Yannick Urrien Interviewe Marc Brzustowski :

« Il faudrait que l’Occident admette la dangerosité de ce mouvement des Frères musulmans, qui dispose de beaucoup de succursales en France.»

 

Livre Daesh HamasVoici un livre vraiment sans langue de bois : «Daesh et Hamas, les deux visages du Califat», de Marc Brzustowski et Gilles Falavigna.

Pour les auteurs, «le point de vue sioniste est mal perçu dans le climat actuel. Pourtant les défis sont faits pour être relevés… Le conflit de Gaza est devenu un mode de diversion, car on craint, par-dessus tout, une « importation » des conflits et haines revenues du Moyen-Orient. Mais la France est aujourd’hui le premier exportateur de renforts destructeurs transméditerranéens, en dehors des pays arabo-musulmans». Dans cet ouvrage, Marc Brzustowski et Gilles Falavigna ne cachent pas leur sympathie pour l’État israélien et leur hostilité non seulement vis-à-vis de l’État islamique, connu désormais sous le nom de Daesh, mais plus encore de leurs complices infiltrés. Le livre dévoile les dessous d’un affrontement qui dépasse largement le cadre du conflit israélo-palestinien et nous apporte une vision terrible des manipulations de l’opinion occidentale. Marc Brzustowski était l’invité de Yannick Urrien mardi 24 février 2015.

« Daesh et Hamas, les deux visages du Califat », de Marc Brzustowski et Gilles Falavigna est publié aux Éditions Dualpha.

kernews.com

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Extraits de l’entretien :

Kernews : Votre ouvrage permet de mieux comprendre les liens entre Daesh et le Hamas. Qu’est-ce qui vous a incités à enquêter sur ce sujet ?

Marc Brzustowski : Nous avons été réellement surpris par le fait que personne ne tente de faire le moindre rapprochement sur la concordance des temps dans le déclenchement des deux conflits, l’un à Gaza déclenché par le Hamas, et la conquête du nord de l’Irak par un nouveau groupe qui semble sortir de nulle part et qui s’appelle l’État islamique. Par ailleurs, nous nous inquiétons des conséquences en France de ces deux conflits.

Est-ce par méconnaissance que les journalistes n’ont pas fait ce rapprochement ou parce que dans notre société de l’information, tout va très vite et l’on oublie ce qui s’est passé une semaine plus tôt ?

Il y a eu aussi la période estivale. Mais il y a eu une grande indifférence des Français sur ces deux conflits, car cela se passe loin,… Le conflit de Gaza n’a mobilisé que les mouvements les plus extrémistes, puisque les manifestations en France, en juillet dernier, se sont traduites par de véritables pogromes, non pas contre des institutions israéliennes, mais directement contre des synagogues, avec des échauffourées très violentes dans ce que l’on appelait autrefois la petite Jérusalem pacifiée de Sarcelles. Tout cela s’est passé en plein été et l’on était très loin de prendre la véritable mesure des choses. Nous démontrons que ce n’est pas un conflit israélo-palestinien, mais un conflit entre Israël et les entités qui parrainent le Hamas. Il y a eu beaucoup d’attentisme et cet attentisme était lié aux diplomaties régionales. Les États-Unis venaient de se retirer d’Irak et ils hésitaient à remettre les pieds dans un tel guêpier. La France, engagée au Mali, préférait se concentrer sur les régions qui la concernent directement de par son histoire. Et, en plus, l’histoire entre Israël et le Hamas finit par lasser, parce que c’est un feuilleton qui se reproduit tous les deux ou trois ans…

Vous précisez en couverture de l’ouvrage que vous apportez un «point de vue sioniste». Laissez-vous entendre qu’il est orienté et qu’il y aurait d’autres conceptions possibles ?

C’était aussi une manière de mettre les cartes sur la table. Quand je dis que le terme de sioniste est mal perçu, c’est parce que c’est devenu quasiment une insulte. L’existence même d’Israël et d’autres minorités au Moyen-Orient est un problème pour les pays arabo-musulmans. Quand je parle d’un point de vue sioniste, c’est un point de vue qui s’étend à d’autres minorités, évidemment : les coptes, les kurdes, les assyriens… C’est un chaos complet qui est en train de s’instituer et il est un peu normal que l’Europe hésite à mettre le doigt dans l’engrenage. Mais il y a un moment où l’aveuglement suffit et il est temps de poser les cartes sur la table.

Vous revenez dans votre ouvrage sur le rôle du Qatar, en étant très clairs…

Je ne sais pas si nous sommes très clairs, parce qu’il y a un double jeu qui est quasi permanent…

Vous vous interrogez sur le rôle du Qatar, qui aurait peut-être incité à violer la trêve, en faisant référence à l’été dernier…

Cette accusation est directement évoquée par un diplomate de l’autorité palestinienne qui dit que le Qatar aurait fait pression sur son hôte, Khaled Mechaal, diplomate du Hamas, et que le Qatar aurait menacé de le mettre à la porte s’il acceptait le cessez-le-feu. On était à peu près à la dernière semaine du conflit. Il est intéressant d’observer qu’il y a une division totale entre deux ou trois camps.

Mais vous écrivez aussi que le Qatar est le parrain logistique et diplomatique du Hamas et financier de l’État islamique…

Nous avons eu des informations très claires. Par exemple, tout ce réseau de tunnels a été construit avec de l’argent qui ne vient pas de nulle part, mais d’une puissance gazière et pétrolière qui a des marchés un peu partout sur la planète…

Et cela ne peut pas être l’Arabie Saoudite, puisqu’ils sont en guerre contre les Frères musulmans…

Il y a eu une redistribution des cartes avec le Qatar et la Turquie, qui se sont appuyés contre l’Égypte. Il y a une entente tacite entre le Maréchal Sissi et Israël contre cette poche armée qui pose d’énormes soucis à la stabilité de l’Égypte qui cherche à retrouver sa croissance économique dans les années à venir. Il faudrait que l’Occident admette la dangerosité de ce mouvement des Frères musulmans, dont il y a beaucoup de succursales en France et qui ont peut-être mis un peu d’eau dans leur vin pour vivre l’intégration. Mais c’est un autre sujet… C’est la stratégie de la Taqiya que nous essayons de décrire. Chez les Frères musulmans, il y a deux branches. Il y a une branche qui se voudrait modérée et qui consisterait, par la prédication, à gagner la bataille des cœurs et des esprits. De l’autre, il y a une branche beaucoup plus radicale, qui date des années 60 et qui a engendré Al-Qaïda et le Hamas. L’État islamique n’est qu’une scission d’Al-Qaïda avec d’autres mouvements. Il s’agit de remettre à demain la lutte entre sunnites et chiites, pour s’attaquer à l’Occident et à Israël en particulier. Ce que combat le Maréchal Sissi, c’est vraiment la matrice qui est à l’origine de tous les désordres que nous connaissons actuellement. Il a véritablement un rôle tout-à-fait historique et il est épaulé par l’Occident. On le voit avec la vente récente des Rafales. On est beaucoup moins regardant que l’on a pu l’être auparavant…

Depuis des années, on évoque cette notion d’importation du conflit. Cependant, celui qui osait prononcer le terme d’importation était critiqué par le politiquement correct. Aujourd’hui, on commence à s’interroger…

Il y a non seulement une importation du conflit, mais aussi une véritable exportation. On a d’abord parlé de 600 à 900, puis on est passé à 1 400 djihadistes d’origine française partis en Syrie ou en Irak. Ce qui est assez impressionnant, c’est que l’importation du conflit en lui-même est restée dans une sorte de cause légitime politique faisant que le faible étant le Palestinien et le fort l’Israélien, il convenait de taper sur l’Israélien. On a assez mal perçu l’ensemble de la région et les risques de déstabilisation à force de s’en prendre aux démocraties, plutôt que de voir où sont les sources du terrorisme et des mouvements islamistes puisque la cause palestinienne est divisée en deux camps : l’un qui semble faire semblant de négocier et l’autre qui tire des roquettes.

La France a été peu préparée à cette importation du conflit, parce qu’une partie de nos élites s’est focalisée sur l’antisémitisme émanant de l’extrême droite, tout en niant la réalité et en étant parfois déçue de devoir constater que les agressions antisémites ne provenaient pas de militants d’extrême droite…

On a vécu un véritable déni, qui est à un certain point compréhensif, puisque l’on est dans une phase où l’on recherche l’intégration de populations immigrées, sans se rendre compte de cette espèce d’infiltration de l’islam. Dès 2000, il y avait des signes flagrants confirmant le passage de la contestation politique légitime à des actes d’une barbarie sans précédent, comme ceux de Fofana, où la communauté juive s’est retrouvée toute seule à manifester dans la rue. Il y a eu un certain scandale politique, évidemment, mais la France n’a pas réellement pris la mesure de ce qui pouvait se mettre en place dans certaines banlieues. Le mot de banlieue n’est pas toujours approprié, puisque l’on a vu des gangs qui vivaient relativement bien. La mesure de cet antisémitisme arabo-musulman ne pouvait pas être regardée en face, parce que l’immigré est toujours une victime par rapport au Français. C’est toujours contre lui que s’exerce le racisme, on ne pouvait donc pas dire que la plus victime des victimes devenait aussi un bourreau…

 

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