Les plages israéliennes sont-elles devenues plus propres ?
Israël : état des plages
Israël : état des plages
Depuis 18 ans, le programme « Clean Beach » œuvre à l’assainissement du littoral israélien. Mis en place pour lutter contre la pollution côtière, ce dispositif national est désormais évalué par trois spécialistes : le Dr Tsurel, coordinateur scientifique de l’Unité nationale pour la protection de l’environnement marin, Fred Arzuan, directeur de cette même unité au sein du ministère israélien de l’Environnement, et le Dr Zohar Brent-Itzhaki du Rupin College.
Leurs conclusions révèlent des avancées notables, mais aussi des défis persistants.
Pollution : des origines diverses
Les chercheurs estiment que 16 % des détritus trouvés sur les plages israéliennes proviennent directement de la mer. Cette proportion grimpe à 45 % dans les zones côtières proches de la bande de Gaza. Le phénomène est similaire au nord, à la frontière libanaise. Malgré les accusations réciproques entre les deux pays voisins, des chercheurs israéliens affirment que la majorité des déchets retrouvés au Liban seraient d’origine libanaise.
Une amélioration inégale
Lorsque le programme a été lancé, les plages officielles – dotées de sauveteurs, de services de nettoyage et d’infrastructures – étaient nettement mieux entretenues que les plages dites « sauvages ». Ce fossé persiste aujourd’hui. En effet, les municipalités concentrent toujours leurs moyens sur les 14 kilomètres de plages reconnues et surveillées, alors que 157 kilomètres de côte sont accessibles au public.
Pour mesurer la quantité de déchets, des inspecteurs se rendent sur le terrain et effectuent des comptages visuels dans des zones prédéfinies. Les chercheurs suggèrent désormais d’adopter des méthodes technologiques plus précises, notamment l’utilisation de drones pour cartographier la pollution de manière plus objective et régulière.
Des plages plus propres… en général
Le bilan reste globalement positif. Alors que le programme visait initialement à ce que 70 % des plages respectent les normes de propreté, cet objectif est aujourd’hui porté à 80 %. Cette amélioration traduit une évolution dans la gestion de la propreté littorale, avec des résultats visibles sur de nombreux sites.
Cependant, certaines zones restent problématiques. Les embouchures de 16 cours d’eau, qui se jettent dans la mer entre Rosh HaNikra au nord et Gaza au sud, continuent d’accumuler des déchets, en particulier après les intempéries. Par ailleurs, la plage située au nord du port d’Ashdod conserve un niveau de saleté préoccupant.
L’effet de l’interdiction des sacs plastiques
Une des mesures les plus efficaces semble être l’interdiction des sacs en plastique sur les plages. Depuis sa mise en place, les déchets de ce type ont nettement diminué. C’est un signe encourageant, qui démontre que des réglementations ciblées peuvent avoir un impact réel sur l’environnement côtier.
Une qualité de l’eau contrastée
En parallèle de la propreté visible, la qualité de l’eau reste un sujet d’inquiétude dans certaines zones. En tête des plages les plus polluées se trouve Bat Galim, à Haïfa, où des analyses ont relevé 76 entérocoques pour 100 millilitres d’eau, un indicateur bactérien préoccupant. Suivie de près par la plage de Hof HaCarmel, qui en comptait 72. À l’inverse, les plages de Kiryat Yam et de Neot, à Kiryat Haim, présentent les concentrations bactériennes les plus faibles relevées.
La guerre, un facteur aggravant
Les périodes de conflit n’épargnent pas l’état des plages. Lors des phases de tensions, la qualité de l’entretien baisse, aggravant parfois une situation déjà fragile. Durant l’été dernier, malgré le pic touristique, plusieurs plages ont été désignées comme les plus sales du pays, témoignant d’un relâchement temporaire des efforts d’entretien.
Enfin, l’analyse révèle un fait marquant : les plages les plus proches des frontières – au nord et au sud – sont systématiquement plus sales que celles du centre du pays. Cela pourrait s’expliquer par une combinaison de facteurs : manque d’investissement local, pressions géopolitiques, ou encore l’absence d’un entretien régulier.
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