AU SEPTIÈME CIEL 

Pour exprimer notre bonheur, ou notre extase nous informons notre entourage  que nous sommes « au septième ciel ». En écrivant « nous » je ne désigne que le  genre humain sans distinction confessionnelle quelle qu’elle soit. 

Les différentes religions enseignent chacune à sa façon ce que sont les sept  cieux et cela ressemble en gros à notre façon d’en parler mais, sont englobées  dans les autres dogmes des notions très étrangères ou déformées. 

S’il est un sujet très abstrait dans le judaïsme en dehors de « la brisure des  vases », c’est celui des sept cieux, car il inclut des notions qui sont très  complexes pour un cerveau humain. 

Dans cet article, en nous appuyant sur des commentaires de très grands sages  d’époques différentes, nous tâcherons de donner des définitions qui  permettront de mieux maîtriser la question. 

Dans la Parasha de Haazinou, Moïse prend à témoin les Cieux et la Terre. De  nombreux commentaires à propos de ce verset nous ramènent à la Sidra  Bereshit que nous verrons bientôt dans laquelle nous apprenons à chaque  lecture ou relecture que c’est sous le signe du chiffre 7 que se place la Création.  Ainsi, de manière équivalente, HaShem a créé le monde en 7 jours, IL a créé  7 cieux au-dessus du globe terrestre (1) et 7 mondes au-dessous de la surface  de la Terre (2), IL a créé, 7 mers (3), et 7 continents (4), 7 fleuves (5) et les 7 astres (6) puis  les notions des 7 jours de la semaine, des 7 semaines du Ômer, des années  shabbatiques, des jubilés (7 fois 7 années shabbatiques), des 7 millénaires (le  septième étant celui de la Rédemption et du Shabbat « éternel » consacré à la  Gloire de l’Eternel). 

Le célèbre exégète, penseur, poète, philologue, mathématicien (et encore bien  d’autres qualifications) de l’âge d’or espagnol Abraham Ibn Ezra7 composa un admirable poème liturgique qui est lu lors des offices de Yom Kippour8 dans  lequel il décrit succinctement les 7 cieux : 

« Les Dominations et les Splendeurs se demandent : 

Où Se trouve D. afin de pouvoir L’adorer et Le louer. 

Ceux qui se trouvent au Vilone disent Sa grandeur 

En rugissant comme un volcan, IL est glorifié et les Séraphins Volètent au-dessus de Lui. 

Les troupes du Rakiâ toutes ensemble LE sanctifient et disent leurs Paroles de louanges avec beaucoup de Crainte  

Les multitudes des Shehakim possèdent toutes six ailes chacune. 

Et, elles expriment leur émerveillement en cachant leur face avec deux de leurs  ailes 

Et se tiennent là debout pour Le louer du haut de Son Maône. Les étincelles du Zeboul prononcent des hymnes et des cantiques vantant Sa perfection et ils couvrent leurs pieds à l’aide de deux autres ailes. Les princes du Maône s’abritent à Son ombre et IL les protège lorsqu’ils  S’envolent avec leurs deux autres ailes.  

Les gardes du Makhone 

Adressent leurs prières en murmurant les uns aux autres  

La Majesté d’HaShem qui emplit le monde et Le supplier  

De protéger Son serviteur Israël. 

Les Anges d’Aravouth sont debout pour rendre grâce et  

Dire que l’Éternel, trois fois Saint est le D des armées. 

Dans ce poème l’auteur exprime relativement brièvement le fait que chacun  des sept cieux est peuplé d’une armée céleste composée d’Anges,  d’Archanges de grade et de fonctions diverses. Nous pouvons comprendre  ainsi que ces sept cieux sont distants les uns des autres par des distances  faramineuses. Les Sages du Talmud évoquent une distance d’environ « 500  années » (peut-on ici penser aux « années lumières »?) ce qui est inimaginable  pour un esprit cartésien. 

Chacune de ces sept sphères correspond à un stade de sainteté supérieur l’un  à l’autre. Dans l’un certains anges trouvent leur place et dans d’autres ce sont  les planètes et les étoiles… 

Parmi tous les exégètes qui ont donné chacun son point de vue sur les sept  cieux, celui du Rav Dessler dans son « Mikhtav méEliahou », qui, en s’appuyant  sur le Gaon de Vilna enseigne de manière très claire comment on peut « saisir »  cette notion des 7 cieux sans risquer de déformer le concept. 

Le Rav Dessler expose ainsi son commentaire : selon lui, les 7 cieux seraient  tels 7 cloisons (comme des salles différentes) d’un monde « spirituel » et chaque  salle étant disposée l’une au-dessus de l’autre. Ces mondes spirituels sont en  quelque sorte « mis à la disposition » de l’homme pour qu’il puisse se  perfectionner et gravir un à un ces domaines qui sont mis hors de la portée de  l’être humain dans tout le perfectionnement qu’il met dans le culte qu’il rend à  HaShem il cite pour cela l’explication du Gaon de Vilna sur l’ajout que l’on fait  pendant les fêtes ou pour Rosh Hodesh : « yaâlé veyavo » où sont cités 8 verbes  qui, selon le Gaon, font allusion aux 7 cieux + 1 car, selon lui, à cause de nos  péchés et infractions de tous ordres, HaShem S’est retiré au plus loin du  septième ciel. 

Nous citerons, ici, une façon d’interpréter le mot EHAD que nous prononçons  à chaque profession de foi (Shéma Israël HaShem Elo-kénou, Hashem Ehad)  en prolongeant autant que possible le son du daleth (lettre D) Le mot Ehad  s’inscrit avec un ALEF un HETH et un Daleth dont la valeur numérique  correspond à 1+8+4 soit : 1= l’Eternel, 8 = les sept cieux et la présence divine  au-dessus des sept cieux car le chiffre 8 fait allusion au « surnaturel » et 4 faisant  allusion aux 4 points cardinaux.  

C’est donc au moyen des prières humaines, de l’étude et de la façon de se  conduire, que la Shekhina peut revenir « lishkone betokhénou » résider parmi  nous (le peuple de D). 

En « raccourci » le Gaon de Vilna ajoute à propos de chacun des cieux : 

Le Vilone représente le premier des sept degrés qui nous séparent d’HaShem et il se rattache au mot « yaâlé » de l’ajout « yaâlé veyavo ». 

Le Rakiâ c’est, explique le Gaon de Vilna ce qui fait toute la différence entre le  corps et l’âme entre « les eaux » (supérieures et inférieures). C’est la deuxième  étape « yavo ». 

Le Shehakim, ici se trouve le degré où les tsadikim profitent du rayonnement  de la Shekhina ou Présence divine chacun selon l’occupation qu’il a eue dans  le monde actif. « veyaguiyâ ». 

Le Maône, ce nom est une simple indication car le monde « est rempli de Sa  Majesté. Il ne s’agit donc pas d’une indication de l’emplacement de la résidence  divine. « veyiraé ».

Le Zevoul, réfèrerait toujours d’après le Gaon de Vilna au paragraphe de la  âmida qui commence par « retsé » et dans lequel il est écrit : ולתפילתם ישראל ואשי  ברצון תקבל באהבה » agrée et reçois les prières des « hommes » d’Israël  favorablement et avec amour ». Ceci se rattache à « veyiratsé ». 

Le Makhone, se rapporte au verset des Chroniques II, chapitre 6 : Et Toi des  Cieux, lieu de Ta Résidence, Tu entendras ….. allusion au mot « vayishmâ » 

Le Arevout, c’est en ce degré que se trouve le « Otsar hanéshamoth » ou, en  quelque sorte, le « Trésor » des âmes. En cet endroit, le degré de spiritualité de  chaque âme est évalué selon les actes commis c’est la raison pour laquelle  Arevout correspond à « vifaked veyizakher ». 

Les Sages dans la guemara de Haguiga ont défini la dimension de chacun de  ces cieux et de la distance entre chacun est de 500 années (années-lumière ?  peut-être!). Les 7 cieux sont donc bien destinés à évaluer les actes de chacun  durant son existence. 

JForum.fr avec Caroline Elishéva REBOUH

1. Respectivement et du plus bas au plus haut : Vilone, Rakiâ, Shehakim, Zevoul, Maône et Makhone.

2. Eretz, Adama, Gaye, Nessiya, Tsiya, Arka et Tevel. 

3. Le nom des 7 mers : Adriatique, Egée, Méditerranée, Rouge, le Golfe Persique, la Mer Noire, d’Arabie  et la Caspienne. Selon d’autres sources il s’agirait plutôt des océans Atlantique, Pacifique, Indien,  Antarctique, la Mer Méditerranée, la Mer Rouge et le Golfe Persique. 

4. Les 7 continents sont : l’Europe, l’Asie, l’Afrique, l’Amérique du Nord, l’Amérique du Sud, l’Océanie et  l’Antarctique. Remarquer : en hébreu, les noms de tous ces continents commencent par la lettre  ALEF…. 

5. Dans le livre de Bereshit ou la Genèse, selon la description du Jardin d’Eden, le paradis terrestre se  trouvait être délimité par 4 grands fleuves et, d’après des commentaires poussés, la délimitation du  jardin est faite par sept grands fleuves. Les quatre fleuves cités par la Torah sont le Tigre, l’Euphrate, le  Nil (le Gihon) et le Gange (le Pishon). Pour d’autres, le Gihon et le Pishon ne sont en fait que deux bras  du Nil et il faut ajouter le Koush (Afrique) le Sefid et l’Aras (fleuves de Mésopotamie qui auraient disparu  depuis au moins deux millénaires mais faisaient, du temps où ils coulaient, de la région un jardin  luxuriant. 

6. Les sept planètes sont : le Soleil, la Lune, Mars, Mercure, Jupiter, Vénus et Saturne. Chez les Romains,  les jours étaient attribués aux planètes ainsi le dimanche était le jour du soleil (en anglais ou en  allemand on retrouve cette notion avec SUNday ou SONtag tandis que dans les langues latines et donc  chrétiennes le Dimanche fait allusion au jour du « seigneur » : DOMinus d’où en espagnol : DOMingo ou  DOMenico en italien. Le LUNdi est affilié à la LUNe : ou MONday, MONtag, LUNedi, LUNes etc… Pour le Shabbat, il est à remarquer qu’en espagnol et en italien on dit respectivement SABADO et SABATO en  référence au Shabbat alors qu’en français, anglais ou allemand ce jour est affilié à Saturne !

7. Abraham Ibn Ezra 1089 né à Tudèle en Navarre espagnole et décéda en 1167 (il est enterré à Safed). 8Lors de l’office de la « Néîla » ou Fermeture de la journée de jeûne.

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Habibi

Vous gagneriez à étudier les autres traditions spirituelles ou religieuses pour vous éclairer sur la vôtre et vous aidez à en percevoir les sens les plus profonds, et tout particulièrement l’Hindouise, essentiellment métahysique, la plus ancienne et la plus complète de toutes.