Le Hezbollah redéploie ses forces d’élite Radwan au Sud-Liban, en violation dela résolution 1701 après un retrait de ses positions à la frontière entre la Syrie et le Liban

La semaine dernière, le Secrétaire-Général du Hezbollah, Hassan Nasrallah, a livré un discours télévisé sur la chaîne Al-Manar, pour l’anniversaire de l’assassinat du commandant du groupe, Mustafa Badreddine. En supplément de ses diatribes anti-israéliennes et anti-saoudiennes habituelles, Nasrallah a annon le retrait des forces du Hezbollah, de la frontière entre la Syrie et le Liban et la restitution de ces positions à l’armée libanaise. Sa mission – repousser la menace des milices sunnites des bastions du Hezbollah de Baalbek et de la Vallée de la Beqaa – a été accomplie, selon ce qu’il a annoncé. Mais, il y a bien d’autres choses à comprendre derrière cette histoire : les forces du Hezbollah n’ont pas été démobilisées, elles ont plutôt été tout simplement redéployées. Il apparaît que le Hezbollah a redéployé ses hommes pour les batailles à venir en Syrie.

Les djihadistes du Hezbollah ont fourni des ressources humaines absolument cruciales au régime de Bachar al Assad. L’armé syrienne est actuellement engagée dans une opération militaire à grande échelle dans le Désert syrien de l’Est, avec pour objectif d’atteindre la frontière syro-irakienne et elle a actuellement grand besoin de renforts afin de fortifier ses positions acquises, ainsi que pour contribuer à leur percée vers l’Est. Les alliés d’Assad au Hezbollah sont en train d’intégrer des combattants supplémentaires sur les champs de batailles syriens et de réorganiser leurs positions au Liban, afin de faciliter le mouvement de combattants et d’équipements supplémentaires à travers la frontière.

En effet, des rapports indiquent que le « retrait » tant claironné par Nasrallah n’était en fait qu’un redéploiement le long de la frontière libanaise. Un responsable de haut-rang au sein de l’armée libanaise a déclaré au journal pro-occidental  al-Joumhouria qu’il « n’y a pas de positions de Hezbollah à Arsal ou Ra’s Baalbek,” les villes libanaises parmi les plus proches de la fro,tière syrienne où le groupe terroriste était présent, auparavant. « Il n’y a que l’armée libanaise qui soit déployée dans ces secteurs et qui étend son déploiement sur la frontière Est du Liban ». Cela concorde bien avec d’autres récents reportages d’Al-Joumhouria disant que l’armée intensifie ses opérations contre l’Etat Islamique aibnsi que contre le groupe sunnite extrémiste anciennement appelé le Front Al Nusrah dans ces villes.

Ce responsable a aussi démenti les allégations disant que le Hezbollah aurait pris pour cible les Commandants du Front al Nusrah, à partir de la ville libanaise d’Arsal, en faisant remarquer que toute attaque de ce genre aurait été lancée à partir de positions syriennes du groupe et pas à partir du Liban. Cela coïncide avec les reportages du Daily Star et d’Al-Masdar News (un organe de presse pro-Assad), qui évoquent des « affrontements lourds » entre le groupe chiite et les djihadistes sunnites du côté syrien de la frontière dans les jours qui ont immédiatement suivi le discours de Nasrallah.

Cependant, le Hezbollah semble avoir tenu ses positions au Sud de ces deux villes. « Les sources sécuritaires » ont déclaré au journal  Al-Mustaqbal, appartenant au Premier Ministre Saad Hariri, le 18 mai, que le « Le retrait du Hezbollah des montagnes de l’Est [du Liban] était incomplet et que le groupe conserve un certain nombre de ses positions et de ses bases » qu’il a eu en sa possession depuis le début des années 1990.

Selon Al-Mustaqbal, le Hezbollah s’est retiré de la ville frontalière d’al-Tofail et des « faubourgs des villes de Ham, de Maaraboun, d’al-Tayba, d’al-Khudur et d’al-Nahleh ». Mais le groupe terroriste demeure sur des positions considérées comme  » sensibles et stratégiques » pour les cercles dirigeants du parti dans l’arrière-pays de la ville frontalière libanaise de Brital, dans la direction Nord des faubourgs de Baalbek et Nahleh. Ces positions fortifiées ot été construites pour le groupe par des ingénieurs iraniens au-dessus de tunnels qui, dit-on, s’étendent en Syrie et où sont stockés des équipements et armements sophistiqués.

Autant le journal pro-saoudien Asharq Al-Awsat basé à Londres que l’Observatoire Syrien des Droits de l’Homme semblent confirmer que le Hezbollah s’est simplement redéployé sur la frontière libano-syrienne. Les djihadistes chiites se sont retirés de certaines positions afin de fortifier les autres au Liban et en Syrie, qui opèrent en tant « qu’artère du Hezbollah en vue du redéploiement de ses forces et de ses armes en Syrie ». A présent, de nombreux combattants semblent être redéployés en Syrie où ils renforcent diverses opérations militaires du régime Assad ».

Autant l’agence officielle Fars News appartenant au Corps des Gardiens de la Révolution iranienne que le journal favorable au régime iranien ABNA ont révélé que le Hezbollah a « envoyé 12 régiments de 1000 hommes vers Homs, Dara’a, et Quneitra”, afin d’aider Assad à reprendre Deir Ez Zor à l’Etat Islamique, renforcer les positions du régime au Sud de Damas et se préparer à une opération « imminente à grande échelle » afin de déloger l’Etat Islamique du Centre de la Syrie. Selon Fars News « 3000 membres supplémentaires du Hezbollah » sont en mouvement vers le terminal d’Al-Tanf afin de renforcer les opérations du régime Assad dans le désert de l’Est. L’essentiel de ces forces, selon les organes d’information des Gardiens de la Révolution, étaient stationné à Zabadani, Madhaya et Sarqaya,” mais d’autres proviennent de “al-Tofail, Brital, Ham et Ma’araboun,”- qui sont, précisément les mêmes villes frontalières du Liban qu’on a dit récemment laissées vacantes par le Hezbollah.

Le reportage d’Al-Mustaqbal donnait un compte-rendu plus détaillé, même si légèrement différent, de ce redéploiment du Hezbollah. Les forces d’élite « Radwan » et d’autres forces spéciales, ont été pleinement retirées de Syrie et remplacées par la force irakienne « Badr », qui s’est retirée de l’arrière-pays Est et Nord d’Alep. L’unité « Aziz » du Hezbollah a été retirée des faubourgs de Plamyre et temporairement remplacée par l’unité « Al Qaem ».

Pendant ce même temps, les forces « Radwan » ont été mises en état d’alerte maximale et envoyées vers le Sud-Liban, en se déployant du fleuve Litani jusqu’aux fermes de Shebaa sur la frontière avec Israël -en violation totale de la Résolution 1701 du Conseil de Sécurité de l’ONU. L’unité  du Hezbollah “Al-Jalil” entraînée par le Corps des Gardiens de la Révolution – dont la mission et de mener des attaques à l’intérieur de la Galilée dans une future guerre contre Israël – est demeurée en place sur ses positions du Sud Liban. l’Unité « Nasr » du Hezbollah, qui est directement placée sous les ordres de Nasrallah, par l’intermédiaire d’un adjoint identifié comme Al-Hajj Dhul Fiqar- est demeurée en réserve.

David Daoud est un analyste arabophone de la Foundation for Defense of Democracies.

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|20 mai 2017 | ddaoud@defenddemocracy.org | @DavidADaoud

Adaptation : Marc Brzustowski

Analysis: Hezbollah redeploys forces after withdrawal from Syrian-Lebanese border positions

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andre

Rejouissons-nous cependant de ce que Madame Alliot-Marie ne soit plus au gouvernement: quand elle etait ministre des Armees, elle avait propose, pour ne pas rester sans reaction en face des violations de la resolution 1701 par le Hezbollah, de tirer sur les avions israeliens qui observaient ces violations.