1. Le sept Adar, jour de la disparition de Moïse, a lieu, presque chaque année, dans les jours qui suivent ou qui précèdent la paracha Tétsavé. Les commentateurs voient en cette coïncidence une allusion, du fait que, depuis la naissance de Moïse, cette paracha est la seule dans laquelle son nom n’apparaît pas.
Cela va aussi dans le sens des paroles du Maguen Avraham qui affirme que, lors des années embolismiques (dans lesquelles le mois d’Adar est dédoublé), le jeûne du sept Adar (en la mémoire de Moïse) est observé le premier mois d’Adar car c’est bien dans ce mois qu’est lue la paracha Tétsavé.
On peut toutefois se demander pourquoi la naissance de Moïse n’est pas aussi donnée en allusion dans notre paracha alors que nos Sages enseignent que Moïse est aussi né un sept Adar car « D.ieu se tient et complète les années des justes de jour en jour et de mois en mois ».
2. Nous pourrions simplement répondre que la naissance de Moïse est aussi contenue dans la paracha, car celle-ci commence par les mots « Et toi, tu ordonneras… » qui désignent Moïse. Or comme le nom d’une paracha résume tout ce qui se trouve en elle, (la naissance de) Moïse est donc implicite dans toute la paracha.
Même selon les points de vue et la coutume (tel que cela est imprimé dans les éditions courantes du Pentateuque), pour lesquels le nom de la paracha est « Tétsavé » (tu ordonneras), le fait que le verbe se trouve ici à la deuxième personne du singulier, précédé de l’expression consacrée : « D.ieu parla à Moïse en ces termes », et suivi des mots « à Aaron ton frère », reste une allusion suffisante.
Comment peut-on cependant concilier le fait que, d’une part, le nom de Moïse ne figure pas une seule fois dans notre paracha (ce qui semble indiquer que Moïse en est absent) et, d’autre part, chaque mot qui y figure se rapporte à Moïse, puis qu’il est dans la paracha commençant par « et toi, tu ordonneras » ?
3. Il faut, pour répondre à ces questions, analyser le jeûne du sept Adar. En effet, pourquoi ce jour-là n’a qu’une connotation de tristesse liée à la disparition de Moïse alors que c’est aussi le jour de sa naissance ?
Le Talmud1 rapporte la question suivante : Si un homme déclare : « Je serai comme Moïse le sept Adar », est-il tenu de devenir Nazir (c’est-à-dire d’observer le processus décrit par la Torah selon lequel il doit s’abstenir de boire du vin ou même de manger du raisin et doit se préserver de tout contact avec un mort) ?
Les Tossafoth expliquent : « Sa naissance (de Moïse) fut un jour de grande joie. Le jour de son décès, par contre, beaucoup ont fait vœu d’être Nazir et ceux-ci se sont multipliés dans le peuple juif, du fait de la peine qu’on éprouvait. Or, cet homme a fait une déclaration implicite en disant « Je serai… », sans préciser s’il faisait référence au jour de sa disparition et voulait donc être Nazir ou au jour de sa naissance et il pensait à la joie ». Ce qui prouve que le sept Adar est (ou tout au moins était) aussi un jour de joie.
On pourrait traduire le doute du Talmud en ces termes : Cet homme a-t-il évoqué le sept Adar dans le sens qu’il revêt après la disparition de Moïse et a donc fait vœu d’être Nazir ou tel qu’il était de son vivant, un jour de joie et d’allégresse, car c’était son anniversaire ? Par contre, ce jour est unanimement un jour de jeûne dans nos générations.
Cette interprétation n’est toutefois pas acceptable, car il est de règle que les vœux soient exprimés dans le langage courant. De ce fait, si un homme parle du sept Adar de nos jours, bien après le décès de Moïse, il devrait être évident qu’il pense au jour de sa disparition. Pourtant, le doute subsiste sur le fait d’interpréter ses paroles en termes de joie, d’où le lien du sept Adar avec la naissance de Moïse même de nos jours.
Ce lien semble renforcé par l’affirmation du Talmud dans le traité Méguila2 : « Lorsque le tirage au sort tomba sur le mois d’Adar, (Haman) se réjouit grandement et s’écria : “Le sort m’a offert le mois dans lequel Moïse a disparu.” Mais il ne savait pas que, si Moïse avait quitté ce monde le sept Adar, il était aussi né ce jour-là. »
Il ressort des paroles du Talmud que la naissance de Moïse l’emporte sur sa disparition, puisque, grâce à elle, la tournure des événements a été inversée et a conduit au miracle de Pourim qui a donné lieu à un jour de joie.
Nous voyons donc que le jour de la naissance de Moïse est (le catalyseur d’un) jour de joie à toutes les époques. Cela ressort dans les paroles de Rachi qui explique là-bas : « Le jour de la naissance est digne de réparer le jour du décès », ce qui laisse à penser que ce n’est qu’un jour de joie.
4. La réponse à toutes ces questions passe par les paroles du Talmud3 : « De même que dès l’entrée du mois d’Av (mois de la destruction des deux Temples de Jérusalem), on doit réduire la joie, dès l’entrée du mois d’Adar, on doit multiplier la joie ». Il est légitime de se demander si la joie doit durer deux mois lors des années embolismiques.
La réponse semble se trouver dans le commentaire de Rachi : « Ce furent des jours de miracles pour le peuple juif, ceux de Pourim et de Pessa’h », ce qui ne concerne, a priori, que le second mois d’Adar.
On peut cependant dire que les paroles de Rachi ne sont pas une preuve et que l’on peut même en déduire le contraire. Cette déduction se fonde sur une question classique : Que vient donc faire Pessa’h dans le mois d’Adar ?
Certains veulent expliquer que Rachi vient par cela répondre à la question suivante : pourquoi doit-on rajouter de la joie dans le mois d’Adar du fait du miracle de Pourim et non dans le mois de Nissan, mois des miracles de la sortie d’Égypte ? C’est pour cette raison que Rachi inclut Pessa’h dans son commentaire, pour signifier qu’en fait, on doit aussi se réjouir pendant le mois de Nissan, mois des miracles de Pessa’h.
Cette analyse n’est pas satisfaisante. En effet, si Rachi veut ici nous apprendre une nouveauté, qui a de plus des répercussions pratique, il devrait en parler de manière explicite et ne pas compter sur une déduction faite à partir d’une allusion donnée dans un mot.
On pourrait ajouter : De ce point de vue, on devrait aussi montrer une grande joie pendant le mois de Kislev, mois du miracle de Hannouca, qui n’est qu’une fête instituée par nos Sages, d’autant plus que leurs décisions doivent être renforcées. La joie de Kislev aurait dû de ce fait dépasser celle de Nissan, car Pessa’h est une fête édictée par la Torah et n’a pas besoin d’être confortée. La joie de Kislev devrait aussi surpasser celle d’Adar car la Méguila apparaît dans les Hagiographes et trouve donc sa base dans la Bible.
D’autres veulent dire que telle était l’intention de Rachi : du fait qu’en Adar a commencé une succession de miracles – Pourim suivi de Pessa’h –, c’est dans ce mois précis qu’il faut marquer une grande joie. Ce qui n’est pas vrai pour le mois de Kislev qui n’est lié qu’à un seul miracle.
Mais cette explication semble insuffisante. En effet, quel relation y a-t-il entre le mois d’Adar et la fête de Pessa’h (dans leur contenu) pour que la proximité de Pessa’h avec ce mois puisse justifier une joie inhabituelle ?
5. En fait, le Talmud affirme que la joie doit paraître dès l’entrée du mois d’Adar. C’est pourquoi, si un Juif a un différend avec un non-juif, il doit éviter de passer en jugement pendant le mois d’Av et s’efforcer de le repousser au mois d’Adar (a priori, même au début de ce mois), car son étoile brille ce mois-là. Or, le miracle ayant eu lieu le treize Adar, pourquoi la joie doit-elle s’exprimer dès le début du mois ?
Il est vrai que le décret d’Assuérus avait été annulé bien avant, selon le texte de la Méguila : « Dans le troisième mois, mois de Sivan, le treize de ce mois… il écrivit au nom du roi Assuérus et il signa avec le sceau du roi… et le roi avait donné la permission aux Juifs… de se rassembler et de se dresser pour se défendre ».4 Mais l’écriture et la signature n’eurent lieu que le troisième mois (soit huit mois avant le mois d’Adar) et il fallut attendre le treize Adar pour voir cet écrit s’accomplir.
Et cet accomplissement n’était pas des moindres : il s’agissait de livrer bataille et, pour se protéger de ses ennemis, « les Juifs se rassemblèrent dans leurs villes… afin de porter atteinte à ceux qui leur voulaient du mal ».5 C’est seulement le treize Adar qu’ils « se débarrassèrent de leurs ennemis ».6
La question se pose donc : pourquoi dès le début d’Adar, avant même que le salut ne soit venu, faut-il rajouter de la joie ?
La même question peut être posée à propos du texte de la Méguila dans laquelle il est stipulé : « le mois où ils passèrent de l’angoisse à la joie »,7 ce qui laisse entendre que le mois tout entier s’est transformé en temps de joie.
D’ailleurs, sur cette base, le Talmud de Jérusalem enseigne que « si l’on ne peut lire la Méguila le quatorze Adar, on peut s’acquitter en la lisant au début du mois, car tout le mois convient à cette lecture », et le Rama déclare (dans le Code de Lois juif) qu’on se comporte effectivement ainsi.
En fait, cette difficulté va être résolue grâce à l’analyse du commentaire de Rachi affirmant que « ce furent des jours de miracle pour le peuple juif : ceux de Pourim et de Pessa’h », comme nous allons le montrer.
6. Du langage employé par le Talmud : « De même que dès l’entrée du mois d’Av, on doit réduire la joie, dès l’entrée du mois d’Adar, on doit multiplier la joie », on peut déduire que l’augmentation de joie dans le mois d’Adar est de la même nature que son amoindrissement durant le mois d’Av.
La différence entre le mois d’Av et les autres mois de l’année pendant lesquels des événements douloureux se sont produits, qui fait que ce n’est qu’au mois d’Av que nous devons diminuer notre joie, s’exprime dans deux points : d’une part, les malheurs ont été redoublés, et, d’autre part, ce mois contient un jour funeste. En effet, le jour du neuf Av, relate le Talmud, le premier et le second Temple ont été détruits, car « on procure un mérite au méritant et un préjudice au déméritant ».
Il semblerait que le caractère de ce jour ne soit pas seulement lié à la destruction du premier Temple. Bien avant cela, nos Sages expliquent à propos du verset : « Ils (les Juifs) pleurèrent cette nuit-là »8 : C’était la nuit du neuf Av. D.ieu leur dit alors : « Puisque vous avez pleuré sans raison, Je le fixerai pour vous comme un jour de pleurs dans les générations futures. »
Il en résulte que la joie supplémentaire du mois d’Adar réside elle aussi dans ces deux mêmes points : les miracles y ont été redoublés et il contient un jour propice.
Où trouve-t-on la particularité du mois d’Adar ? Dans le passage du traité Méguila cité plus haut : « Lorsque le tirage au sort tomba sur le mois d’Adar, (Haman) se réjouit grandement et s’écria : “Le sort m’a offert le mois dans lequel Moïse a disparu.” Mais il ne savait pas que, si Moïse avait quitté ce monde le sept Adar, il était aussi né ce jour-là. » Nous voyons de ce passage que le jour du sept Adar est la cause du miracle de Pourim.
En d’autres termes, le fait même que le sort désigna le mois d’Adar annula le décret d’Haman lié à ce mois, ce qui a permis au miracle de Pourim de survenir dans ce mois-là. Car le sept Adar correspond au jour où est né le sauveur du peuple juif, celui qui les a fait sortir de l’exil d’Égypte.
Il en ressort que le mois d’Adar contient en lui les deux caractéristiques mentionnées plus haut : C’est un (mois contenant un) jour propice : le sept Adar. C’est d’autre part le mois dans lequel les miracles et le salut des Juifs ont été redoublés, car le sept Adar est la source de deux délivrances : celle d’Égypte (par la naissance de Moïse) et celle de Pourim (grâce à l’annulation du décret d’Haman).
On peut dire que telle est l’allusion que donne Rachi dans son commentaire en mentionnant Pourim et Pessa’h. Le rajout de joie dans le mois d’Adar ne provient pas seulement du miracle de Pourim (le quatorze de ce mois), mais aussi du fait que le mois était un « mois propice » qui a occasionné des jours de miracles au peuple juif, incluant ceux de Pessa’h (de par la naissance de Moïse). C’est pourquoi « dès que l’entrée du mois d’Adar, on multiplie la joie ».
On peut aussi comprendre la mention d’un « mois où ils passèrent de l’angoisse à la joie » dans la Méguila ainsi que la possibilité de s’acquitter de sa lecture pendant tout le mois. En effet, le miracle de Pourim n’a pas commencé le treize Adar, mais dès l’énoncé du décret, le miracle se trouvait prêt, du fait que le sort avait décidé du mois d’Adar, mois contenant la date du sept Adar.
7. La raison de la fixation des jeûnes énumérés dans le Code de Lois juif9(parmi lesquels figure celui du sept Adar) est la suivante : « Ce sont des jours où se sont abattus des malheurs sur nos ancêtres et il est bon d’y jeûner. » Cette raison peut être interprétée de deux façons :
– Du fait que les jours où se sont abattus des malheurs sur nos ancêtres sont des jours contraires à la joie, des jours néfastes, il est bon de jeûner ces jours-là pour se préserver d’éventuelles calamités. Et même si nos Sages affirment qu’« il n’est point de fatalité pour les Juifs », c’est parce que, comme le souligne Rachi, la prière et les mérites du Juif peuvent transformer d’éventuels décrets. Il est donc naturel de jeûner ces jours-là afin d’éviter le caractère funeste qu’ils comportent.
– Puisqu’en ces jours se sont produits des événements contraires à la joie, la disparition de justes en particulier, celui qui est vivant doit se remettre en question. C’est pourquoi il faut jeûner en ces jours afin, selon Maïmonide, de « réveiller les cœurs et leur ouvrir les chemins du repentir ».
La différence pratique entre les deux points de vue est la suivante : un jour où cohabiteraient la tristesse et la joie ne serait pas, du premier point de vue, un jour de jeûne, puisque son caractère néfaste est effacé par la joie qui s’y trouve. Du second point de vue, par contre, le jeûne devrait être maintenu, puisque « celui qui est vivant doit se remettre en question » et que l’on se doit d’« ouvrir les chemins du repentir ».
Et le fait que ce jour soit un jour de joie ne contredit pas l’institution du jeûne, bien au contraire. En effet, le Talmud nous enseigne que la joie qui accompagnait le puisement d’eau pour les sacrifices de Souccot, à propos de laquelle nos Sages affirment : « Qui n’a pas assisté à la joie du puisement d’eau n’a jamais vu de joie de sa vie », était accompagnée d’un éveil au repentir et l’on annonçait : « Celui qui a fauté devra se repentir et D.ieu lui pardonnera. »
Il est évident que le jeûne du sept Adar, jour de grande joie, dont le mérite est tel qu’il a amené le jour de Pourim et qui a fait que dès l’entrée de ce mois, la joie doit s’accroître, relève de la seconde raison. La disparition de Moïse ce jour-là n’a en aucun cas fait de lui un jour néfaste, mais, au contraire, un jour propice au repentir. Et la naissance de Moïse aide à se repentir avec joie, comme doivent être accomplis tous les commandements divins.
Tel est le sens des paroles de Rachi « Le jour de la naissance est digne de réparer le jour du décès » : le jour du décès est lui aussi influencé par celui de la naissance.
8. Nous pouvons aussi appliquer ce principe à une année embolismique. Puisque, d’après le Maguen Avraham, c’est le sept du premier mois d’Adar qu’il faut jeûner, la joie provenant de ce jour induite par la naissance de Moïse est présente ce jour-là.
Il en résulte donc que même le premier mois d’Adar doit être plein de joie puisque, comme l’a expliqué Rachi, c’est la naissance de Moïse qui est à l’origine des miracles de Pourim et de Pessa’h. Cela est d’autant plus vrai que, selon de nombreux maîtres, les jours de Pourim et Chouchane Pourim Katane (qui ont lieu le premier mois d’Adar) sont eux aussi des jours de miracle et de salut (bien qu’ils n’égalent pas la joie de Pourim lui-même qui est le jour où le miracle a effectivement eu lieu).
9. D’après cette explication, on peut se demander pourquoi le sept Adar est seulement un jour de jeûne dans lequel la joie liée à sa naissance n’est aucunement marquée.
On peut répondre que cette absence est la preuve de la grandeur de cette joie. Cette grandeur est telle qu’elle ne peut s’exprimer de façon concrète, elle reste voilée, comme une cause première en retrait de toute chose.
Nous pouvons trouver un exemple de cela dans la loi juive : Alors qu’un jour de fête, qui n’est qu’« appelé saint »10 et dont on doit marquer la séparation avec Chabbat par une bénédiction spéciale, la Torah nous enjoint de nous réjouir, la joie n’est pas du tout mentionnée à propos du Chabbat qui est défini comme saint (d’une sainteté qui le distingue clairement des jours de fête).
10. Nous avons une explication de ce paradoxe dans le fait que, selon nos Sages, « D.ieu se tient et complète les années des justes de jour en jour et de mois en mois » et les fait disparaître le même jour que celui de leur naissance. On peut en donner la raison ésotérique suivante : les justes réalisent le but ultime de leur naissance (qui est le jour de leur révélation dans ce monde) lors de leur disparition.
En effet, comme cela est mentionné en différents ouvrages, ce jour-là se dévoile (à leurs disciples) l’essence même de l’esprit de leur maître, d’une façon plus intense et plus haute que du temps où son âme résidait dans son corps. De ce fait, ceux-ci bénéficient ce jour-là d’un rayon de lumière provenant de la source de son âme. Et ce rayon éclaire tous ses disciples qui sont devenus (grâce à lui) des serviteurs de D.ieu, il les remplit d’une aspiration au repentir et aux bonnes actions.
Toutefois, ce rayon est, selon l’Admour Hazakène, « presque complètement caché, comme la lumière du soleil, voilé par le globe terrestre, apparaît à travers les étoiles. Il est écrit dans les ouvrages kabbalistiques qu’après la disparition de Moïse, sa lumière se diffuse dans chaque génération à six cent mille âmes, comme la lumière du soleil apparaissant à six cent mille étoiles alors que la terre le masque ».
Un tel dévoilement n’est pas visible à la naissance du juste, elle n’est que potentielle. C’est pourquoi le but ultime de sa naissance et sa véritable révélation ne sont perçus que le jour de sa disparition.
On peut maintenant comprendre pourquoi aucune forme de joie n’est mentionnée par le Code de Loi juive à propos du sept Adar. Comme nous l’avons expliqué, la véritable empreinte de son jour de naissance s’exprime le jour de son décès. Cette empreinte est alors d’un niveau exceptionnel et nous dépasse. Ce qui se révèle en ce bas monde n’est que sa disparition, marquée par un jeûne, de façon à nous remettre en question.
11. Nous pouvons maintenant faire le lien entre le sept Adar et notre paracha. Le nom de Moïse n’apparaît pas en elle, car le sens du sept Adar ne peut nous être révélé, ce que nous percevons est un jeûne, témoin de son absence.
Cependant, du point de vue ésotérique, l’occultation de son nom vient du fait que l’essence de son être, qui transcende le nom (et la révélation), y est contenue. Cela s’exprime dans le nom de notre paracha : « Et toi, tu ordonneras… ». Le pronom personnel fait référence à l’essence de l’être qui échappe à toute description. « Tu ordonneras » peut aussi être interprété comme un lien, celui des Juifs (qui reçoivent l’ordre) avec le niveau essentiel de Moïse qui relie les Juifs avec l’essence de D.ieu (qui s’adresse à lui).
Tel est donc le sens profond du sept Adar : en lui se réalise le but ultime de la naissance de Moïse et de sa révélation à tous les Juifs, à un niveau imperceptible, qui les attache à l’essence de D.ieu, qui transcende toute révélation.
(Extrait de Likoutei Si’hot vol. 16, p. 342)
NOTES | |
1. | Nazir 14a. |
2. | Méguila 13b. |
3. | Taanit 29a. |
4. | Esther 8, 9. |
5. | Esther 9,2. |
6. | Esther 16,17. |
7. | Esther 16,22 |
8. | Nombres 14,1. |
9. | Choul’hane Aroukh, Ora’h ‘Haïm 580. |
10. | Exode 12,15. |
Likoutei Si’hot vol. 16-1
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