LA BENEDICTION PONTIFICALE ou BIRKAT HAKOHANIM
Après avoir reçu la Torah le jour de la fête de Shavouoth, la sidra suivante est celle de NASSO. Cette lecture inclut des sujets importants comme celui des sacrifices que les « Princes » (les Nessiim) des 12 tribus doivent présenter mais, sont également abordés des sujets tels que la bénédiction des Cohanim et le sujet épineux de la femme infidèle. Nous allons essayer de nous pencher sur ces deux points, l’un qui est empreint de mystère.
C’est dans le chapitre 6 du livre des Nombres (Bamidbar), versets 22 à 27 que se trouve la mitsva pour Aharon et ses fils de bénir les Enfants d’Israël.
Cette bénédiction se lit à deux reprises lors de l’office du matin de chaque jour : la première fois après avoir récité toutes les bénédictions du matin et également presqu’à la fin de la longue prière dite « amida ou shemona essré ». Si dans l’assemblée se trouve au moins un cohen (prêtre) il se tiendra, recouvert de son talith, devant l’arche sainte et transmettra la bénédiction pontificale composée de 15 mots.
De nombreux enseignements secrets se cachent dans ces trois versets et je vous propose donc d’essayer d’en extraire quelques-uns.
Les birkoth cohanim les plus « réputées » sont celles de la Néïla de Yom Kippour et celles que les Cohanim transmettent au peuple devant l’esplanade du Kotel à Hol HaMoëd de Pessah et/ou de Souccoth.
Peu de personnes (et combien est-ce regrettable) savent qu’en réalité cette berakha est inscrite vers la fin du texte des 3 amidoth que l’on lit 3 fois par jour, tout au long de l’année et 4 fois les shabbatoth et pour les jours de fête ou de néoménie puisque le moussaf est aussi lu ces jours là.
Le shabbat matin, le kahal (ou assistance des fidèles), vers la fin de la amida, après la lecture hebdomadaire de la parasha et de la haftara, vers la fin de la prière de moussaf, les cohanim, se mettent en place, devant l’Arche Sainte et, après s’être déchaussés et avoir procédé au lavage de leurs mains, ils recouvrent leur tête de leur talith pour éviter de se laisser distraire et bien se concentrer sur chaque mot que le hazan ou ministre officiant dictera aux cohanim disposés à lever leurs mains dont les doigts seront rassemblés selon un ordre particulier, tel que nous le verrons dans quelques lignes. Car, cet instant est solennel et chaque mot est un messager de très hautes pensées et chacun des cohanim se doit de se « balancer » dans toutes les directions.
L’importance des mains est inimaginable car chaque doigt est « porteur » d’un « poids » spirituel particulier, chaque phalange est en rapport avec des lettres du Nom Ineffable, et donc du Tétragramme.
Les cinq doigts ont chacun un nom pour désigner le rôle de chacun de même que les noms de ces doigts est révélateur en français, en hébreu, leur valeur est différente.
Les noms des doigts en français sont le pouce (du latin polz qui signifie palper) puis l’index (toujours du latin montrer) puis le majeur parce qu’il est le plus long, ensuite nous avons l’annulaire (qui porte l’anneau) et l’auriculaire (car on le met dans l’oreille /qui a la forme de l’oreille).
En hébreu, les noms sont différents et en dehors du pouce qui est désigné dans la guemara sous l’appellation de « goudal »1 de la racine guimel daleth-lamed = grand car il est en effet le plus gros et le plus large des autres doigts, et qui a donné naissance à une mesure les autres doigts sont « isolés » car, si l’on y consacre un tant soit peu d’attention, avec le pouce, nous pouvons atteindre et toucher tous les autres doigts mais les quatre doigts ne peuvent toucher que leurs voisins immédiats et ils ne peuvent se séparer que deux par deux et non pas s’isoler.
C’est au début du traité de Ketouboth 5b que sont énoncés ces noms, en partant du plus petit (zereth) jusqu’au plus gros (goudal dans la langue talmudique) car, l’objectif de la guemara est non pas de nous apprendre de nouveaux mots mais de nous faire comprendre quel est l’usage particulier de chacun d’eux. Ce qui est passionnant dans la guemara, c’est ceci: les Sages se sont assis avec leurs collègues autour d’un sujet, de génération en génération et les pensées, les réflexions de chacun sont consignées tout comme s’il s’agissait d’un tour de table établi au-delà des années, des siècles : le vecteur temps n’a pas cours, les rabbins sont là, ils tiennent compte des avis de chacun, puis, plus tard, viendront les poskim (décisionnaires) qui répertorieront les lois et en feront un code tout d’abord le Arbaa Tourim puis le Shoulan Aroukh.
Pour en revenir au nom du 5ème doigt : zéreth il représente une unité de longueur ainsi qu’il est dit dans le livre de Shémoth (28,16) lors de la description du pectoral du Cohen Gadol (Hoshen Mishpath) où chaque case dans lesquelles seront enchâssées les pierres précieuses représentant les douze tribus devra mesurer un « zéreth » soit la longueur comprise entre l’extrémité du pouce et l’extrémité de l’auriculaire lorsque la main est tendue. Cependant, on trouve parfois la mention de « petit doigt » dans la littérature rabbinique au lieu de zéreth.
L’annulaire ou « kemitsa » dont le rôle est très important chez le Cohen qui va être en charge des sacrifices et procèdera à la « kemitsa » sur le sacrifice de l’après-midi lorsque les trois doigts du milieu de la main agiront ensemble.
Le majeur ou ama a donné son nom à la mesure éponyme ou « coudée » car l’unité de mesure « coudée » part du coude à l’extrémité du doigt dit majeur. C’es également ce doigt qui sera orné de la lanière des tefiline du bras en relation avec le cœur (non pas l’organe mais le siège de nos émotions, de notre dévotion, de notre amour pour HaShem).
L’index ou etsbâ est nommé dans le Lévitique 9,9 pour détailler l’opération de grande précision effectuée par le cohen gadol lors de l’aspersion du sang des sacrifices.
LA NESSIATH KAPAYIM (élévation des mains lors de la bénédiction pontificale)
L’expression « nessiath kapayim » provient d’une part du verbe lasseth (lamed-sine-alef-tav) qui signifie « élever » et le mot kaf au pluriel qui désigne la paume de la main, car, au moment où les Cohanim (pontifes) doivent procéder à la bénédiction du peuple, ils doivent disposer leurs doigts et unir leurs mains de façon particulière emplie de petits secrets :
Les Prêtres, lorsqu’ils doivent bénir le peuple à certains moments de la journée et tout au long de l’année, ont un texte bien particulier à dire.
Pourquoi cette bénédiction a-t-elle un lien avec les mains et quel est ce lien avec le Nom divin.
Les quatre autres doigts de la main, en dehors du pouce sont articulés par des phalanges au nombre de trois par doigt et deux seulement pour le pouce ce qui donne phalanges qui peuvent agir séparément et, carpiens qui constituent la paume, mais qui ne composent qu’une seule unité. Nous pouvons donc décompter 15 unités osseuses dans la main tout comme les mots de la bénédiction pontificale sont au nombre de 15.
Le mot « main » lui-même en hébreu équivaut à 14 comme les 14 phalanges auxquelles on ajoute la paume indivisible = 1, donc 15 encore une fois.
Lorsque l’on lit le shéma Israël on dispose la main sur les yeux de cette façon : les trois doigts du milieu symbolisent la lettre « shine », le pouce est le daleth et le petit doigt est un youd soit shine-daleth youd comme le nom divin qui est inscrit sur nos mezouzoth…
Le Tétragramme est composé de 4 lettres qui sont : youd- hé – vav – hé
La valeur numérique de ces lettres est 26. Cependant, en décomposant le nom de ces lettres on obtient un tout autre total youd =
youd vav et daleth = 20,
hé alef = 6,
vav, alef, vav = 13,
hé, alef = 6.
En faisant la somme des deux premières lettres on obtient 26 ou total des lettres du tétragramme et en elles-mêmes ces deux premières lettres forment un nom divin dont le total est 15. Soit le total du nombre de mots de la bénédiction et donc de la main mais, nous allons encore vérifier un autre point : la main est reliée aux os de l’avant-bras par les os du poignet.
Voici ces mots :
« VeSSamou eth Shemi âl bené Israël VaAni avarekhem » ושמו את-שמי על-בני ישראל ואני אברכם.
Ils mettront mon Nom sur les Enfants d’Israël et Je les bénirai. Ces mots sont au nombre de 8 tout comme les os du poignet !!!!
Ce qui signifie en clair que la main est le véhicule de la bénédiction divine et c’est pourquoi on impose les mains sur la tête de nos enfants au moment où l’on prononce avec gravité ces paroles dont le sens lui-même est d’une portée infinie.
Les Cohanim sont des descendants d’Aharon HaCohen célèbre pour son Amour immense et son esprit de justice et de Shalom. Certains précisent que le nom du Cohen Gadol est l’abréviation de AHAva Raba (AHARon).
Les Cohanim qui bénissent le peuple séparent leurs doigts : le pouce écarté et l’index et le majeur ensemble et l’annulaire et l’auriculaire ensemble, et au moment où ils prononcent les 15 mots ils mettent leurs mains élevées les paumes en avant signifiant ainsi qu’ils font rejaillir la force et la bénédiction divine sur le kahal.
En revanche, aucun des éminents cabalistes tels que le Ari zal, le Ben Ish Hay, le Kaf HaHayim, le Tsits Eliezer, aucun ne fait allusion à a position des doigts.
Encore une autre chose pour aujourd’hui, pour un adulte désirant bénir quelqu’un il est important de savoir qu’il n’est pas obligatoire d’attendre un office ou d’être dans une synagogue, ni attendre une occasion spéciale, on peut bénir à tout instant et ce qui est important de savoir c’est que pour que vos bénédictions se réalisent : il faut y mettre tout son amour et appeler de tout son cœur la bénédiction du Ciel sur tous.
Les mots de la birkat Cohanim sont les suivants : yévarékhekha HaShem Veyshmerékha ; Ya’er panav élékha vihounéka ; yssa HaShem panav elekha veyassem lekha shalom puis ils terminent par vessamou eth shemi al bené Israël vaAni avarekhem. La signification en est : Qu’HaShem te bénisse et te protège, Qu’HaShem t’éclaire de Son « visage » et qu’IL t’accorde Sa miséricorde (vihounéka vient plutôt du mot « hen » qui équivaut à grâce, qu’HaShem tourne Sa face vers toi et qu’IL pose sur toi le Shalom (qui est aussi l’un des noms de D). |
Caroline Elishéva REBOUH
1 En hébreu courant il se nomme Agoudal avec un alef אגודל. L’index en hébreu est « etsbâ »()אצבע(, le majeur est « ama » (אמא(, l’annulaire est « kemitsa » (קמיצה(, et l’auriculaire est « zereth » (זרת(.la seule particularité signalée est que c’est sur « ama » que la lanière des tefiline est entourée.
2 Le pouce, qui est, lui-même, devenu une unité de mesure, représente la force (étant le plus gros, le plus fort) et l’espace qui le différencie des autres doigts tendrait à prouver, s’il en était besoin, que son rôle est important en toute chose.
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