L’axe de la révolution est mort en quelques mois, et tout l’édifice iranien est en lambeau. Maintenant l’Iran joue sa survie. Il est acculé à négocier avec Trump, mais il cherche à le faire d’égal à égal c’est-à-dire avec un minimum de dignité apparente. Ce dernier a été sommé d’arrêter son soutien aux Houthis, lesquels sont dans une situation désespérée.

Derniers éléments actifs de l’« axe de la résistance », les rebelles continuent d’envoyer missiles et drones vers Israël et les Américains. L’Iran peut-il vraiment lâcher les houthis au Yémen ?

Une foule de participants à la troisième édition de la conférence intitulée « La Palestine est une question centrale de la nation », organisée par les rebelles houthis dans la capitale yéménite Sanaa qu’ils contrôlent, le 22 mars 2025. 

L’information s’est répandue comme une traînée de poudre sur les réseaux sociaux. Jeudi 3 avril, le quotidien britannique The Telegraph faisait paraître un article intitulé « L’Iran abandonne les houthis sous les bombardements incessants des États-Unis ». Un développement qui serait tout aussi inattendu que significatif, alors que Washington a récemment déployé d’importants renforts militaires pour faire pression sur Téhéran. Les Américains ont en outre lancé dès le 15 mars une campagne acharnée de bombardements contre les rebelles yéménites. Si de nombreux observateurs se sont déclarés sceptiques face aux déclarations citées par le journal et tenues par une source anonyme identifiée comme un haut responsable iranien, un appel entre les dirigeants houthis et le président Massoud Pezeshkian a été annoncé vendredi. « Il est très probable que ce soit une opération de communication iranienne pour utiliser le concept de “déni plausible” et pousser les États-Unis à battre en retraite, en présentant l’Iran comme un acteur “raisonnable” prêt à descendre d’un cran dans l’escalade », souligne Burcu Ozcelik, chercheuse au Royal United Services Institute (RUSI).

Seul membre de l’« axe de la résistance » encore actif

Car le président américain Donald Trump avait donné dans sa lettre du 12 mars au guide suprême Ali Khamenei un délai de deux mois pour conclure un accord. Outre le nucléaire, celui-ci devrait également toucher aux activités régionales de la République islamique et à ses programmes de missiles balistiques et de drones. Or, après l’affaiblissement du Hezbollah au Liban, du Hamas à Gaza, et la chute de Bachar el-Assad, l’« axe de la résistance » se trouve désormais animé par les seuls rebelles yéménites. Suite au blocage de l’entrée de l’aide humanitaire dans l’enclave palestinienne le 2 mars, les houthis avaient annoncé qu’ils reprenaient leurs attaques contre des navires israéliens, provoquant l’opération américaine « Rough Rider », avec la République islamique dans le viseur. Depuis plus d’une décennie, Téhéran fournit non seulement des armes, mais aussi des conseillers militaires et techniques au groupe Ansarullah, lui ayant même appris à produire certains équipements localement. « En se présentant comme prenant ses distances avec les houthis, l’Iran tenterait de détourner les critiques et d’atténuer le risque de confrontations directes », avance Ibrahim Jalal, chercheur au Carnegie Middle East Center.

Fin mars, le déplacement surprise de l’ancien Premier ministre irakien Adel Abdel Mahdi dans la capitale Sanaa, contrôlée par les houthis, avait déjà soulevé la polémique, certains suggérant que l’Iran se cachait derrière cette visite. Une manière de promouvoir l’idée d’une autonomie houthie par rapport à Téhéran. L’ancien chef de l’exécutif, qui s’est rendu en février dernier sur le site de l’assassinat de Hassan Nasrallah dans la banlieue sud de Beyrouth, aurait alors présenté une offre américaine aux houthis, selon certaines spéculations, avec le feu vert de l’Iran. Il aurait pu également transmettre à cette occasion un message du gouvernement irakien. Selon des sources citées par le média al-Arabi al-Jadeed, l’exécutif à Bagdad a été pressé de garantir que les activités houthies se limiteraient dans le pays aux domaines du culturel et des médias. Un mot d’ordre qui semble avoir été approuvé par l’Iran. Récemment, le quotidien saoudien al-Chark al-Awsat révélait qu’Esmaïl Qa’ani, commandant de la force al-Qods des gardiens de la révolution, a averti les milices irakiennes de ne pas provoquer les Américains ou les Israéliens par crainte que Washington n’étende sa campagne militaire du Yémen à l’Irak, alors qu’il chercherait à réduire l’influence des Hachd al-Chaabi dans le pays. « L’Iran ne veut pas risquer des représailles militaires américaines dévastatrices contre ses milices alliées en Irak, qui pourraient lui coûter son influence surdimensionnée sur l’État irakien ainsi que ses leviers économiques », explique Burcu Ozcelik.

Importance stratégique croissante

Si l’Iran entend préserver son voisin immédiat, est-il prêt pour autant à renoncer à sa relation avec les rebelles yéménites ? « Malgré les revers ailleurs, comme au Liban et en Syrie, l’Iran continue en réalité de soutenir les houthis, et a même accru son appui militaire, logistique et politique, jusqu’à preuve du contraire, suggère Ibrahim Jalal. D’autant que ces derniers bénéficient d’une importance stratégique croissante dans la région. » Seuls à lancer encore des drones et des missiles en direction d’Israël en soutien au Hamas à Gaza, les rebelles yéménites servent encore le concept d’« unité des fronts » prôné par l’« axe de la résistance » après le 7 octobre 2023. Et les frappes américaines ne seraient pas aussi efficaces que l’administration Trump le laisse entendre, selon des informations du New York Times, citant des responsables alliés et du personnel du Congrès ayant assisté à des briefings du Pentagone, alors que les forces américaines auraient des difficultés à toucher des sites stratégiques enfouis sous terre. Avec les derniers déploiements militaires, la facture américaine pourrait dépasser le milliard de dollars dès la semaine prochaine. De quoi constituer une épine dans le pied de la stratégie de Washington face à Téhéran.

Il semble que c’est une méthode Coué dont use et abuse les régimes arabes pour s’auto-convaincre de leur invulnérabilité. A entendre les responsables arabes, ils ont gagné toutes les guerres, Alors même que des dirigeants Houthis ont fuis à l’étranger

Avec la réputation gagnée pour leur soutien affiché à Gaza, les rebelles yéménites pourraient par ailleurs prendre la tête d’une nouvelle coalition de mouvements de résistance dans la région. « Si le leadership de l’« axe de la résistance » devrait rester sous le contrôle de la force al-Qods des gardiens de la révolution, les houthis y ont clairement développé leur rôle opérationnel », souligne Ibrahim Jalal. « Les rebelles houthis gouvernent de facto de larges pans du Yémen, rendant le mouvement politico-militaire équivalent à un État disposant de ressources, de revenus fiscaux et d’une économie probablement illicite », rappelle Burcu Ozcelik.

Ce dernier passe sous silence que les Houthis n’ont plus de ports maritimes, comme leurs aéroports  qui ont été dévastés par les différentes attaques. L’économie ne fonctionne plus, et la contrebande de pétrole est au point mort.

En cas d’attaques israéliennes et/ou américaines sur la République islamique, les rebelles yéménites pourraient prendre en charge une partie de la riposte. D’autant que, selon un responsable américain cité par le New York Times, les Émirats arabes unis, fers de lance de la normalisation avec Israël, fournissent un soutien logistique et consultatif dans la campagne militaire de Washington contre les intérêts houthis. Un prétexte suffisant pour prendre la fédération émiratie comme cible.

Le régime iranien joue sa survie, politique. Sa dernière carte reste la négociation avec les États-Unis. Trump restera inflexible, et il n’a pas déployé autant de moyens dans la région uniquement pour faire du cinéma. L’arrivée de Netanyahu à Washington porte sur les derniers réglages de l’attaque contre l’Iran.

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Franck DEBANNER

Comme on l’a vu dimanche à Paris, la vermine anti TRUMP n’est que déchets antijuifs. Nous attendons l’opération israelo-americaine « makate bekhorote » qui mettra un terme définitif aux radirans. En espérant que beaucoup d’européens seront détruits avec leurs complices déchets nazislamistes.