Les victimes artificielles d’Arthur Balfour

 

Le 2 novembre 2017 marquera le centenaire de la déclaration de Arthur Balfour, Ministre des Affaires étrangères Britannique et ex Premier Ministre de Grande-Bretagne (jusqu’à la fin de 1916), adressée (au nom du gouvernement Britannique) au leader de la communauté juive en Grande-Bretagne, Lord Walter Rothschild : « Le gouvernement de Sa Majesté considère favorablement l’établissement en Palestine d’un foyer national pour le peuple juif ». Bien que cette promesse entérinait la volonté, par les Juifs d’Europe de l’Est, de retourner en Palestine (manifestée avec les premières migrations juives de masse, débutées en 1882) et qu’elle traduisait l’anticipation, par les Britanniques, de la chute de l’Empire Ottoman et de son démembrement dès la fin de la première guerre mondiale, les Palestiniens la considèrent comme étant à l’origine de leur infortune. Aussi, envisagent-ils de déposer plainte contre le Royaume Uni. En réalité, les Palestiniens ne sont que les victimes artificielles d’un processus qui n’a rien à voir, ni avec les Juifs, ni avec la Grande Bretagne.

En juillet 2016, le Ministre des Affaires étrangères palestinien Riyad Maliki a annoncé à la Ligue Arabe qu’il demanderait des comptes au Royaume-Uni pour réparer cette catastrophe (nakba) : «Sur la base de cette promesse faite par une partie ne possédant pas la terre à une partie ne la méritant pas, des centaines de milliers de juifs d’Europe et d’ailleurs sont venus s’installer en Palestine aux dépens de notre peuple dont les ancêtres vivaient depuis des millénaires sur les terres de notre patrie» (sic). En réalité, cette position illustre la parfaite mauvaise foi des plaignants qui oublient que le pourtour méditerranéen devait accueillir un grand Etat arabe allant bien au delà de la région qui se nommait « Palestine ».

Le 24 octobre 1915, Mc Mahon, représentant diplomatique des britanniques en Égypte (de 1915 à 1917), s’est adressé à Hussein ben Ali (le Chérif de La Mecque) dans ces termes : « La Grande Bretagne est prête à reconnaître et supporter l’indépendance des Arabes dans toutes les régions à l’intérieur des limites demandées par le Chérif de La Mecque » (il s’agit en fait de l’ensemble des Etats  arabes Liban, Syrie, Transjordanie, Palestine). Les leaders arabes étaient donc enclins à s’imaginer que les Britanniques les aideraient à obtenir leur indépendance nationale, arabe s’ils les aidaient à lutter contre l’Empire Ottoman. Sur ce point, ils ont effectivement été abusés par les anglais, qui les ont instrumentalisés pour chasser l’Empire Ottoman.

Concomitamment, arabes et juifs étaient sur le point de déterminer les conditions dans lesquelles ils pourraient cohabiter sur les terres de l’Empire Ottoman (bientôt démantelées), conformément à leurs aspirations nationales respectives. En juin 1918, Fayçal Ibn Hussein (dont le rôle a été majeur dans la Grande révolte arabe), et Chaïm Weizmann (futur président de l’Organisation Sioniste Mondiale à partir de 1921), se sont rencontrés pour examiner les conditions dans lesquels juifs et arabes pourraient exercer leur souveraineté respective.

Le 3 juin 1919, ils ont signé l’accord Fayçal-Weizmann, marquant l’approbation de l’Emir pour la déclaration de Balfour, malgré l’absence de précision sur les limites de l’Etat juif et l’organisation politique des entités respectives. Toujours est il que cet accord a posé les contours de la collaboration entre juifs et arabes au Moyen Orient. Aussi, lors du Congrès pan-arabe de juillet 1919, les arabes de Palestine ont-ils  favorisé l’élection de Fayçal comme roi d’un Etat incluant la Palestine, le Liban, la Transjordanie et la Syrie, et soutenu Hussein de La Mecque en vue d’obtenir leur indépendance sur ce grand territoire. Du côté occidental, l’article 22 du Pacte de la Société des Nations, applicable aux provinces arabes gouvernées par les Ottomans, prévoyaient et que leurs communautés devaient être reconnues comme des « nations indépendantes ».

L’accord Fayçal-Weizmann n’a, finalement, jamais vu le jour, puisque les Britanniques sont revenus sur leur promesse faite aux Arabes, lors de la Conférence de San Rémo (en avril 1920) et le traité de Sèvres (du mois d’août de la même année) : Français et Anglais se sont partagés le Moyen Orient, Liban et Syrie pour les premiers, Palestine et Transjordanie pour les seconds. Finalement, Damas n’est jamais devenue la capitale de ce grand Etat arabe promis par les Britanniques pendant que le Cherif de la Mecque perdait son trône de roi de Hedjaz au profit de Ibn Seoud qui a fondé le Royaume d’Arabie Saoudite.

Les Arabes de Palestine ont bien évidemment été floués par cette restructuration. Tout d’abord, ils avaient vocation à être intégrés dans un grand Etat arabe qui n’a jamais vu le jour. Par ailleurs, la région nommée « Palestine » a été administrée par les Britanniques, incapables de gérer la double promesse faite aux Juifs et aux Arabes quant à leur revendication nationale respective.

C’est dans ce contexte que les « Arabes de Palestine » se sont inventés une nouvelle identité, en l’occurrence « palestinienne » : le 2 juin 1964, la Charte Olp. Yasser Arafat a rédigé la première charte Olp précisant que la « Palestine est une terre arabe unie par des liens nationaux à la grande nation arabe ». Il était alors question, non « des Palestiniens » mais du « peuple arabe de Palestine », c’est à dire d’une partie de cet ensemble arabe habitant dans la zone géographique de Palestine. Cette définition était, en réalité, insusceptible de permettre une reconnaissance nationale spécifique sur le plan international. La seconde charte OLP de 1968 a donc posé que « la Palestine est la patrie du peuple arabe palestinien » (c’est-à-dire un peuple autonome), qui « détient un droit sur la patrie », avec une « identité palestinienne spécifique »…(même s’il continue de faire partie de la grande nation arabe).

Grâce à ce formidable tour de passe-passe, les « Arabes de Palestine » sont devenus « les arabes palestiniens », dotés d’une identité spécifique, attachés à la terre de Palestine conforme à sa délimitation géographique du mandat Britannique. L’inconvénient n’en reste pas moins double pour les palestiniens : tout d’abord, cette Charte de l’Olp a institué le concept de « palestinien » alors qu’à l’origine, il s’agissait des « arabes de Palestine » ayant vocation a se réunir au sein d’un grand Etat arabe sur le pourtour méditerranéen.  En outre, le concept de « palestinien » est associé à l’éviction des juifs de Palestine, au moyen de l’action terroriste.

Ainsi, les Palestiniens (qui ne sont en réalité que les Arabes de Palestine) se sont progressivement persuadés de ce qu’ils constituaient une unité humaine particulière, (ce qui est faux), et qu’ils doivent anéantir l’entité sioniste, pour consacrer cette unité.

Bien évidemment, ce projet ne pourra jamais voir le jour. Il convient donc, pour les Arabes de Palestine devenus « palestiniens », de redevenir des « membres de la grande nation arabe », en se contentant, faute d’union des populations arabes régionales, de créer leur Etat sur les terres qu’il contrôlent sans partage, en l’occurrence sur la bande de Gaza (pour les uns), sur les zone A et B de Cisjordanie (pour les autres). Si, inversement, les palestiniens continuent de s’en prendre à Arthur Balfour et à la Grande Bretagne pour justifier leur malheur et l’identité assassine qu’ils se sont inventés, ils risquent de se perdre définitivement.

Par Maître Bertrand Ramas-Muhlbach

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Harry

zone A et B de Cisjordanie –> zone A et B de Judée Samarie

blum

Il ne lésine pas, Maliki, Monsieur, dans le mensonge:  » aux dépens de notre peuple dont les ancêtres vivaient depuis des millénaires (??!) sur les terres de notre patrie ».
L’affirmation, aussi grotesue que mensongère, devrait être de nature à faire sauter au plafond, même un Macron, qui fait de la Guyane: une ILE!
Passons.
J’ai, sous les yeux, une carte géographique ancienne insérée dans un catalogue de  » Monnaies antiques » pour une vente aux enchères de la Maison VINCHON, au Palais Brongniart, le 2 décembre 2015.
A la page 74, elle montre , entre autres parties, celle que Maliki revendique comme patrie millénaire…
Les dénominations du cartographe antique font mentir ce propagandiste éhonté: nulle mention de « Palestine ».
Mention de AELIA CAPITOLINA pour Jérusalem (région: JUDAEA); au nord de cette partie: DECAPOLIS; plus au sud: LACUS ASPHALITES; à l’est : ARABIA (pas de Jordanie, ni de Yemen…); tout à fait à l’ouest: l’EGYPTE;
Que dire de la langue arabe, apparue, selon l’étude de M. Joseph Cohen ( 1997), au 4ème s. avt J.C. , pour le sud arabique, et au 5ème s. ap. J.C. , pour le nord arabique ( venant du nabatéen) ? Donc, bien après le paléo-hébreu, l’araméen, le canaanéen.
Les discours de Riyad Malki sont destinés à des foules incultes et platement anti-juives; ainsi qu’à des diplomates ignares, comme ceux qui sont envoyés à l’ONU, pour voter, comme des automates, contre Israel.