis sa création, l’armée israélienne (Tsahal) autorise tous ses soldats, sans distinction, à se laisser pousser la barbe sans avoir à obtenir une permission spéciale. Ce changement marque une évolution majeure dans les règles encadrant l’apparence militaire et illustre une reconnaissance accrue de l’identité religieuse et culturelle des soldats au sein de l’armée.
Cette réforme, fruit de longues années de mobilisation, a été portée par l’organisation Torat Lehima et la députée Keti Shitrit, membre du Likoud. Elle répond notamment à une demande formulée un an plus tôt par des soldats de la brigade Golani, réputée pour son engagement et son identité forte. Ces soldats souhaitaient pouvoir porter la barbe, non seulement pour des raisons religieuses, mais aussi comme marqueur d’identité personnelle et collective.
Jusqu’à présent, la réglementation militaire imposait à tout soldat souhaitant porter la barbe de faire une demande officielle, souvent soumise à des critères religieux ou médicaux stricts, et à l’approbation de la hiérarchie. Cette pratique était jugée discriminatoire par de nombreux militaires et militants, qui dénonçaient un processus inutilement bureaucratique.
Selon les nouvelles directives, la barbe est désormais considérée comme compatible avec l’image et la discipline militaire, à condition qu’elle reste conforme aux standards d’apparence de Tsahal. Cela signifie qu’elle doit être propre, soignée et ne pas nuire au port de l’équipement de protection.
Une victoire symbolique pour les défenseurs de l’identité juive
L’organisation Torat Lehima, très impliquée dans les affaires religieuses au sein de l’armée, a salué une victoire historique. « L’armée israélienne est une armée juive », a-t-elle déclaré, soulignant que ce changement intervient dans un contexte où l’identité du peuple juif est, selon elle, de plus en plus remise en question. Elle a remercié la députée Shitrit, décrite comme une « partenaire infatigable », ainsi que les ministres Israël Katz (Défense) et Yariv Levin (Justice) pour leur soutien déterminant dans cette réforme.
De son côté, la députée Shitrit a qualifié cette mesure de « correction historique ». Dans une déclaration émotive, elle a insisté sur le fait que le port de la barbe, « symbole juif fondamental », ne devrait pas être entravé par des procédures administratives obsolètes. Elle a également exprimé sa gratitude envers les acteurs de terrain qui ont œuvré en coulisses pour faire avancer cette cause, notamment le rabbin Aviad Gadot, Itai Asman de Torat Lehima, ainsi que Gilad le Barbu, militant emblématique du mouvement.
Fin d’une bataille de dix ans
La lutte pour faire évoluer cette réglementation ne date pas d’hier. Plusieurs personnalités, dont le ministre Amichai Eliyahu, soutiennent ce combat depuis près de dix ans. Gilad, surnommé « le Barbu », s’est particulièrement illustré dans cette bataille. Il a salué une « journée historique », d’autant plus symbolique qu’elle intervient à l’approche de Pessah, une fête juive centrale. Pour lui, cette réforme libère « des dizaines de milliers de soldats » et permet enfin aux commandants de se concentrer sur l’essentiel : les opérations et la sécurité, plutôt que l’apparence des militaires.
Il a également adressé ses remerciements à ses compagnons de route, notamment Yochi Baruch et Bar Pinto, qui ont participé à la mobilisation. Ce changement, selon lui, met un terme à une forme de discrimination qui, bien que subtile, pesait lourdement sur les soldats attachés à leur identité.
Une réforme à la croisée des valeurs
Ce nouveau règlement allie exigences militaires et respect des convictions individuelles. Tout en veillant à maintenir une image professionnelle et cohérente de l’armée, Tsahal reconnaît l’importance pour ses soldats de pouvoir affirmer leur identité, notamment religieuse, dans le cadre du service national.
Ce geste, au-delà de sa portée symbolique, est aussi un signal de cohésion adressé aux troupes en temps de guerre : il montre que l’institution est à l’écoute de ses soldats, même sur des sujets considérés longtemps comme secondaires. Une approche plus humaine de la discipline militaire, qui pourrait inspirer d’autres changements dans les années à venir.
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