Le lieutenant-général à la retraite Michael Flynn, qui a servi en tant que chef de l’Agence américaine du Renseignement à la Defense(DIA – Defense Intelligence American ) de 2012 à 2014, s’est confié au journal allemand » Der Spiegel » ce dimanche à propos de la guerre contre l’Etat islamique (Daesh).
Flynn, qui était en Afghanistan et en Irak en tant que directeur du Renseignement au Commandement conjoint des opérations spéciales de 2004 à 2007, a été interrogé sur la façon dont les États-Unis ont arrêté Abou Bakr al-Baghdadi en Février 2004 et l’ont libéré, lui permettant de continuer ses activités et de créer Daesh.
Al-Baghdadi était aux mains des Américains en Irak jusqu’à ce qu’une commission militaire américaine en Décembre 2004 le déclare « sans danger », et lui permette de quitter le Camp Bucca – une vaste prison, Americaine en Irak, où de nombreux djihadistes de premier plan étaient incarcérés.
« Nous avons été trop stupides. A ce moment-là, nous n’avons pas compris qui nous avions entre les mains », a avoué Flynn au journal allemand.
Il a déclaré que le problème a été de ne pas identifier la nature de la menace islamiste radicale et de se concentrer plutôt sur les menaces géographiques ; pour mémoire « après les attentats du 11 Septembre 2001, notre réaction était émotionnelle et on se demandait « d’où viennent ces salauds ? Allons là-bas les tuer. »
«Au lieu d’essayer de comprendre pourquoi ils attaquaient, nous nous sommes demandés d’où ils venaient pour envoyer nos bombardiers. Stratégiquement nous sommes allés dans la mauvaise direction », a dit Flynn.
Flynn fait remarquer qu’en comparant Al-Baghdadi aux dirigeants d’Al-Qaïda Oussama ben Laden ou Ayman al-Zawahiri, il a noté que ces derniers « dans leurs vidéos étaient toujours assis les jambes croisées en face d’un drapeau avec un AK-47 dans les bras. Ils se sont présentés comme des guerriers « .
« Al-Baghdadi au contraire a fait son discours dans une grande mosquée à Mossoul, sur le balcon, presque comme le Pape. Il est apparu dans une robe noire, comme un savant saint et a proclamé le califat islamique. Cela a eu une force symbolique et a élevé la lutte d’un militaire et le conflit tactique et locale au rang de guerre religieuse et globale « .
Revenant sur les récentes attaques revendiquées par Daesh, y compris celles de Paris plus tôt ce mois-ci qui ont fait 130 morts, Flynn a déclaré que les gens n’avaient pas pris la mesure de la menace que représentait Daesh suffisamment au sérieux et que les attaques internationales auraient une telle envergure.
«Nous n’étions pas assez attentif, » a-t-il déploré, notant que Daesh a une gestion structurée qui lui permet de planifier des attentats dans de nombreux pays, peut-être même aussi aux États-Unis.
Flynn a condamné également le président américain Barack Obama, en disant: « regardez ce qui est arrivé ces derniers jours: le président de la France a demandé aux Etats-Unis une aide militaire (après les attentats de Paris). Cela est vraiment bizarre pour moi, Américain. Nous aurions dû être les premiers a offert notre soutien. Mais finalement c’est à Moscou que Hollande s’est rendu pour demander de l’aide au président Vladimir Poutine».
Les frappes aériennes contre Daesh en Syrie et en Irak cela ne suffira pas pour défaire les djihadistes, a-t-il averti, prévenant que l’Occident aurait besoin de déployer des troupes au sol si il veut vaincre Daesh.
« Nous devons travailler de manière constructive avec la Russie. Que cela nous plaise ou non, la Russie a pris la décision d’être là (en Syrie) et d’agir militairement. Ils sont là, et cela a considérablement changé la donne et la dynamique du conflit. Donc, on ne peut pas dire on ne veut pas de la Russie, c’est pas bien qu’il y ait des Russes, ils faut qu’ils rentrent chez eux. Cela ne se produira pas. Soyons réalistes. »
Matthias Gebauer and Holger Stark – Der Spiegel – adpatation JForum
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