La Turquie refuse l’escalade avec Israël

La Turquie refuse l’escalade avec Israël

Inquiétude croissante en Turquie face aux opérations israéliennes en Syrie
Lors d’un entretien en direct accordé à la chaîne Al-Hadath, le commentateur politique turc Taha Odeh Odeh Oglu a dressé un tableau inquiétant de l’opinion publique turque concernant les récentes opérations militaires israéliennes en Syrie. Selon lui, ces interventions ont semé l’anxiété et la colère parmi les habitants d’Istanbul, déjà ébranlés par la situation politique interne.

Une opinion publique sous tension
« La rue turque est en colère et inquiète », a déclaré Oglu au cours de cette interview très suivie, qui a surpris de nombreux téléspectateurs arabes. Il affirme que l’impact des raids israéliens en Syrie ne se limite pas au plan militaire, mais s’étend à la sphère sociale et politique en Turquie. Cette inquiétude se conjugue avec une tension politique intérieure palpable, notamment après l’arrestation d’un leader de l’opposition, qui a ravivé les divisions politiques dans la capitale turque.

Le seul commentaire officiel des autorités turques est venu du ministre des Affaires étrangères, Hakan Fidan, lors d’une réunion de l’OTAN à Bruxelles. Bien que ses propos soient restés prudents, Oglu estime qu’ils reflètent fidèlement l’état d’esprit ambiant dans le pays.

Des messages ambigus adressés à Ankara
D’après Oglu, les signaux en provenance de la scène régionale suscitent l’inquiétude du gouvernement turc. Il explique que la Turquie, après plus d’une décennie de conflit syrien, avait trouvé une relative stabilité sur son flanc sud. Mais les récents développements – entre les attaques israéliennes et les initiatives militaires turques en Syrie – viennent fragiliser ce fragile équilibre.

Selon lui, « la rue turque est redevenue nerveuse et méfiante », poussée par des déclarations contradictoires et un climat régional incertain. Le commentateur insiste sur le fait que « les frappes israéliennes, les opérations turques et les signaux diplomatiques ont ravivé les tensions dans l’opinion publique ».

Pas de volonté d’escalade, selon les deux camps
Malgré cette atmosphère tendue, les responsables des deux pays se veulent rassurants. Un haut responsable israélien a récemment déclaré qu’Israël ne cherchait pas de confrontation avec la Turquie en Syrie. De son côté, le chef de la diplomatie turque a tenu un discours similaire, affirmant qu’Ankara ne souhaitait pas non plus d’affrontement.

Ces déclarations convergentes indiquent une volonté commune de limiter les risques d’escalade. Toutefois, elles n’ont pas suffi à dissiper les doutes dans les rues d’Istanbul, où la situation est perçue comme une source de danger potentiel pour la stabilité régionale.

Le conflit « autour » de la Syrie
Oglu a également souligné un aspect souvent négligé du dossier syrien : « le conflit ne se déroule pas seulement en Syrie, mais il concerne la Syrie ». En d’autres termes, les enjeux dépassent les simples frontières du pays. Israël, selon le commentateur, chercherait à renforcer son influence sur le sol syrien sans coordination avec le nouveau gouvernement de Damas. Cette stratégie est perçue par Ankara comme une source de perturbation dans une région déjà instable.

D’après Oglu, les dernières déclarations israéliennes pourraient s’inscrire dans le cadre de tentatives américaines de calmer le jeu. Des discussions en coulisses viseraient à instaurer une médiation entre la Turquie et Israël pour éviter toute confrontation directe en Syrie.

Une médiation américaine en coulisses ?
Les médias turcs évoquent de plus en plus ouvertement la possibilité d’un rôle actif des États-Unis pour désamorcer les tensions. L’objectif serait de contenir les ambitions israéliennes et d’assurer que les intérêts sécuritaires turcs ne soient pas menacés dans le nord de la Syrie.

Pour l’heure, la Turquie maintient une posture prudente. Oglu insiste sur le fait qu’Ankara n’a aucun intérêt à entrer dans une nouvelle phase de confrontation. Toutefois, les dynamiques régionales et la perception dans l’opinion publique restent difficiles à contrôler.

Jforum.fr