Le Memorial Day en Israël, entre devoir de mémoire et polémiques
Du 12 au 13 mai prochain, Israël célèbrera comme chaque année sa journée de commémoration des martyrs et victimes des conflits, le Yom Hazikaron. Une période de recueillement particulièrement lourde de sens cette année, alors que les voix discordantes se multiplient sur les formes que doit prendre cet hommage national.
Dès dimanche soir, la minute de silence initiale marquera le début des célébrations avec les traditionnels rassemblements au Mur des Lamentations et au Mont Herzl. Des cérémonies d’État auront ensuite lieu dans les 54 cimetières militaires et lieux de mémoire à travers le pays.
Selon les derniers chiffres du ministère de la Défense, ce sont 25 040 soldats tombés qui seront honorés cette année, depuis la création d’Israël jusqu’aux récents affrontements meurtriers à Gaza ce week-end. Un lourd tribut, qui rappelle l’importance cardinale de cette journée pour l’identité nationale israélienne.
Pourtant, le climat semble cette année bien éloigné de l’union sacrée habituellement observée à cette occasion. Les polémiques se sont en effet multipliées sur la façon dont devraient être célébrés ces jours de recueillement.
Un nouveau sondage de l’Institut Israélien pour la Démocratie montre ainsi qu’une moitié de la population juge inappropriée la présence des ministres aux cérémonies dans les cimetières militaires. Une position qui recoupe les clivages politiques, avec une nette majorité de l’électorat de gauche et du centre opposé à ces visites, contrairement à la droite.
Les habitants se montrent également très partagés sur la forme que doivent prendre les festivités le jour suivant de la fête de l’Indépendance. Si seuls 10% jugent qu’elles doivent avoir lieu normalement, un tiers préfèrerait qu’elles soient annulées cette année, dans un contexte de tensions exacerbées.
Au cœur des débats, la crainte de voir ces célébrations patriotiques virer au bras de fer politique en ces temps troubles pour le pays. Beaucoup redoutent que le traditionnel devoir de mémoire envers les combattants ne devienne un enjeu de divisions supplémentaires au sein de la société israélienne.
C’est pourquoi une majorité de 53% des sondés plaident pour un entre-deux : célébrer certes, mais dans un esprit de recueillement plutôt que de liesse, plus sobre et apaisant. Pour apaiser un peu les tensions selon l’adage « l’union fait la force » en cette période critique pour Israël.
Un défi complexe pour les autorités, alors que les pertes humaines du dernier conflit sont encore si fraîches. Elles devront réussir à honorer dignement la mémoire des héros, tout en insufflant l’esprit d’unité et de résilience indispensable pour permettre au pays de se relever, par-delà les fractures politiques.
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