
Laurent Wauquiez, lors de l’ascension du Mont Mézenc, le 26 août 2018Crédit : KONRAD K./SIPA
POLITIQUE – Laurent Wauquiez a tenté une démonstration de force à droite à l’occasion de sa rentrée politique ce dimanche 26 août au Mont-Mézenc, avec comme point d’appui une critique virulente de l’immigration et des annonces budgétaires d’Edouard Philippe.
Près de 1500 personnes étaient rassemblées pour la traditionnelle ascension du Mézenc, aux confins de la Haute-Loire et de l’Ardèche, que Laurent Wauquiez gravit chaque année depuis 2012.
Bien plus que les quelque 300 personnes présentes à Brive-la-Gaillarde vendredi 24 août pour la rentrée de Valérie Pécresse, à propos de laquelle son entourage n’a pas manqué d’ironiser sur le « micro parti » de la « duchesse de Corrèze ».
Une cinquantaine de parlementaires, selon les organisateurs, ont fait le déplacement, ainsi que la direction du parti, à l’exception de Guillaume Peltier et Julien Aubert.
« Je n’ai pas changé d’avis, très tôt j’ai mis en garde contre les illusions du macronisme », a pour sa part déclaré Laurent Wauquiez, attaquant d’emblée la première année du quinquennat Macron.
Dans un discours d’environ une demi-heure, il a développé deux axes principaux: fermeté face aux migrants et critiques de la politique économique « injuste » du gouvernement.
« Comment ne pas comprendre que nous sommes au bout de nos capacités d’intégration et que cette immigration de masse est aujourd’hui une menace culturelle pour la civilisation européenne ? », a-t-il lancé, jugeant, fortement applaudi, que « les Français refusent de devenir étrangers dans leur propre pays » et qu’il faut « faire en sorte qu’il reste quelque chose de la civilisation ».
« Nous ne devons plus laisser ces bateaux rentrer dans les ports européens », a prôné le patron des Républicains, dont le parti entend mettre la question migratoire au centre de la campagne des européennes de 2019.
« Populistes » contre « leçons de morale »
Le major de l’ENA a dénoncé une « volonté populaire confisquée par un petit milieu qui lui admoneste des leçons de morale. Ils ont même inventé ce mot de populisme pour justifier la censure et faire taire tous eux qui ne pensent pas comme eux. Quel mot extraordinaire pour qui écouter les Français, c’est être populiste! »
Il a, comme de coutume, sévèrement éreinté le chef de l’Etat, jugeant que la rentrée sonnait « la fin du mirage du macronisme ». « Il n’y a pas de résultats, cette première année est un échec », a-t-il jugé.
« Il faut rendre l’argent aux Français », a d’ailleurs de nouveau lancé le président d’Auvergne/Rhône-Alpes, qui demande au chef de l’Etat de « renoncer aux augmentations d’impôts prévues, notamment celle sur le carburant ».
« Au lieu d’assumer enfin des économies courageuses sur le train de vie de l’Etat, on vient de nous annoncer que c’est à nouveau dans la poche des classes moyennes que l’on va chercher des efforts. Les retraites et la politique familiale ne seront plus revalorisées en fonction de l’inflation. C’est injuste », a ajouté le président de LR, après les annonces d’Edouard Philippe dans Le Journal du dimanche.
Le gouvernement « aura-t-il le courage de supprimer tous les régimes spéciaux et d’aligner les retraites du public et du privé ? De remplacer le RSA et tous les revenus d’assistanat par une allocation unique qui incite enfin à reprendre un emploi (…) ? Est-il prêt à augmenter le temps de travail dans la fonction publique (…) ? Arrêtera-t-il enfin l’aide médicale d’Etat qui permet l’accès gratuit à notre assurance maladie à des étrangers qui n’ont même jamais cotisé en France ? », a-t-il énuméré.
Jugé discret, y compris par ses soutiens, depuis son élection à la tête du parti en décembre, Laurent Wauquiez devrait multiplier passages médias et déplacements dans les fédérations LR, qui renouvelleront leurs instances mi-octobre. Sur son bureau également: la désignation de la liste pour les européennes. Circule notamment le nom du centriste Jean Leonetti, devenu n°2 du parti après le limogeage de Virginie Calmels.
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