Mattis quitte Israël en laissant des questions sans réponse©

Les obus syriens qui ont explosé sur le Golan ont sifflé dans les oreilles d’Israël, vendredi 21 avril, quand le Secrétaire américain à la Défense, James Mattis s’envolait, après des pourparlers avec le Premier Ministre Binyamin Netanyahu et le Ministre israélien de la Défense, Avigdor Lieberman. Le Porte-Parole de Tsahal a rendu compte du premier obus de mortier s’écrasant dans le nord du Golan comme s’agissant d’un tir perdu accidentel provenant des combats en Syrie. Quand le bombardement s’est poursuivi, il a été contré par une frappe israélienne contre une cible de l’armée syrienne de l’autre côté de la frontière du Golan.

Les sources des renseignements militaires de Debkafile révèlent que cet incident, loin d’être survenu par inadvertance, a fait suite à la scène surréaliste de jeudi, où on a vu un officier du Hezbollah emmener des reporters en « tournée » en direct des lignes de défense israéliennes et en pointant fièrement du doigt à travers la frontière pour « expliquer » à quel point l’ennemi sioniste en était réduit à assurer sa défense…

Mais la courte visite de Mattis en Israël n’était pas moins déconnectée de la réalité. Après l’échange de sourires de circonstance entre ses hôtes et le visiteur, la situation sur les fronts Nord d’Israël avec la Syrie et le Liban demeure aussi énigmatique qu’avant son arrivée.

Le Secrétaire Mattis a été clair sur la façon dont les Etats-Unis proposent d’aider le Président égyptien Abdel-Fatteh El-Sisi à combattre la menace terroriste de l’Etat Islamique sur trois fronts  : le Sinaï, la Mer Rouge et la Libye. Ses réponses, en ce qui concerne la Syrie, sont, au contraire, restées vagues et sans engagement, laissant Israël dans le flou sur les points cruciaux suivants :

• Alors que l’Opération américano-kurde sur Raqqa est prévisible, rien n’est dit de ses suites.
• Où en sont les relations militaires américano-russes en Syrie et à quoi Israël doit-il s’attendre à la prochaine étape?
• Puisque la Russie a réunit les avions de combat syriens sous son aile à Hmeimim, comment Israël va pouvoir entreprendre des actions dans l’espace aérien syrien quand ce sera nécessaire de défendre ses intérêts sécuritaires?
• Que va t-il se passer si la Syrie défie les menaces américaines et continue d’utiliser les gaz chimiques? Mattis a confirmé que le gouvernement syrien détient une quantité non-spécifiée d’armes chimiques et qu’il a dispersé ses avions à la suite de l’attaque de missiles de croisière américains au début du mois. Il devient, cependant clair que l’attaque au gaz Sarin du régime Assad contre Khan Sheikhoun le 4 avril correspondait au déclenchement d’une offensive planifiée pour s’emparer de la province Nord d’Idlib, où 50.000 rebelles sont barricadés avec leurs familles. Certains sont des réfugiés d’autres zones piétinées par l’armées syrienne. Beaucoup sont associés avec Al Qaïda et d’autres organisations islamistes. Le régime Assad va à présent, relancer cette offensive et sans aucun doute, utiliser encore ses armes chimiques.
• Quelle est la politique américaine concernant les forces iraniennes combattant en Syrie et leurs milices supplétives chiites? Où en est Washington concernant le Hezbollah?
• Les Etats-Unis vont-ils adopter un ancien plan de Trump visant à établir des zones de sécurité en Syrie, avec l’aide de la Jordanie et de la Turquie?
• Et, encore plus important, jusqu’à quel point l’Administration Tump soutient-elle les mesures militaires prises par la Jordanie dans le Sud de la Syrie? Nos sources militaires rapportent que les rebelles syriens soutenus par les services de renseignements jordaniens et l’appui aérien américain sont passés à l’offensive contre les forces l’Etat Islamique dans une zone sud-Est qui s’étend depuis la crête des montagnes druzes jusqu’à la frontière irakienne.
• L’offensive jordanienne avance lentement, ce qui atteste des hésitations de ses services renseignement pour savoir jusqu’à quel point aller. Israël est encore plus concerné par les combats qui se sont déroulés au cours de ces derniers jours à Dera’a, la ville principale du Sud de la Syrie, non loin de sa frontière nord.
• Que doit-on faire de la filiale de Daesh, l’Armée de Khalid Ibn al-Wallid, qui est stationnée dans la poche entre le Golan et Yarmouk au carrefour entre les frontières de la Syrie, de la Jordanie et d’Israël?
• Ces deux dernières questions appellent à des réponses claires de la part des Etats-Unis,parce que si les opérations des rebelles soutenus par les Jordaniens et les Américains vont plus loin, elles ouvriront la porte aux supplétifs de l’Iran, dont le Hezbollah, alors tentés d’investir la zone. Il se tiennent déjà à 70 kms nord de Dera’a, attendant que le nettoyage des djihadistes de la filiale de Daesh soit terminé, pour pouvoir se mettre en ordre de marche et s’emparer sans produire le moindre effort de ce carrefour proche de la frontière israélienne.

Les dirigeants d’Israël se sont montrés incapables d’obtenir des réponses à ces questions, de la part du Secrétaire américain à al Défense, avant la fin de sa visite vendredi. Ils ne doivent s’en prendre essentiellement qu’à eux-mêmes. Du fait de leur politique d’abstention de toute initiative militaire sur les frontières nord d’Israël, son Premier Ministre, son Ministre de la Défense et son Chef d’Etat-Major ont mis ce gouvernement dans un rôle passif de non-participant au jeu, dans cette crise qui affecte de manière vitale sa sécurité nationale. A la différence de la Jordanie, qui a saisi sa chance d’entrer en action, Israël est resté sur le banc de touche et par conséquent, c’est pourquoi il reste à attendre des réponses de la part d’autrui.

DEBKAfile  Analyse Exclusive 22Avril  2017, 8:25 AM (IDT)

Adaptation : Marc Brzustowski