La faculté de Médecine de Montpellier et les Juifs
On trouve en France des médecins juifs dès le VI e siècle, dans les cités du Midi de la France, en particulier, à Lunel, à Narbonne et à Béziers. Dès le Xe siècle, les Juifs s’organisent et fondent des écoles où l’on enseigne la médecine, bien avant la fondation de l’école de Montpellier.
Montpellier qui est fondé en 738 devient le refuge de nombreux Juifs persécutés qui sont fort bien accueillis par les seigneurs et par toute la population. Ils y fondent une école au XIIe siècle sur le modèle de celle de Lunel. Jean Astruc (1684-1766), médecin consultant du roi écrit dans « Mémoires pour servir à l’histoire de la faculté de Médecine de Montpellier » : « Si l’ on fait donc attention aux grands progrès que l’étude de la médecine a fait dans cette ville, on peut penser raisonnablement que des médecins de nation différente (Juifs et Arabes) formèrent peu à peu un corps ou une espèce d’Ecole… il est même apparent que l’établissement de cette Ecole suivit de très près l’établissement de la ville ».
Des maîtres chrétiens, arabes et juifs développent cette école de médecine qui est autonome, hiérarchisée, disciplinée et célèbre dans toute l’Europe. Mais en 1220, le Cardinal Conrad réglemente par des statuts l’Université médicale de Montpellier : ces statuts visent à éloigner les Juifs de la pratique de la médecine et de son enseignement « Nul professeur ou étudiant ne sera admis à aucune réunion, à aucune solennité doctorale, ni à aucun cours, sans porter la tonsure s’il jouit de quelque bénéfice ecclésiastique ».
En 1279, cette exclusion est précisée par l’évêque de Maguelonne : « que nul ne pratique la médecine à Montpellier sans licence et que nul ne se mette en cure de Juifs, ni un de leur conseil ».
Cette interdiction est renouvelée par le concile de Béziers en 1246 et confirmée par celui d’Albi en 1254.
D’après l’article « L’influence des Juifs à l’origine de la Faculté de Médecine de Montpellier » du Docteur Richard Kohn, paru dans la revue d’histoire de la médecine hébraïque (n°4 Septembre-Décembre 1949).
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