Période très difficile pour l’économie israélienne
Alors que l’année 2023 touche à sa fin, l’économie israélienne traverse une période particulièrement difficile, confrontée à une série de défis résultant des troubles politiques internes et de la guerre en cours contre le Hamas.
La crise politique sans précédent qui a secoué Israël depuis le début de l’année a suscité des inquiétudes quant à ses répercussions potentielles sur le front économique. Les divergences profondes au sein de la population concernant les orientations gouvernementales, notamment en ce qui concerne la réforme du système judiciaire, ont été manifestes à travers d’importantes manifestations antigouvernementales qui ont éclaté dans tout le pays.
Cette instabilité politique a été exacerbée par des facteurs externes, tels que le ralentissement économique mondial et une inflation croissante. Avant même le déclenchement de la guerre en octobre, l’économie israélienne était confrontée à une incertitude croissante. Sergei Sumkin, chercheur principal à l’Institut Aaron de politique économique de l’Université Reichman, souligne que les prévisions de croissance étaient déjà à la baisse par rapport à 2022, avec une prime de risque en hausse et des taux d’intérêt indiquant un ralentissement économique.
Les données du ministère des Finances révèlent une diminution progressive des recettes fiscales depuis le début de l’année. Selon Start-Up Nation Central, une organisation à but non lucratif surveillant l’écosystème technologique israélien, plus de la moitié des start-ups du pays ont commencé à déplacer leurs fonds hors d’Israël, certaines visant même à délocaliser leur main-d’œuvre.
La guerre en cours a exacerbé la fragilité de l’économie israélienne. Des secteurs entiers, du tourisme aux défis mondiaux du transport maritime, ont été durement touchés par les répercussions inattendues du conflit. Le coût actuel de la guerre est estimé à environ 30 milliards de dollars, une somme astronomique qui pourrait augmenter davantage, en particulier si de nouveaux fronts s’ouvraient dans le nord d’Israël.
Le professeur Benjamin Bental, chercheur principal et président du programme de politique économique au Taub Center for Social Policy Studies, souligne que la guerre a été un « énorme point de rupture pour l’économie », avec des conséquences dont la fin reste difficile à estimer. Il prévoit une importante baisse du produit intérieur brut (PIB) pour le dernier trimestre de 2023, estimant une chute de 4 à 5% par rapport à la croissance enregistrée au même trimestre de l’année précédente.
Le marché du travail israélien a également été fortement impacté par la guerre. Environ 300 000 personnes ont été mobilisées au service militaire, dont la moitié serait issue de la population active. La pénurie de main-d’œuvre a touché de nombreux secteurs, de l’hôtellerie à l’agriculture et à la haute technologie. De nombreuses entreprises ont suspendu leurs activités, certaines ont même dû fermer complètement, tandis que les travailleurs évacués de leurs foyers peinent à trouver de nouvelles opportunités d’emploi.
Le secteur du tourisme, déjà mis à mal, s’est retrouvé pratiquement à l’arrêt. Les vols ont été annulés, les hôtels occupés principalement par les évacués, et la reprise de cette industrie semble incertaine tant que la guerre persiste.
Le coût de la guerre est actuellement supporté par une augmentation de la dette et une augmentation du ratio PIB-dette. Bien que des appels aient été lancés pour augmenter les impôts, cela suscite des critiques et l’augmentation des charges fiscales semble peu probable avant 2025, le temps nécessaire pour stabiliser l’économie.
L’impact sur le secteur de la haute technologie, représentant près de 20% du PIB israélien, est déjà perceptible avec une diminution significative des investissements dans les start-ups. Sergei Sumkin souligne que sans investissements dans la recherche et le développement, ce secteur vital pourrait être gravement touché, compromettant la capacité de l’économie à se redresser dans les années à venir.
Dans ce contexte, le gouvernement israélien est confronté à la tâche ardue de gérer simultanément une guerre et une économie en crise. La révision du budget annuel pour 2024, initialement approuvé avant le déclenchement de la guerre, a été un sujet de controverse, avec des appels à une redistribution des ressources en fonction des nouvelles priorités.
Alors que les années précédentes ont été marquées par la croissance du PIB par habitant, la fin de 2023 et l’année 2024 semblent dessiner un tableau plus sombre pour l’économie israélienne, avec un écart croissant entre Israël et le reste du monde. La direction économique du pays semble confrontée à des défis majeurs, modifiant les perspectives de croissance et remettant en question sa position parmi les nations prospères.
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