Sécurité, terrorisme… Le confinement va-t-il faire monter la pression ?
Délinquance en hausse, tensions politiques exacerbées, flambée terroriste… Pas sûr que le second confinement, qui a débuté le 30 octobre, arrange les choses.

Il faut avoir la mémoire courte pour s’imaginer qu’un nouveau confinement pourrait protéger opportunément les Français d’un risque terroriste en recrudescence… Le 4 avril dernier – en plein confinement donc –, un réfugié soudanais armé d’un couteau faisait deux morts et cinq blessés dans les rues de Romans-sur-Isère, avant d’être arrêté et mis en examen pour « assassinats et tentatives d’assassinat en relation avec une entreprise terroriste ». Depuis, on l’a vu, tentatives d’égorgement et décapitations se multiplient sur le territoire, renforçant ce sentiment désarmant de l’émergence d’un « terrorisme du coin de la rue », pour reprendre l’expression de Cyrille Bret, qui vient de publier Dix Attentats qui ont changé le monde (Armand Colin).
Le confinement ne protège pas du terrorisme, et plus inquiétant, de nombreux spécialistes s’interrogent sur une possible aggravation des tensions et crispations identitaires que peut engendrer le retour de restrictions de libertés dans le cadre de la crise sanitaire. « Ces trois phénomènes s’entretiennent. Il y a eu, lors du premier confinement, un net phénomène de repli », analyse le spécialiste en sécurité Éric Delbecque, auteur de Les Silencieux. Ne nous trompons pas, les salafistes menacent la République : « Dans ce genre de moment, chacun se retranche sur sa sphère intime, son quartier, ou sa communauté. Ce repli peut être capté et instrumentalisé par des islamistes qui n’hésitent pas à expliquer que le Covid est renforcé par mécréance », précise-t-il. On se souvient d’avoir lu des messages d’Idriss Sihamedi, le fondateur de l’association Baraka City – dissoute après l’assassinat de Samuel Paty –, se réjouir : « Pour la première fois de ma vie, je peux dire à une femme qui veut me serrer la main “non” dans la joie et la bonne humeur. Ça fait bizarre de voir que des choses halal deviennent normales », publiait-il le 15 mars sur Twitter.
Le relais des religieux
La suite des événements dans certains quartiers est connue : partout où l’État s’est montré absent ou défaillant, ce sont des groupes religieux qui ont pris le relais. En distribuant de l’aide alimentaire ou financière sur fond de lecture du monde eschatologique, comme le révèle l’étude « La “muslimosphère” face au Covid-19 » publiée par le chercheur Tarek Khayyam sur le site Saphirnews, qui rappelle que le prédicateur Abdelmonaïm Boussena, « un des imams les plus suivis de France sur les réseaux sociaux », a ainsi diffusé sur YouTube au début de la crise sanitaire un tutoriel « médical et religieux » à destination du musulman : « Le musulman ne doit pas s’inquiéter, il sait que les choses sont décidées par le Créateur. […] Même s’il est infecté par le virus, c’est le divin qui guérit. […] Pour terminer, les mesures à prendre comme indiqué dans la précédente vidéo, les voici. D’abord, il est important de supprimer cette idée reçue de nos esprits : le masque ne vous protégera pas de la contamination, si contamination il doit y avoir. » Ces discours obscurantistes ont, hélas, bénéficié de vents porteurs depuis le 11 mai 2020. Le procès des attentats contre Charlie Hebdo et l’Hyper Cacher, le projet de loi contre le séparatisme et le contexte géopolitique chauffé à blanc par Erdogan ne sont pas vraiment venus arranger les choses.
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Réveil terroriste, explosion de la délinquance et hausse du niveau de tension politique… Les nuages se sont accumulés sur le pays depuis la sortie du premier confinement, et les services de police sont sur les dents. Les voici à nouveau mobilisés à tenter d’organiser le recul de l’épidémie tout en gardant un œil sur les sujets à risques. « Les services regardent les extrémistes de tous bords et essaient de se préparer à contrer des attaques, mais il faut une société organisée, car on ne règle pas ces questions de terrorisme par réponse uniquement sécuritaires », analyse un ancien haut gradé du renseignement, surpris par la docilité du corps social face aux restrictions des libertés, même temporaires. « La société est divisée et suiviste. Je suis étonné qu’elle ne fasse pas plus d’histoires face à la vitesse folle avec laquelle on supprime ses libertés. Un dictateur qui arriverait au pouvoir n’aurait rien à changer à la loi et au fonctionnement institutionnel pour asseoir son pouvoir. La sixième puissance mondiale ne peut pas être à plat avec 40 000 morts. » Pour l’ex des renseignements, ce mauvais alignement de planètes est hautement inquiétant : « Nous avons atteint un niveau de tension inouï. Il suffit d’un rien pour que tout s’embrase. Le pire n’est heureusement jamais sûr, mais il faut toujours s’y préparer. »
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« Rien ne se passe comme prévu »
« La seule chose qui se passe comme prévu, c’est que rien ne se passe comme prévu », renchérit un haut fonctionnaire en poste dans un département qui compte de nombreux quartiers sensibles. « Il faut aussi reconnaître que le non-retour au pays d’une bonne partie de la population de certains quartiers combiné à l’arrivée de mineurs isolés qui volent pour vivre n’a pas vraiment arrangé les choses. »
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Pour Driss Aït Youssef, consultant spécialiste sur des questions de sécurité, il ne fait aucun doute que le premier confinement a été difficile à mettre en œuvre dans certains quartiers, notamment en raison d’appartements souvent inadaptés à une vie intérieure 24 heures sur24. Il déplore aussi l’impossibilité de mesurer les effets engendrés par la circulaire favorisant la sortie anticipée de personnes incarcérées en fin de peine prise par la garde des Sceaux Nicole Belloubet. « On a du mal à évaluer les effets sur la délinquance. Mais beaucoup de détenus sont sortis sans logement et sans emploi… Ils sont arrivés en plein chaos parce qu’on craignait les mutineries dans les prisons. » Pour le spécialiste, ce nouveau confinement aux règles assouplies permettra peut-être de limiter les effets de pression sur les plus défavorisés et permettra de contenir ces nouveaux désordres.
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Les mises en examen ne servent strictement à rien. Une guerre islamiste se déclare en France. Il faut faire agir l’armée pour remettre l’ordre de la République française qui s’impose.
Sinon comme dit l’autre, c’est tenter de vider la mer avec une petite cuillère.