La Chine nous a envoyé un signal diplomatique alarmant

La Chine nous a envoyé un signal diplomatique alarmant

Nous nous sommes déjà habitués à ce que Pékin nous condamne en période d’escalade et agisse contre nous à l’ONU. Et pourtant, l’hospitalité d’Abu Mazen la semaine dernière était bien plus qu’un voyant d’avertissement symbolique.

La semaine dernière, le président de l’Autorité palestinienne, Abou Mazen , s’est rendu à Pékin, et les Chinois n’ont ménagé aucun effort pour lui souligner l’importance qu’ils attachent à la « Palestine », comme ils disent. , dit-il, indique le « haut niveau de bonnes et amicales relations entre la Chine et les Palestiniens » ; et pour le dessert, le président Xi Jinping a annoncé un « partenariat stratégique » entre la Chine et les Palestiniens – un statut similaire à celui accordé aux grandes et importantes pays de la région comme l’Égypte, l’Arabie saoudite et l’Iran.

À l’heure actuelle, force est de constater que, d’un point de vue politico-diplomatique, les relations israélo-chinoises sont en déclin, même si des délégations commerciales chinoises sont récemment revenues visiter Israël. Nous nous sommes déjà habitués au fait qu’en période d’escalade, la Knesset chinoise assiste aux réunions du Conseil de sécurité de l’ONU et est un partenaire dans la condamnation d’Israël. Nous avons également cessé de nous exciter lorsque les responsables chinois appellent « particulièrement Israël » à maintenir la retenue et agir pour réduire les tensions. Nous avons renoncé à attendre la condamnation chinoise pour avoir tiré des roquettes sur les citoyens d’Israël et Nous avons été trop surpris lorsque la Chine n’a même pas condamné les tirs de roquettes qui ont touché et blessé ses propres citoyens travaillant en Israël.

Or, la Chine a envoyé un signal diplomatique lorsqu’elle est allée au-delà des règles du strict protocole qu’elle a elle-même défini, et a invité le président de l’Autorité, alors qu’une visite parallèle du Premier ministre israélien n’est pas en vue (d’ailleurs, même si Benjamin Netanyahu est invité à Pékin, il est peu probable que cela se produise dans le contexte de la rivalité croissante entre la Chine et les États-Unis et du fait qu’il n’a pas encore été invité à la Maison Blanche depuis l’établissement de son gouvernement).
Indépendamment de ce marasme diplomatique, il n’y a pas lieu de s’enthousiasmer pour les annonces grandiloquentes des investissements économiques de la Chine dans l’AP. A en juger par le passé, il est fort douteux que les Palestiniens retirent quoi que ce soit de tangible de cette visite. Bien que le conseiller économique d’Abbas, Muhammad Mustafa, se soit empressé d’annoncer que la Chine s’est engagée à investir dans pas moins de quatre projets dans les territoires de l’AP – une installation d’énergie solaire, une usine de production de panneaux solaires, une aciérie et le développement de routes et infrastructures routières – cependant, même si l’approbation israélienne est donnée pour ces projets, il n’est pas du tout certain que les entreprises chinoises dérogeront à la norme et accepteront d’assumer le risque économique. Ceux-ci, jusqu’à présent, n’ont pas hésité à investir dans des zones instables et, par conséquent, les investissements chinois dans l’Autorité palestinienne sont négligeables.
L’aide humanitaire que la Chine a apportée aux Palestiniens est également très limitée par rapport aux pays européens et aux États-Unis, et même les échanges entre les parties s’essoufflent. tenir compte du fait que la majeure partie de ce montant est constituée d’exportations chinoises vers l’AP, tandis que les importations en provenance des Palestiniens sont estimées à des centaines de milliers de dollars seulement.
En revanche, sur le plan politique, l’implication chinoise pourrait entraîner Israël dans un piège. Apparemment, Abu Mazen ne place pas non plus trop d’espoir dans les promesses chinoises d’investissements et il a choisi de se concentrer sur les avantages politiques possibles. Lors de sa conversation avec le président Xi, il a demandé à discuter des efforts visant à introduire la « Palestine » en tant que membre à part entière de l’ONU et des efforts visant à impliquer la Cour internationale de justice concernant l’occupation israélienne de la Cisjordanie. entendre parler de la volonté de la Chine d’aider les Palestiniens « à parvenir à une réconciliation interne et à promouvoir des pourparlers de paix » entre eux et Israël .

Le président Xi, qui porte désormais les lauriers du parrainage de l’ accord irano-saoudien et tente de se présenter comme une puissance responsable et éprise de paix, a présenté à Abou Mazen un plan en trois points pour résoudre le conflit. Comme ses prédécesseurs – les plans en quatre points de 2013 et 2017, et le plan en cinq points de 2014 – l’actuel est également très général et ne précise pas les étapes pratiques. Il est difficile de savoir si Abu Mazen croit vraiment que la Chine veut servir de médiateur entre les parties, ou s’il est prêt à accepter ce discours pour continuer à bénéficier du soutien de la Chine aux Nations unies, et en même temps signaler aux États-Unis que, comme l’Arabie saoudite et les Émirats arabes unis, les Palestiniens sont également prêts à considérer la Chine comme une certaine alternative à Washington
Cependant, même si la visite d’Abou Mazen ne lui apportera aucun bénéfice, dans la situation actuelle, et surtout à la lumière de la position claire que la Chine adopte aux côtés des Palestiniens, Israël ne peut pas se permettre d’être considéré comme tournant le dos à son Ami proche des États-Unis, ce camp pourrait nuire aux relations d’Israël avec la deuxième plus grande économie du monde, et nous en sentirons tous le prix dans nos poches.

JForum avec

Galia Lévi    www.ynet.co.il

Galia Lavi est historienne de la Chine, chercheuse et directrice adjointe du Diane and Gilford Glaser Israel-China Policy Center à l’Institute for National Security Studies (INSS)

Xi Jinping avec Abu Mazen, la semaine dernière en Chine (Photo : AP )