Tags, injures, plaisanteries de mauvais goût. Les actes antisémites se multiplient dans les universités françaises.
La ministre de l’enseignement supérieur Frédérique Vidal a affirmé son désir de les combattre à l’occasion de la convention nationale des étudiants juifs de France à Grenoble.
« L’antisémitisme à l’université c’est l’antithèse absolue, _le contresens total_« , regrette la ministre de l’Enseignement supérieur, de la recherche et de l’innovation.
À l’occasion de la convention nationale de l’Union des étudiants juifs de France ce vendredi à Grenoble, Frédérique Vidal a réaffirmé sa volonté de combattre les discours de haine qui sont de retour dans les universités françaises.

Une banalisation de l’antisémitisme
Les 200 étudiants présents en témoignent, les propos antisémites se sont banalisés en entrant « par la petite porte ». On entend beaucoup parler de tags et d’agressions antisémites.
Beaucoup moins des plaisanteries sur les juifs et la Shoah qui font pourtant partie du quotidien des étudiants. « On m’a souvent appelée « la juive », c’est des propos que j’ai banalisé parce que je ne voulais pas leur donner trop d’importance », raconte Elsa.
Pour Steve, c’est sur le ton de l’humour que l’antisémitisme s’installe dans les salles de cours : « On a tous entendu une blague sur les juifs qui nous a fait grincer des dents. »
Fin octobre, une étudiante en deuxième année de médecine à Paris 13 portait plainte contre ses camarades pour « injures antisémites ». « On est passé _des blagues sur la Shoah à des saluts hitlériens_, puis on invente un jeu qui s’appelle le ‘freespa’, le lancer de kippa qu’on jette par terre », raconte-t-elle.
Certains auraient même proposé dans des conversations sur Facebook d’organiser un week-end d’intégration sur les thèmes « Auschwitz 2019 » ou « les nazis contre les juifs ».

Encourager la prise de parole
Pour lutter contre ces discours de haine, la ministre Frédérique Vidal affirme qu’« il ne faut rien laisser passer ».
Elle encourage les jeunes à dénoncer ces propos même si ce n’est pas toujours facile : « Souvent l’envie d’appartenir au groupe est plus forte que l’envie de témoigner et _les victimes ne savent pas vers qui se tourner_. »
Elle rappelle donc l’existence de 120 « référents racisme et antisémitisme » dans les universités françaises depuis mars. « Les étudiants doivent les solliciter pour faire remonter les propos et les actes afin que l’on puisse prendre des sanctions légales », explique la ministre.
Le président de l’UEJF Sacha Ghozlan salue « un premier pas » mais pour lui ce n’est pas suffisant : « Bien souvent ces référents ne se manifestent pas lorsqu’il y a des actes antisémites. Il faut qu’ils soient formés pour se rendre plus visibles et accessibles aux étudiants qui pourraient vouloir les solliciter ».
La ministre de l’enseignement supérieur a également annoncé la mise en place prochaine d’une plateforme de recherche sur le racisme et l’antisémitisme.
![]() |
![]() |