Gouvernement : Michel Barnier est nommé Premier ministre
Michel Barnier a été nommé Premier ministre ce jeudi par Emmanuel Macron. Âgé de 73 ans, ce dernier a notamment été plusieurs fois ministre, au cours des présidences de Jacques Chirac et Nicolas Sarkozy.
Il aura fallu 51 jours pour trouver un successeur à Gabriel Attal. Ce jeudi, c’est via un communiqué très bref que l’Élysée a annoncé la nomination de Michel Barnier à Matignon. Sur les réseaux sociaux, les politiques n’ont pas tardé à commenter la désignation du 26-ème premier ministre de la Ve République. Si la gauche a fustigé le choix d’Emmanuel Macron, la droite s’est réjouie de la nomination d’un des siens quand le Rassemblement national (RN) a décidé d’adopter, pour l’heure, une position neutre. Les fidèles d’Emmanuel Macron ont, quant à eux, fait part de leurs réticences.
Le Président de la République a nommé Monsieur Michel BARNIER Premier ministre. Il l’a chargé de constituer un gouvernement de rassemblement au service du pays et des Français. pic.twitter.com/beWhuEh42L
— Élysée (@Elysee) September 5, 2024
Ministre sous Chirac et Sarkozy
Agé de 73 ans et vieux routier de la politique française et européenne, Michel Barnier, dont le nom a commencé a circuler dès le début de l’été, a été ministre pour la première fois en 1993, puis trois fois sous les présidences de Jacques Chirac et de Nicolas Sarkozy. Il a également été deux fois commissaire européen, et finalement entre 2016 et 2021 négociateur de la sortie de la Grande-Bretagne de l’UE, le Brexit.
Il est brièvement réapparu en 2021 dans la vie politique française en se portant candidat à la primaire de son parti, Les Républicains (LR), pour la présidentielle de 2022. Il est le Premier ministre le plus âgé de la Ve République, succédant ainsi à Gabriel Attal, 35 ans, qui était lui le plus jeune.
Emmanuel Macron met ainsi fin à près de trois mois d’absence de gouvernement, un record après-guerre. Il avait en effet accepté la démission du gouvernement de Gabriel Attal le 16 juillet dernier, dans la foulée des élections législatives anticipées provoquées par la dissolution de l’Assemblée nationale. Les noms de Xavier Bertrand, Bernard Cazeneuve ou encore David Lisnard ont largement circulé, mais les deux candidats potentiels ne semblaient pas bénéficier d’un soutien suffisant.
La drôle de passation entre Gabriel Attal et Michel Barnier
Alors que les deux hommes d’État étaient sur les marches dans la cour de Matignon, le futur Premier ministre a tenu à remercier son prédécesseur. Malheureusement, sa langue a quelque peu fourché et la situation est vite devenue assez drôle. « J’ai bien aimé la manière dont vous m’avez donné, non pas des leçons… ». Ce à quoi Gabriel Attal a répondu du tac-o-tac, « Je ne me permettrais pas ». Avant que Michel Barnier ne vienne conclure son propos : « Enfin les enseignements, même si ça n’a duré que huit mois, que l’on apprend quand on est Premier ministre ».
Les internautes se sont bien évidemment très vite emparés de ce moment. On a ainsi pu lire en commentaire de la vidéo des passages assez drôles. « Ça tire à balle réelle dans l’Élysée », « Il est en train de l’humilier ». Mais aussi « Ça commence fort : Attal ridiculisé », « Il le descend en public, c’est grave de faire ça ». Le style de Michel Barnier a également fait parler. « Ce mec à la dégaine du maxi boomer mdr, c’est le boss final des boomers ».
Le RN attend pour se prononcer
L’objectif d’Emmanuel Macron était en effet de trouver un Premier ministre qui ne soit pas immédiatement censuré par les députés. Une donnée qui attribue de fait au Rassemblement national une position d’arbitre dans le choix du prochain locataire de Matignon. La formation d’extrême-droite est en effet la troisième force politique dans l’hémicycle, derrière le camp présidentiel et le Nouveau Front populaire. Reste à savoir ce que va faire le RN.
Interrogé jeudi matin sur cette piste pour Matignon, le vice président Sébastien Chenu n’a pas directement promis la censure. « Nous jugerons sur pièce », a-t-il assuré, rappelant que l’introduction de la proportionnelle aux législatives faisaient partie des conditions édictées par le parti d’extrême droite mais que l’ancien négociateur du Brexit « vient d’une famille, Les Républicains, qui est très hostile à la proportionnelle ».
L’absence de censure immédiate était cependant beaucoup moins évidente chez un autre député RN, Jean-Philippe Tanguy, qui a réduit l’ancien ministre de Jacques Chirac et de Nicolas Sarkozy, âgé de 73 ans, à un « fossile ».
.@JphTanguy : "On a menti aux Français : nos adversaires leur ont fait croire qu'il y avait une solution autre qu'une majorité de députés RN, même relative. Il n'y en a pas." #le710inter pic.twitter.com/5koQ11DBs0
— France Inter (@franceinter) September 5, 2024
Une fois la nomination effectuée, la direction du parti a fait savoir qu’elle attendra la « déclaration de politique générale » de Michel Barnier avant de se prononcer sur une censure.
La colère à gauche
À gauche, le rôle d’arbitre du RN dans les discussions a fait grincer des dents et le vote de censure est plus que probable. « Il est évident que nous déposerons une motion de censure et que nous allons le censurer », a assuré Manuel Bompard, député de la France insoumise, au micro de franceinfo.
«Le Président s’apprête à nommer le perdant d’une primaire d’une force politique ultra-minoritaire dans les urnes et marginale à l’Assemblée nationale. La démocratie piétinée. Forfaiture». Comme un cri du cœur, Benjamin Lucas, député Génération.S des Yvelines n’a même pas attendu l’annonce officielle pour dénoncer la nomination de l’ancien ministre sarkozyste. Comme lui, les responsables politiques de gauche ont principalement centré leurs attaques sur Emmanuel Macron et sur la bienveillance du RN.
Les différents leaders des partis du Nouveau Front populaire ont immédiatement réagi à la nomination de Michel Barnier, un membre des Républicains, au rôle de Premier ministre. Les messages indignés sont nombreux.
« Tout ça pour ça », « je voterai la censure », un « foutage de gueule total »... La nomination de Michel Barnier en tant que Premier ministre, annoncée par l’Élysée ce jeudi 5 septembre après de nombreuses consultations, provoque les foudres du Nouveau Front populaire.
L’une des voix les plus fortes de ce camp, le leader des Insoumis Jean-Luc Mélenchon, a dénoncé une élection qui « a été volée » lors d’une première prise de parole. Il a assuré qu’Emmanuel Macron « refuse de respecter la souveraineté populaire et le choix issu des urnes » alors que le Nouveau Front populaire a obtenu le plus grand nombre de sièges lors du second tour des élections législatives le 7 juillet dernier.
Le leader de La France insoumise a appelé à la « mobilisation la plus puissante que possible » le 7 septembre prochain pour s’opposer à ce choix de Premier ministre.
Des critiques faisant écho aux déclarations de Marine Le Pen à l’égard du premier ministre. La députée du Pas-de-Calais a fait savoir dès jeudi matin que le Rassemblement national «attendra(it) la déclaration de politique générale de Michel Barnier pour se positionner». Pour elle, ce dernier «semble répondre au (…) critère» réclamé par le RN pour ne pas le censurer d’office, à savoir «un homme respectueux des différentes forces politiques». Un sursis consenti ouvrant de fait, la voie à sa nomination.
Au sein des rangs macronistes
Au sein des rangs macronistes, la nouvelle est accueillie plus froidement. Alors que la présidente du Palais Bourbon Yaël Braun-Pivet a expressément demandé au président de la République «de convoquer une session extraordinaire dans les meilleurs délais», pour que Michel Barnier s’exprime rapidement dans l’Hémicycle, les troupes font grise mine. Dans un communiqué, Renaissance, le parti fondé par Emmanuel Macron a annoncé que ses députés (99) ne voteront pas de «censure automatique» contre le gouvernement que doit former Michel Barnier, mais portera «des exigences sur le fond, sans chèque en blanc». Une position qui a de quoi surprendre même si, en macronie, plusieurs voix s’étaient élevées ces derniers jours en faveur de la nomination d’un premier ministre de gauche, notamment celle de la ministre démissionnaire Agnès Pannier-Runacher.
JForum. fr avec France Bleu, lefigaro.fr et www.public.fr
Michel Barnier en novembre 2021. © AFP – Magali Cohen / Hans Lucas
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