Musulmans surveillés, islam criminalisé : à la télévision turque, les délires complotistes de Marwan Muhammad
Invité sur la télévision publique turque, samedi 24 juillet, l’ancien directeur du CCIF, Marwan Muhammad, a multiplié les « fake-news » et les délires complotistes sur la France et les musulmans.
Sur le plateau d’une chaîne publique de télévision turque, il devrait sembler délicat de donner des leçons de libertés publiques et de tolérance. C’est pourtant ce qu’a fait Marwan Muhammad, l’ancien dirigeant français du Collectif contre l’islamophobie en France (CCIF), samedi 24 juillet. Dans une envolée complotiste repérée par Marianne, le militant islamiste dresse un portrait improbable de la situation des musulmans en France. A l’en croire, les autorités françaises auraient ainsi « envoyé la police partout, par les routes, afin de surveiller les communautés musulmanes de France » pendant la fête de l’Aïd-el-Kébir. Avec, comme but : « voir [si les musulmans] sacrifiaient des moutons, s’ils célébraient l’Aïd, ou voir comment ils s’organisaient. » « Aujourd’hui en France, le simple fait de pratiquer sa religion est une source de stigmatisation, c’est criminalisé », poursuit Muhammad, évoquant le cas d’imams expulsés de France « parce que le ministère de l’Intérieur était en désaccord avec leurs opinions ».

Liaisons dangereuses
Marwan Muhammad fait ici référence aux imams des mosquées de Saint-Chamond (Loire) et Gennevilliers (Hauts-de-Seine), expulsés de France après avoir tenus des propos extrémistes lors de prêches religieux — notamment à l’encontre des femmes. Comme le souligne Marianne, il n’est guère étonnant que Marwan Muhammad soutienne ces imams. Sa carrière de lobbying islamiste en France est longue. Dès 2013, se souvient l’hebdomadaire, il s’affichait aux côtés de l’imam salafiste Nader Abou Anas. Devenu président du CCIF, il s’était ensuite fait le défenseur des théories des Frères musulmans, avait pris position en faveur de l’association dissoute Baraka City, dont le fondateur, Idriss Sihamedi, refuse de serrer la main des femmes. Pire encore, se souvient Marianne, lors d’une émission diffusée sur Canal+ en janvier 2016, Sihamedi avait refusé de condamner les attentats de 2015 — sans pour autant perdre le soutien de Marwan Muhammad. Depuis de Baraka City, Idriss Sihamedi s’est d’ailleurs exilé… en Turquie, pays des droits de l’homme bien connu, depuis lequel Marwan Muhammad a finalement appelé à « une enquête internationale sur la situation des communautés musulmanes ». Toute honte bue.
L’ancien directeur de feu le Collectif contre l’islamophobie en France (CCIF) s’est illustré en direct à la télévision publique turque en alignant un grand nombre de mensonges quant à la situation des musulmans en France. Toute honte bue, Marwan Muhammad a même appelé à une enquête internationale sur le sujet. On espère pour lui que le reïs Recep Tayyip Erdogan était devant la télévision.
Faut-il en être surpris ?
Après tout, Marwan Muhammad a été, en France, l’allié présentable d’un certain nombre de penseurs et d’imams fréristes ou salafistes. En août 2013, à la mosquée du Bourget, il s’affiche par exemple aux côtés de Nader Abou Anas. Cet imam salafiste a pourtant assuré, quelques années auparavant : « La femme ne sort de chez elle qu’avec la permission de son mari (…), qu’elle sache que les anges la maudissent toute la nuit dans le cas où elle se refuse à son mari sans raison valable. » Dans ses prêches, il invite les femmes à « rester discrètes » et à porter le hijab, les hommes étant « trop faibles » pour leur résister. Est-ce cela la liberté religieuse réclamée par Marwan Muhammad ? Éduquer les femmes à cacher leur corps, à rester à la maison pour ne pas tenter les hommes et à subir des rapports sexuels forcés.
LA LIBERTÉ DE RÉUNIR DES FONDAMENTALISTES
Ce passionnant conteur déplore, par ailleurs, que le gouvernement s’en prenne à la liberté d’association des musulmans. On peut comprendre qu’il ne se soit toujours pas remis de la dissolution du CCIF, ex-vaisseau amiral des pourfendeurs de « l’islamophobie » une théorie visant à assimiler les critiques de l’islam radical à de la haine des musulmans en France. Mais à qui manquera vraiment cette association ? Peut-être au parent d’élève qui a dénoncé au CCIF le professeur Samuel Paty après qu’il a montré des caricatures de Charlie Hebdo à sa classe.

LE MONDE À L’ENVERS
Comme tout bon comédien, Marwan Muhammad nous réserve un final spectaculaire. Oubliant probablement qu’il s’exprime sur la télévision publique turque, il demande même à ce que soit conduite en France une enquête internationale sur la situation des communautés musulmanes. Pour ce faire, il va en appeler à toutes les grandes causes contemporaines et mettre en garde les militants. « Quand on introduit dans la loi des outils qui permettent de stigmatiser une personne pour ses opinions, les mêmes instruments juridiques peuvent être utilisés pour tout objectif politique. Quand vous manifestez contre les violences policières, pour le climat, pour les libertés fondamentales, vous pouvez être criminalisés avec les mêmes instruments que les musulmans. » Vous suivez ?

La fraude intellectuelle est donc totale :
pour dénoncer l’État raciste que serait devenue la France, Marwan Muhammad en appelle, en Turquie, au soutien de tous les défenseurs des « libertés fondamentales ». Faut-il lui rappeler que le régime d’Ankara procède à des purges régulières qui ont conduit au renvoi ou à l’emprisonnement de milliers de Turcs suspectés d’être hostiles au régime ? Ou que le sort des Kurdes n’y a rien d’enviable ? Que, depuis le coup d’État manqué de 2016, le reïs Recep Tayyip Erdogan a considérablement renforcé ses pouvoirs, suscitant l’inquiétude des Turcs démocrates et des organisations internationales ? Une seule explication : la liberté dont se préoccupe véritablement Marwan Muhammad n’est pas celle de tous, dans la limite de celle des autres, mais bien celle de pratiquer un islam rigoriste en dépit des lois de la République.
Sources : Valeurs Actuelles et Marianne
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