« Plus il y a d’informations et plus se répand le mensonge »

L’attaque du Hamas le 7 octobre, peut-elle être lue comme une attaque contre l’Occident ?

Les massacres du 7 octobre sont d’abord une attaque contre les Juifs. Pas les Israéliens, les Juifs. Femmes violées et éventrées, couples brûlés vifs, enfants décapités, vieillards suppliciés, jeunes gens qui faisaient la fête pourchassés comme du gibier et exécutés avec des hurlements de joie : c’est un immense pogrom minutieusement planifié qui délivrait à toute la population un message génocidaire. Le Hamas n’incarne pas la cause palestinienne, il l’assassine. L’objectif déclaré de ce prétendu mouvement de libération national est de purger la terre musulmane de toute présence juive. J’entends dire partout que Gaza est une prison à ciel ouvert, mais qui est le geôlier, qui a confiné les habitants sinon le Hamas en choisissant, après le retrait israélien, la voie du djihad au lieu de consacrer l’argent qu’il perçoit et celui qu’il reçoit à bâtir un petit Singapour ? Je suis le premier à dénoncer la colonisation rampante de la Cisjordanie par Israël. Cette politique est mortelle pour les deux peuples. Mais toutes les implantations juives de Gaza ont été démantelées en 2005. C’est donc à la décolonisation de son territoire que le Hamas a répondu par la violence illimitée. Et cette violence s’est abattue d’abord sur les kibboutzim, ces hauts lieux de la gauche israélienne. Pour que nul ne se méprenne sur la nature et la réalité de leur combat, les terroristes ont ciblé prioritairement les bastions du camp de la paix. En guise de résistance, une volonté d’extermination était ici à l’œuvre.

De quelle nature est la tragédie actuelle ? Assistons-nous au retour de nos vieux démons ? 

Le livre de Jean-Pierre Obin, Les Profs ont peur, s’ouvre sur cet aveu d’un enseignant à un président de région venu assister à son cours d’histoire : « Oui, monsieur le président, je viens de faire un cours sur Hitler et le nazisme sans parler des Juifs. C’est vrai, mais voyez-vous, je n’ai pas envie de trouver ma voiture vandalisée comme la dernière fois. Je dois être prudent, j’ai une femme et des enfants. » L’ennemi qui a contraint ce professeur à l’autocensure est une figure inédite dans l’histoire française et européenne. Il n’a pas de précédent et il a la force du nombre. On redoute l’importation du conflit israélo-palestinien. Mais ce qui se passe est beaucoup plus grave : sous le noble drapeau de la solidarité avec la Palestine, la nouvelle haine antijuive se donne maintenant libre cours.

Face à cette haine, est-il encore possible de nous en sortir par la discussion civique et le débat démocratique ?

Quelle discussion ? Avec qui ? Pour quoi faire ? Ce dont nous avons besoin, c’est de retrouver le contrôle de nos frontières. La France paiera longtemps son laxisme migratoire. Il nous faut aussi nous montrer intransigeants avec ceux qui basculent dans la judéophobie par électoralisme, et qui croient, ce faisant, lutter contre cette forme de racisme que serait le sionisme. L’antiracisme antisémite : tel est le jeune et pétulant démon auquel nous avons affaire.

Alors que nous célébrons les 75 ans du JDD, quelle doit être la mission des intellectuels et des journalistes dans ce contexte ?

Plus il y a d’informations et plus se répand le mensonge. Il revient d’abord aux journalistes de rapporter et de défendre les vérités factuelles contre tous les récits qui les effacent ou les défigurent. Quant aux intellectuels, ils doivent faire front contre la terreur woke qui se propage sur les campus et qui veut mettre à bas la culture européenne. Les étudiants woke de Harvard ont déclaré, au lendemain de la « razzia bénie » dans le sud d’Israël : « Seul le régime d’apartheid est en faute. » Dans le monde divisé entre dominants et dominés, les Juifs appartiennent au mauvais camp. Ils ne sont plus protégés par le devoir de mémoire.

Alain Finkielkraut le JDD

La rédaction de JForum, retirera d'office tout commentaire antisémite, raciste, diffamatoire ou injurieux, ou qui contrevient à la morale juive.

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o.icaros

J’aurais dû consulter Bard avant d’écrire. En effet, cette phrase est sourcée. « La formulation « Gaza prison à ciel ouvert » a été utilisée pour la première fois par le journaliste britannique John Pilger dans un article publié en 2009 dans le journal The Guardian. Dans cet article, Pilger décrit la situation des habitants de Gaza, qui sont soumis à un blocus israélien depuis 2007. Il compare le territoire à une « prison à ciel ouvert », car les habitants sont privés de leur liberté de mouvement, de leur accès aux ressources et de leurs droits fondamentaux. » Je suis contente d’avoir une réponse claire à ma question mais je ne comprends pas pourquoi les gens se croient obligés de parler avec les mots des autres pour se faire comprendre. Ce qui Pilger a dit, c’est son opinion personnel, une expression linguistique, voire un oxymore, une figure de style. Point. Barre.

o.icaros

« J’entends dire partout que Gaza est une prison à ciel ouvert » (sic). En effet, je me pose également la question mais pas de la même manière. Comment et quand ce lieu commun, cet élément de langage est-il entré dans notre vocabulaire. Tout le monde itère et réitère cette phrase. Je pense qu’un journaliste, dans un article, a avancé cette métaphore et, aujourd’hui, elle devenu une vérité évangélique que tout le monde, incapable de penser avec ses propres mots, serine. Le prêt à penser est plus reposant que la récitation. Tu l’apprends une fois. Tu la récite cent fois.

BOCCARA

Le noble drapeau de la cause palestinienne ?
Il n’a vraiment rien compris ce malheureux.