PARASHATH MASS’EI 5784 LA GUERRE CONTRE MIDIANE 

Les trois parashioth qui sont généralement lues entre le 17 tamouz et le 9 av sont  appelées « DéPour’ânouta » c’est-à-dire « les lectures du désastre » car elles  précèdent la destruction du Temple ce qui fut un désastre pour la Nation Juive et,  après le 9 av, il y aura 7 sidroth dites de consolation. La péricope précédant 9 beav  est « devarim » ou, la première section du 5ème livre du Pentateuque. Cette  semaine seront donc couplées les deux dernières lectures du livre des Nombres.  

Dans la première, « Matoth » il sera question plus particulièrement des vœux, tandis  que dans la seconde, il sera question de la guerre livrée aux Midianites et de tous  les petits détails qui font de cette guerre une guerre sainte. 

Les vœux font partie de la vie quotidienne et, si un traité entier de Talmud en parle  (massékheth Nedarim), si à l’entrée du jour le plus sanctifié de l’année (Yom  Kippour), une prière spéciale est consacrée aux vœux : KOL NIDRE, c’est que le  sujet mérite qu’on y réfléchisse un peu. Voici donc, en survol, de quoi il s’agit  précisément : Pour des milliers de raisons comme le désarroi, le besoin d’exprimer  au Créateur notre désir ardent de voir se réaliser quelque chose même s’il s’agit  parfois, à nos yeux, d’un miracle –guérison d’un être cher par exemple- une  personne peut être amenée à promettre quelque chose à l’Éternel, nous prendrons  ici l’exemple de Jacob qui, se dirigeant vers son oncle Laban et faisant ce songe  de l’échelle amasse des pierres à cet endroit précis sur lequel il promet de  construire un  

Certains exégètes se sont posé la question de savoir pourquoi l’épisode de cette  guerre est accolé à celui des vœux ou bien, en d’autres termes, pourquoi le sujet  de la guerre pour HaShem est-il accolé aux « vœux » ? Le fait est, qu’en cas de  détresse, l’homme a recours à un vœu pour demander au Créateur une mesure  de miséricorde supplémentaire et, promet quelque chose, en contrepartie. 

Nous rappellerons, que l’une des raisons de la destruction du Temple est la haine  gratuite tout comme cette haine qui s’était perfidement installée entre Joseph et  ses frères. Or, ce sont précisément les Midianites qui ont vendu Joseph aux  Égyptiens. 

Le chemin de ce peuple croisa le nôtre à plusieurs reprises : le prêtre de Midiane,  Yithro, lui-même, se trouvait parmi les 3 plus éminents conseillers de Pharaon (1).  C’est aussi par la suite, à Midiane, que Moïse a trouvé refuge lorsqu’il s’échappa  de cette Egypte esclavagiste, c’est encore à Midiane qu’il s’est marié et c’est, encore, de Midiane qu’était issue toute sa belle-famille. 

La péricope traite des dispositions à prendre dans le cas d’une guerre dite  « milhémeth mitsva » (2) c’est-à-dire une guerre motivée par une raison grave telle que  rétablir la sainteté de D. à la différence d’une guerre ordinaire qui est différenciée  en hébreu par une appellation différente : « milhémeth reshouth ». Les dispositions  sont différentes sur le plan logistique : en effet, les guerriers d’Israël peuvent être  dispensés de guerroyer s’ils se sont mariés récemment, s’ils ont construit une  maison et n’ont pas eu encore le temps d’en profiter ou s’ils ont planté une vigne et n’en ont pas encore goûté le produit ou tout simplement s’ils sont effrayés par  l’idée de la guerre. 

En revanche, pour la milhémeth mitsva, chaque tribu doit envoyer au minimum  1,000 hommes. Les commentateurs se posent la question de savoir qui et combien  sont partis faire la guerre contre Midiane. Les une avancent le nombre de 12,000  soldats (12 tribus à raison de 1,000 hommes pour chaque tribu). D’autres pensent  qu’ils étaient 24,000 et d’autres encore penchent pour le nombre de 36,000 !  Cependant que « l’Etat-Major » constitué de Moïse, et de Josué (Yéhoshoua bin  Noun) priait pour la réussite des Bené Israël. Lors de la guerre contre Amalek, au  sortir d’Egypte, Moïse étendait ses bras, la victoire était attribuée à Israël et dès  qu’il « fatiguait », les Amalécites prenaient le dessus, Aharon et Hour avaient pris  place sous les bras de Moïse pour soutenir les bras du prophète. Mais, à présent,  Aharon et Hour étaient morts, Moïse demanda à celui qui lui succèderait de prier  avec lui. 

Le Midrash nous apprend que HaShem avait reproché à Moïse de n’avoir pas eu  une position très tranchée lors de l’épisode de Zimri et Cosbi tout comme il avait  défendu le peuple malgré la faute du veau d’or. Moshe savait que cette guerre  serait la dernière qui aurait lieu de son vivant car, D. le lui avait signifié : il devra  rejoindre ses pères juste après cette guerre. Ceci provoqua, parmi les deux tribus  de Lévy et d’Ephraïm quelques troubles: l’une comme l’autre ne voulait pas  montrer d’empressement à cause de la mort prochaine de Moïse. D’autre part, La  tribu de Lévy comportait 23,000 hommes en enlevant 1,000 il n’en restait plus que  22,000 ! Or, la Tradition précise que la Shekhina (Présence divine) ne repose sur  terre qu’en présence de 22,000 hommes craignant D. se basant en cela sur ce  que rapporte le Zohar : au moment de la Révélation sur le Mont Sinaï, HaShem  descendit sur la montagne avec un char mené par 22,000 anges et, chacun des  anges avait son ‘répondant » sur Terre. Donc, seulement 1,000 Lévy se sont rendus  au combat pendant que 1,000 autres priaient avec Moïse. 

Pourquoi cette guerre ? A cause des Midianites qui ont voulu créer une trop  grande proximité avec les Bné Israël et ont aidé les Moabites en cela. Nous  apprenons, en effet, que, lorsque Jacob est « descendu » en Egypte, il s’installa  dans le pays de Goshen qui fut en quelque sorte, le premier ghetto de l’histoire et  les enfants de Jacob ont conservé leur langue, leurs noms, leur mode  vestimentaire et ne se sont pas mêlés à la population égyptienne. En revanche,  dès qu’ils sont sortis de leur ghetto, l’assimilation a débuté et avec elle, l’esclavage.  Les Bné Israël sont sortis du campement et sont allés festoyer, boire et manger  avec les Midianites ; c’est pourquoi, Pinhas a voulu venger la mémoire de Joseph  son arrière-grand-père. Car Joseph s’était gardé de contacts « privés » avec la  femme de Poutifar. La réaction de Pinhas ne se fit pas attendre. Les Midianites  avaient voulu profaner le peuple juif en le faisant céder à des interdits et c’est  pourquoi Moïse présente cette guerre comme venger le nom divin alors que D.  présente cette guerre comme la vengeance des Bené Israël. Or, c’est contre la  Torah et D. que les Midianites voulaient s’insurger et pas contre le peuple lui même sinon contre son allégeance en un D. Unique. 

Dans certains cantiques, on rappelle les ennemis d’Israël mais, il n’empêche que  le nom de Midyane n’apparaît pas expressément. En s’appuyant sur le psaume  136, un verset parle de tous les ennemis d’Israël : « qui a frappé de grands rois ….  Et qui a tué des rois puissants.. » Midyane est inclus parmi ces « grands rois » ou  parmi les « rois puissants » mais, Og et Sihon l’étaient encore davantage. 

HaShem précise au prophète qu’après la victoire sur le peuple ennemi, Moïse  rejoindrait ses pères et pourtant, il s’est empressé d’exécuter l’ordre divin alors  qu’il aurait pu trouver des prétextes pour tergiverser et voir ainsi ses jours se  prolonger, remarque Rashi. 

Contrairement à la guerre contre Amalek, Moïse ne se tint pas sur le front car,  déjà, au cours des dix plaies, D. avait ordonné à Moïse de ne pas frapper le fleuve  ni la poussière car il ne faut jamais être ingrat et, il lui fallait se souvenir du fait que  les eaux du fleuve portèrent le berceau de Moïse vers la princesse d’Egypte qui le  sauva ! Dans le cas de la guerre contre les Midianites, Moïse ne pouvait  décemment pas non plus mener la guerre contre ce peuple qui l’avait reçu lorsqu’il  s’était enfui d’Egypte, contre le peuple auquel appartenait sa femme et sa  famille…. 

La liste de toutes les étapes au cours desquelles le peuple s’est arrêté est dressée  42 au total, le Shlah HaKadosh enseigne que c’est avec Son Nom en 42 lettres  qu’HaShem a accompagné ce peuple et qu’au cours de ces dites étapes, ce  peuple, rude, ingrat et ignorant n’a pas manqué d’offusquer le Tout Puissant un  peu comme le ferait un enfant rebelle toujours plus exigeant et toujours plus ingrat. 

Le dénombrement intervenant après les guerres, les fléaux a lieu non pas parce  qu’HaShem ignore à combien se chiffre Son peuple mais, parce qu’IL veut faire  comprendre que la perte d’un seul est très douloureuse pour LUI et, que chacun  Lui est précieux comme un joyau…. 

JForum.fr avec Caroline Elishéva REBOUH
1 Trois éminents conseillers se trouvaient à la cour pharaonique lorsque Moïse était un tout jeune enfant ;  il s’agit de Yithro, Bil’âm et de Job.
2 Ou guerre idéologique en opposition à une guerre politique.

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