Les chrétiens du sud du Liban contre le Hezbollah

Au Liban, la guerre à Gaza attise les tensions confessionnelles

Alors que le conflit entre Israël et les groupes armés palestiniens s’intensifie dans la bande de Gaza, le Liban voisin se retrouve une nouvelle fois pris dans la tourmente. L’implication du Hezbollah chiite aux côtés du Hamas palestinien soulève en effet l’ire d’une partie de la communauté chrétienne libanaise, qui dénonce son entraînement forcé dans cette guerre.

Dans les villages chrétiens du sud du Liban, proches de la frontière avec Israël, c’est la crainte qui prédomine. Celle de voir leur territoire se transformer en champ de bataille suite aux tirs de roquettes du Hezbollah en direction de l’État hébreu. À l’image de Rmeish, où des affrontements ont déjà éclaté entre villageois et combattants du parti chiite venus y installer des rampes de lancement.

« Nous n’avons rien à voir avec ce conflit, nous ne voulons pas en faire les frais », proteste un habitant sous le sceau de l’anonymat, par peur des représailles. Une colère que partagent de nombreux chrétiens, inquiets de voir leur communauté une nouvelle fois menacée par les affrontements armés.

Car l’Histoire a été cruelle pour cette minorité, régulièrement prise entre deux feux. Durant la sanglante guerre civile libanaise (1975-1990), des dizaines de milliers de chrétiens avaient dû fuir leurs villages du sud, envahis par les combats opposant milices et forces israéliennes.

Aujourd’hui, le spectre du déplacement forcé ressurgit. Près de 90 000 personnes ont déjà été déracinées depuis le début des hostilités en octobre dernier. Un nouvel exode qui pourrait saper encore un peu plus la présence chrétienne au Liban, miné par une crise économique sans précédent.

« Cette guerre imposée par une seule faction encourage nos enfants à partir », déplore un responsable local. Un constat que partagent désormais jusque dans les plus hautes sphères de l’Église, où les appels à la neutralité du Liban se multiplient.

Le bras de fer est également politique pour les chrétiens, qui se sentent dépossédés de tout pouvoir décisionnel face à la mainmise du Hezbollah sur une grande partie de l’appareil d’État. « Nous n’avons plus notre mot à dire dans ce système contrôlé par le Hezbollah », résume un expert.

Cette nouvelle crise exacerbe les fractures déjà béantes au sein du fragile édifice confessionnel libanais. Le risque d’un « divorce psychologique » des chrétiens avec les institutions semble se préciser, menaçant un peu plus la stabilité déjà précaire du pays du Cèdre.

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Guidon

Vu la situation actuelle du Liban, on peut se demander dans quelle situation il serait aujourd’hui s’il n’avait pas annulé le traité de paix avec Israël de 1983 ?