MARC-BLOCH: éminent historien, résistant français assassiné par les nazis
Le 16 juin 1944 le grand résistant, patriote et historien Marc Bloch tombait sous les balles de l’occupant
Ancien combattant de la Première Guerre mondiale, Marc Bloch, historien de la Féodalité, enseignait l’histoire économique à la Sorbonne.
Il fut le fondateur avec Lucien Febvre des Annales d’histoire économique et sociale en 1929.
Révoqué de l’Université après le statut des Juifs, il parvint à obtenir une dérogation lui permettant d’enseigner à la Faculté de Montpellier. Cette faveur du ministère de l’Education nationale ne modifie en rien son hostilité au régime de Vichy.
Attaché aux valeurs de la laïcité, Marc Bloch ne désavoue pas son ascendance juive. En tant que Français israélite, il condamne sévèrement la création de l’UGIF qui porte atteinte à l’unité nationale française et qui, à ses yeux, risque de renforcer l’isolement des israélites de France.
Voici ce qu’il écrivit dans son remarquable essai de l’été 40, L’étrange défaite.
“Je suis Juif, sinon par la religion, que je ne pratique point, non plus que nulle autre, du moins par la naissance. Je n’en tire ni orgueil ni honte, étant, je l’espère, assez bon historien pour n’ignorer point que les prédispositions raciales sont un mythe et la notion même de race pure une absurdité particulièrement flagrante, lorsqu’elle prétend s’appliquer, comme ici, à ce qui fut, en réalité, un groupe de croyants, recrutés, jadis, dans tout le monde méditerranéen, turco-khazar et slave.
Je ne revendique jamais mon origine que dans un cas : en face d’un antisémite.
Mais peut-être les personnes qui s’opposeront à mon témoignage chercheront-elles à le ruiner en me traitant de « métèque ». Je leur répondrai, sans plus, que mon arrière-grand-père fut soldat, en 1793; que mon père en 1870, servit dans Strasbourg assiégé ; que mes deux oncles et lui quittèrent volontairement leur Alsace natale, après son annexion au IIeme Reich; que j’ai été élevé dans le culte de ces traditions patriotiques, dont les Israélites de l’exode alsacien furent toujours les plus fervents mainteneurs; que la France, enfin, dont certains conspireraient volontiers à m’expulser aujourd’hui et peut-être (qui sait?) y réussiront, demeurera, quoi qu’il arrive, la patrie dont je ne saurais déraciner mon cœur . J’y suis né, j’ ai bu aux sources de sa culture, j’ai fait mien son passé, je ne respire bien que sous son ciel, et je me suis efforcé, à mon tour, de la défendre de mon mieux .” L’étrange défaite, 1940.
Testament spirituel de Marc Bloch, écrit le 18 mars 1941:
“Je n’ai point demandé que sur ma tombe fussent récitées les prières hébraïques, dont les cadences pourtant, accompagnèrent vers leur dernier repos tant de mes ancêtres et mon père lui-même. Je me suis, toute ma vie durant efforcé de mon mieux vers une sincérité totale de l’expression et de l’esprit. Je tiens la complaisance envers le mensonge, de quelques prétextes qu’elle puisse se parer, pour la pire lèpre de l’âme. Comme un beaucoup plus grand que moi, je souhaiterais volontiers que, pour toute devise, on gravât sur ma pierre tombale ces simples mots Dilexit Véritatem.”
Début 1942, Marc Bloch est avec Benjamin Crémieux et Georges Friedmann à l’initiative d’une condamnation ferme de l’UGIF contresignée par 29 intellectuels Juifs. Le texte sera envoyé à Londres par le groupe Combat de Toulouse.
Après l’invasion de la zone sud, fin 1942, Marc Bloch passe dans la clandestinité.
A la même période, il est introduit par Maurice Pessis, jeune étudiant juif, au sein du mouvement Franc-Tireur. Agé de 55 ans, muni d’une canne et d’une serviette, Marc Bloch se met sous les ordres de jeunes étudiants. Finalement, Marc Bloch va s’occuper sous le pseudonyme d’Arpagon de Chevreuse, puis de Narbonne, de l’organisation de la Résistance. Et, il devient ainsi, délégué Franc-Tireur au Directoire des M.U.R. (Mouvements unis de la Résistance).

Arrêté au printemps 1944 par la Gestapo avec d’autres dirigeants des M.U.R., Marc Bloch est emprisonné et torturé à la prison de Montluc. Le 16 juin 1944, il est fusillé avec d’autres résistants, à Saint-Didier de Formans (Ain), près de Lyon.
Marc Bloch tombe sous les balles du peloton en criant: “Vive la France !”.

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