Plus de temps: la Chine et la Russie s’assurent que l’Iran obtienne le nucléaire avant la fin de l’ultimatum de Trump
par Majid Rafizadeh
Maintenant, avec l’ultimatum lancé par Trump le 7 mars à l’Iran – donnant au régime un délai de deux mois pour abandonner ses programmes nucléaires et de missiles ou faire face à de graves conséquences – Pékin et Moscou ont simplement accéléré les efforts de Téhéran pour rejoindre le club nucléaire et posséder au moins six bombes nucléaires avant l’expiration du délai de Trump.
La Russie entretient une alliance stratégique et militaire de longue date avec l’Iran. Téhéran a fourni à Moscou des drones suicides, des missiles longue portée et de l’artillerie, permettant à la Russie de poursuivre sa tentative brutale de prise de contrôle de l’Ukraine malgré les sanctions et les livraisons d’armes occidentales. Pour le Kremlin, il pourrait être essentiel de veiller à ce que l’Iran demeure un allié fort, stable et militairement compétent, à la fois pour dissuader toute intervention occidentale dans la région et pour faire contrepoids à l’influence américaine au Moyen-Orient, probablement dans l’espoir d’ en chasser les forces américaines.
Pendant ce temps, la Chine communiste a continué de protéger l’Iran des sanctions occidentales et de lui apporter un soutien économique et technologique vital . Plus important encore, la Chine a un historique de soutien à la prolifération nucléaire parmi les États anti-occidentaux. Elle a joué un rôle important en aidant le Pakistan à développer son programme d’armement nucléaire dans les années 1990. De son côté, le Pakistan a fourni une assistance nucléaire à la Corée du Nord. Le dernier bénéficiaire en date de ce réseau de prolifération stratégique semble être l’Iran.
La Chine considère depuis longtemps l’Iran comme un élément essentiel de son initiative « la Ceinture et la Route » visant à étendre son influence économique et stratégique à l’échelle mondiale. La position géographique de l’Iran en fait une porte d’entrée cruciale pour ses routes commerciales, ses chaînes d’approvisionnement énergétique et son expansion militaire. En protégeant l’Iran des pressions occidentales et en facilitant ses ambitions nucléaires, la Chine s’assure que l’Iran demeure un partenaire clé dans son vaste conflit géopolitique avec les États-Unis.
Une rencontre entre responsables iraniens et chinois à Pékin, suivie du rejet catégorique des avertissements de Trump par le guide suprême iranien, l’ayatollah Khamenei, pourrait signaler une évolution dangereuse : l’Iran a probablement reçu des garanties de la part de la Chine et de la Russie selon lesquelles elles protégeront le régime, soutiendront son programme nucléaire et veilleront à ce qu’il acquière des armes nucléaires avant la date limite, peut-être trop généreuse, fixée par Trump, quelles qu’en soient les conséquences.
Le rejet audacieux par l’Iran des menaces de Trump ne repose peut-être pas sur sa force intérieure, mais sur des garanties extérieures. Pékin et Moscou ont probablement calculé que si le régime iranien rejoignait le club nucléaire et possédait l’arme nucléaire avant l’expiration du délai fixé par Trump et qu’il prenait des mesures directes, l’Occident serait contraint d’accepter un Iran doté de l’arme nucléaire, tout comme il a dû accepter une Corée du Nord nucléaire.
Avec l’ultimatum de Trump, ces adversaires se lancent dans une course contre la montre pour que l’Iran devienne un État doté de l’arme nucléaire. Si les États-Unis et leurs alliés n’agissent pas immédiatement, l’équilibre des forces pourrait être définitivement modifié et l’Occident pourrait perdre la guerre avant même qu’elle n’ait commencé.
Le Dr Majid Rafizadeh est politologue, analyste diplômé de Harvard et membre du conseil d’administration de la Harvard International Review.
JForum.fr avec www.gatestoneinstitute.org
Sur la photo : le président iranien Massoud Pezeshkian assiste à la présentation d’un missile « Qasem Soleimani » lors d’un défilé militaire à Téhéran, le 21 septembre 2024. (Photo : Atta Kenare/AFP via Getty Images)
 |
 |