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Les résultats du 1er Tour de la Présidentielle sont sans réelle surprise. La seule qu’on pouvait redouter se serait traduite par le passage de Jean-Luc Mélenchon au-dessus de François Fillon, qui aura été, avec près de 20%, le rescapé de ce quatuor, sauvant en quelque sorte, l’honneur perdu d’une droite en pleine tourmente, depuis que son favori s’est laissé happer par les « Affaires ». Quant au parti sortant de gouvernement, il trouve une bouée de sauvetage en « l’élu », pour une partie des socialistes réformateurs, alors que ceux qui ont sabordé la ligne Hollande dès le début de leur fronde derrière Martine Aubry, se retrouvent marginalisés à 6,3% derrière le gauchiste Benoît Hamon, liquidateur et fossoyeur du Parti Mitterrandien.

Les partis traditionnels de Droite et de Gauche, Républicains et Parti Socialiste, sont, ce soir, laminés et appelés à la recomposition autour d’une axe qui s’appelle Emmanuel Macron. Sans cela, les deux extrêmes de Marine Le Pen d’abord et de Jean-Luc Mélenchon ratissent large pour entraîner leurs mécontents désabusés dans le grand syphon de la contestation permanente et de la déstabilisation weimarienne du pays.

Les périodes de recomposition ne sont pas sans intérêt. Ce déverrouillage de la France clivée de l’après-Guerre et la répartition des pouvoirs entre le Gaullisme et les Communistes, va, certainement, libérer de nouvelles énergies pour tenter de retrouver un « Juste Milieu » par les Législatives. Les Républicains doivent être suffisamment forts pour proposer une alternative sérieuse au centre-gauche macroniste.

A l’heure qu’il est, au sein des Républicains, la tendance esquissée par Christian Estrosi en pleine campagne, en recevant Emmanuel Macron (et en se faisant copieusement siffler par les Fillonnistes) à sa Présidence régionale, semble l’emporter : François Fillon lui-même s’est rallié, en refusant de s’aligner jamais sur Marine Le Pen. Au PS, leurs homologues de centre-Gauche, de tendance Valls-Le Drian,-Collomb les avaient devancés depuis longtemps, sachant, dès l’issue de la primaire que Benoît Hamon ne pouvait que les reléguer à la Trappes.

A l’annonce des législatives de juin, ces ralliements en forme de manteau d’Arlequin ne préfigurent en soi aucune force de gouvernement réel, ni l’assurance d’une entente politique à minima sur les réformes absolument nécessaires.

Face à ces hésitations du centre, les thématiques nationales développées par Marine Le Pen semblent incarner le « monde réel » contre les projets fumeux des éternels Enarques et le combat entre le Macron des Villes (classes aisées et moyennes) et la Marine des champs (France ouvrière et reléguée). La France stagne depuis trop longtemps sous les coups de canif dans le contrat de ses « zélites » et l’immobilisme présente la facture du prix à payer, à moins d’un compromis efficace pour passer rapidement des réformes à laquelle le pays se refuse depuis les années Reagan-Tatcher, chez les Anglos-Saxons.

La véritable inconnue, dans ces nouveaux découpages, c’est la fulgurance du recyclage des frustrations de gauche ex-communiste ouvrière en vote de colère contre les classes dirigeantes, par la soupape cocardière du FN. Peut-on imaginer qu’une partie des mécontents issus des rangs de la « France Insoumise », soit s’adonne au vote blanc ou à l’abstention, soit trouve quelque compensation à prêter l’oreille aux sirènes du Lepénisme? Comment Le Front National va t-il pouvoir mettre de l’eau dans son vin pour attirer la marge nécessaire issue, à la fois de ces forces d’extrême-gauche, mais aussi les rebelles Républicains peu enclins à suivre les consignes du Parti?

Car, il faut bien noter qu’exceptée Arthaud et Poutou auxquels il ressemble furieusement, Mélenchon est, désormais, le seul grand leader à ne pas avoir donné de consignes. Or les thèmes ont été parfois communs, au cours des débats, entre Le Pen et Mélenchon. Et son attrait naturel vers les dictateurs est dorénavant, notoire.

Comment seront traitées les questions majeures du terrorisme qui s’est rappelé aux Français jusqu’à la dernière minute avant d’aller voter et des vagues migratoires no-limit? La « rue » va t-elle tolérer l’Européanisme assumé et décomplexé de Macron, alors qu’aucune sortie des tunnels du chômage, de la récession ou de la stagnation économique, mais aussi de celui de l’absence de sécurité, ne sont réellement à portée de main?

Quinze jours qui se présagent comme serrés, à tel point aucun favori des derniers scrutins depuis longtemps n’est jamais tombé au-dessous de 25% soit un petit quart de l’électorat total. Hier, le Front National était à 15, voire 17% en 2002. Il s’annonce comme le « second parti » virtuel de France, ses anciens adversaires du PS et des Républicains se trouvant au tapis, après 30 ans de laminage. L’ère gaullienne est belle et bien terminée.