Miketz: L’huile de la sainteté

De nombreux textes de la Tradition juive comparent la Torah à toutes sortes de liquides : l’eau, le vin, l’huile, le lait ou encore la rosée. Cette multitude de comparaisons ne traduit pas une incertitude ou une divergence d’opinions. C’est bien plus fin que cela: nos Maîtres viennent plutôt souligner que la Thora, à, travers son caractère infini, possède une dimension « eau », une dimension « vin », une dimension « huile », etc.

Pour les commentateurs du texte biblique, Yossef, personnage central de notre paracha, évoque l’huile, expliquent nos Maîtres. Sous l’éclairage des lumières de ’Hanoucca.

L’huile se définit, globalement, par quatre caractéristiques. A l’origine, l’huile est contenue dans une olive. Pour l’obtenir, on doit écraser ce fruit. Dans un second temps, l’huile évoque la proximité et l’attachement: comme on le remarque aisément, l’huile possède la faculté d’adhérer aux parois sur lesquelles elle se répand. La séparation (ou la distinction) est la troisième propriété de l’huile qui, quand elle est associée avec un autre liquide, finit par se dissocier de lui quand le mélange est au repos. Enfin, on retrouve dans l’huile l’idée d’élévation puisque le mélange de l’huile et de l’eau (ou d’un autre liquide) produira au final une distinction entre eux mais qui placera l’huile au dessus de l’eau.

Le pardon

La coïncidence, agencée du Ciel, entre Yossef et la période de ’Hanoucca est porteuse, pour nos Maîtres, de nombreux enseignements qu’il nous faut décrypter rigoureusement: si Yossef évolue durant cette fête, c’est pour essentiellement nous faire comprendre que la personnalité et l’action de Yossef ont un rapport étroit avec ’Hanoucca. La première caractéristique nous renvoie à l’humilité puisque pour donner de l’huile, l’olive doit être écrasée. Yossef aussi, fut « écrasé » durant une grande partie de sa vie, par ses frères, une situation qui le conduisit à une grande humilité. Aucune trace d’orgueil n’habitait sa personne puisqu’il fut capable, degré suprême d’humilité, de pardonner à ses frères et de n’exercer aucune vengeance à leur égard.

La plus haute sainteté

Mais il y a plus : il pardonna leur méfait et le rendu par le Bien en leur offrant un lieu à l’abri de la famine. Ne pas se venger est un acte hautement méritoire mais faire du Bien après le Mal dépasse les limites de la nature humaine. Il y a là une forme d’amour exceptionnelle que l’on retrouve, allusivement, dans l’huile qui adhère aux parois du récipient dans laquelle elle est posée, comme si elle faisait « un » avec le récipient. La troisième caractéristique de l’huile, la séparation, évoque l’action de Yossef qui malgré son séjour dans le pays le plus dépravé du monde, parvint non seulement à se séparer de son influence mais aussi et surtout à éduquer ses deux enfants dans cet esprit. Quant à la dernière caractéristique de l’huile qui s’élève au dessus de l’eau, il faut voir là, la finalité de l’action de Yossef : préparer la sortie d’Egypte pour entraîner le don de la Thora qui élèvera Israël vers la plus haute sainteté.

Miketz -Hanoucca

Mikets est, en général, la sidra lue le shabbat de Hanouka. Et, Hanouka est une fête que les Sages mettent en corrélation avec Souccoth à cause de sa durée de 8 jours.

Hanouka n’est pas seulement le miracle de la petite fiole d’huile dont la quantité d’huile est suffisante pour une journée et qu’elle a duré 8 jours ou le temps nécessaire pour se rendre jusqu’au moulin d’huile d’olives pour fabriquer de la nouvelle huile et la rapporter au Temple pour reconstituer un stock suffisant pour recommencer à allumer le candélabre (la ménorah). Il y eut un autre miracle que l’on évoque au moins 3 fois par jour pendant ces 8 jours et pas l’un des moindres : la victoire remportée par une poignée d’hommes fidèles au culte d’Israël se soulevant contre l’envahisseur et l’oppresseur hellène pour faire valoir leurs droits d’hommes pieux et libres.

C’est à l’occasion de Hanouka que l’on rappelle l’histoire de la guerre de Guid’on (Gédéon) contre les Madianites. En effet, le peuple des Bené Israël est l’objet d’un siège de la part des Madianites.

Les Macchabées, en guerre contre les Juifs hellénisés puis, en guerre contre les Séleucides, étaient aussi très peu nombreux (une poignée) contre des dizaines de milliers d’ennemis du D. d’Israël et HaShem a permis à cette poignée d’hommes courageux parce qu’emplis de la foi en un D. Suprême de reprendre les rênes d’une nation qui a fait de la Torah son guide civil et spirituel.

Joseph lui aussi était seul, face à un nombre incalculable d’idolâtres car tout élément faisait l’objet d’un culte. L’Egypte nageait dans l’impureté la plus totale. Joseph, appelé chez Pharaon pour interpréter les rêves royaux a pour réaction noble de sanctifier le Nom d’HaShem : c’est Lui qui donne les rêves et c’est Lui qui en souffle l’interprétation.

Cette modestie est remarquable et c’est grâce à cette qualité que Joseph atteindra un très haut niveau social. Tout comme Moïse, plus tard, qui deviendra le SEUL Prophète à dialoguer avec l’Éternel Face-à-face.

Joseph qui avait pu comprendre un certain nombre de choses d’après ses fameux rêves savait que le temps de voir se réaliser complètement ses songes n’était pas encore arrivé.

La célébration de Hanouka, qui dure 8 jours, est d’une dimension messianique à divers égards :

A l’époque où les Grecs envahirent la Judée et voulurent atteindre à l’identité du peuple Juif en s’attaquant au spirituel: en interdisant la célébration du shabbat et la lecture de la Torah, en interdisant la célébration de la brith mila (circoncision) et en prohibant également la proclamation de la néoménie (rosh hodesh). Les Hellènes qui consacraient leurs idéaux à préserver la beauté, avaient une influence néfaste sur les Juifs au point de vouloir les « aveugler » aussi, l’allumage des lumières de la Menora dans le Temple ré inauguré, chassa-t-il les ténèbres imposées par l’envahisseur grec.

Au long de la semaine de Hanouka, chaque matin, nous lisons ce qui s’intitule la «parashat haNessiim » qui est prise dans la parashat Nasso et qui narre l’état d’esprit dans lequel les « nessiim » (chefs, on dirait aujourd’hui les présidents) de chaque tribu apportaient chaque jour les sacrifices à faire au Beith HaMikdash. A ce propos, Aharon, le Grand Prêtre s’affligea et HaShem le consola en lui disant qu’il n’avait pas à céder à l’amertume car lui, le Grand Prêtre, allume la Menora chaque jour !

Le Ben Ish Hay de Bagdad tire un parallèle très judicieux entre Hanouka, l’emplacement de la Hanoukia et le Messie (Mashiah): en effet, le meilleur emplacement pour allumer la hanoukia est près d’un endroit où passent beaucoup de gens pour publier le miracle de Hanouka c’est-à-dire en conséquence ou près d’une fenêtre ou près de la porte d’entrée de l’habitation et dans la guemara de shabbat on précise : la mezouza à droite, le maître de la maison (avec son talith) au centre et la hanoukia à gauche.

Les lumières sont à admirer et donc reliées au sens de la vue que nous devons préserver de toute impureté.

C’est parce que Joseph a su préserver son âme du mal et sauvegarder sa vue de visions impures qu’il fut destiné à des fonctions de roi en Egypte.

Ensemble, en allumant ces bougies de Hanouka et en nous réjouissant, en montrant le miracle de Hanouka tout autour de nous, nous allons chasser les ténèbres de la haine gratuite et de l’ignorance pour faire valoir et faire briller la lumière de la Torah et d’Israël.

Hag Hanouka sameah.

 

JForum.fr avec X et Caroline Elishéva REBOUH

 

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