L’explosion en Iran a de graves répercussions sur le régime
L’explosion survenue samedi au port de Shahid Rajaee, dans la ville côtière de Bandar Abbas, suscite de vives inquiétudes quant à ses conséquences sur la stabilité du régime iranien. Selon Beni Sabti, spécialiste du programme Iran à l’Institut d’études de sécurité nationale (INSS), cet incident touche une infrastructure stratégique de première importance.
« Ce port est bien plus qu’un simple centre logistique ; il est vital pour la survie du régime », a affirmé Sabti lors d’un entretien avec Maariv. Il s’agit du plus grand port commercial de l’Iran, mais également d’une plaque tournante discrète pour les activités du Corps des gardiens de la révolution islamique (CGRI). Le site aurait servi à transférer clandestinement des armes à des groupes alliés tels que le Hezbollah et les Houthis, ainsi qu’à expédier illégalement du pétrole vers la Chine.
« Plusieurs navires y transitaient de manière irrégulière, disparaissant des radars pour charger du pétrole ou importer des produits essentiels pour l’Iran », a précisé l’expert. La perte partielle ou totale de cette infrastructure pourrait ainsi avoir des effets profonds sur les opérations économiques et militaires de Téhéran.
Quant aux causes de l’explosion, Sabti reste prudent. « Il est trop tôt pour déterminer s’il s’agit d’un accident ou d’un acte de sabotage », a-t-il expliqué, ajoutant qu’il avait des doutes sur un sabotage délibéré, surtout dans le contexte actuel des négociations sensibles entre l’Iran et les États-Unis.
Face aux rumeurs pointant du doigt Israël, Sabti a tempéré : « Certains proches du régime accusent souvent Israël en pareilles circonstances, mais les autorités officielles iraniennes évitent pour l’instant de formuler une telle accusation, sans doute par calcul politique. »
Les dégâts causés par l’explosion sont néanmoins jugés « très graves » par l’expert. Il évoque une situation dramatique sur place, avec de nombreux morts et plusieurs centaines de blessés. Certaines comparaisons ont même été faites avec l’explosion catastrophique qui avait frappé le port de Beyrouth en 2020, même si l’ampleur serait moindre.
Sabti souligne que l’impact pourrait être considérable si des infrastructures stratégiques, notamment celles utilisées pour les activités pétrolières du CGRI ou la réception de biens sensibles, ont été détruites. « La zone affectée est cruciale pour les transferts de pétrole et potentiellement pour le stockage de carburants spécialisés, possiblement importés de Chine », a-t-il indiqué, précisant toutefois que cette information circulait pour l’instant sous forme de rumeurs non vérifiées.
Le flou persiste autour de l’incident, et l’expert n’exclut pas que les autorités iraniennes tentent de minimiser l’ampleur des dégâts. « Quelle que soit la cause exacte, l’explosion aura des répercussions importantes sur l’économie iranienne et sur les capacités opérationnelles du CGRI, notamment en matière de transfert d’armes », a conclu Sabti.
Jforum.fr
 |
 |